Un ciel de béton || Spider-man

𝚂𝚒𝚡

Bonne lecture !

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Vingt minutes après être entrée dans la salle de bain, May en ressort avec des cheveux propres et des vêtements qui sentent bon la lessive. Peter la regarde passer devant le canapé trois fois, avec différentes choses à mettre dans son sac à main : elle cherche un chouchou précis qui se situe dans la cuisine, retrouve ses chaussettes dans sa chambre, et oblige Peter à se lever afin d'attraper les quelques pièces tombées sous les coussins (pour un bon café, une fois à l'hôpital).

Cody, assis à côté de lui, ne dit rien et la suit du regard.

— Bon, vous êtes sages, hein ?

— Tante May, soupire Peter en faisant la moue.

Malgré le regard, qu'elle lui lance, tout en enfilant son manteau, il se sent obligé de dire :

— Je le suis toujours.

— Ne m'oblige pas à te donner des exemples.

— On se sera sage, promet Cody. Les voisins ne sauront même pas qu'on est là.

May lui offre un sourire attendri. Elle passe derrière le canapé, les décoiffe affectueusement, puis embrasse Peter sur le front (et histoire de dire, il soupire à nouveau mais ne se dérobe pas pour autant).

— Il y a de quoi faire des pâtes au fromage dans le frigo.

— Oh. En fait, on a déjà commandé des pizzas.

Peter sourit quand elle lui fait les gros yeux.

— Tu n'en as pas déjà mangé hier ?

— Je...

— N'essaye pas de me faire croire que vous mangez équilibré au labo.

On est samedi : il a passé toute la soirée d'hier à construire des moteurs dans le laboratoire de Tony Stark. Ils ont mangé des pizzas, et Peter a ensuite travaillé sur les deux bracelets qui devraient lui permettre de faire apparaître son costume n'importe quand. Cela fait des semaines qu'il est dessus, et cette fois il croit avoir enfin trouvé la bonne chaîne de calculs. FRIDAY a même insisté pour qu'il prenne des bonbons avant de partir pour fêter ça (l'intelligence artificielle semble être chaque jour un peu plus jalouse de Karen, et elle fait tout pour gagner la sympathie de Peter).

— Demain légumes ? propose-t-il.

— Une assiette entière, même, conforme May.

Cody pouffe.

— Bon, je vais être en retard. Bonne soirée les garçons.

Elle attrape son sac à main, enfile ses chaussures, sourit en entendant les deux adolescents dire en même temps « bon courage tante May » puis claque la porte derrière elle. Le petit appartement étroit retrouve son silence pendant un instant.

Peter se retourne vers la TV, et cherche la télécommande des yeux. Ils ont mis le film en pause un instant, le temps que May parte à l'hôpital pour prendre sa garde, mais à présent leur(s) pizza(s) (Peter a faim) ne devraient pas arriver avant vingt minutes.

Il la repère rapidement, dans la main de Cody. Son sourcil se hausse tandis qu'il remarque que le visage du garçon est tourné vers lui, et qu'il semble hésiter à dire quelque chose.

— Un problème ?

Il ne pense pas avoir fait quelque chose d'inhabituel durant les cinq dernières minutes.

— Oh, euh. Non, c'est juste... Tu sais, je me demandais : comme t'es en stage à Stark Industries (ce qui est toujours étonnant, franchement mec, je sais pas comment t'as réussi à obtenir ce truc) je me demandais si tu....

Il fait la moue.

— T'as dû croiser quelques super-héros, non ?

La bouche de Peter s'entrouvre légèrement. Étrangement, Cody n'aborde pas souvent le sujet : MJ et Ned sont au courant pour sa double identité, et pour expliquer ses disparitions chaque vendredi soir ils se sont accordés à son histoire de stage. Flash l'a plusieurs fois traité de menteur devant Cody.

Et ce dernier ne lui a jamais posé plus de questions de ça. (Peter avait même fini par croire qu'il ne le croyait tout simplement pas, et qu'il ne voulait pas le vexer en le disant tout haut).

— Je... euh ?

— J'ai pas entendu ce que t'as répondu à Flash la dernière fois. C'est genre le fan numéro 1 de Spider-man et... enfin, voilà. Tu l'as déjà vu ?

— Spider-man ?

Peter espère qu'il ne vient pas de couiner comme il croit qu'il vient de le faire.

— Oui.

— Toi aussi t'es fan de lui ? demande Peter avec étonnement.

C'est étrange, car ce n'est pas l'impression qu'il a eue : peut-être qu'il a revu Cody avec son costume cinq ou six fois depuis leur deuxième rencontre il y a un mois de cela, mais à chaque fois l'adolescent le traite comme.... comme il traiterait le restaurateur sympa du coin de la rue. Spider-man l'accompagne pendant un moment sur sa route (car Cody sort toujours le soir, malgré ses mises en garde) et la dernière fois il l'a même fait monter sur le bord d'un toit.

Cody a dit que voler dans les airs accroché à un gars en collants était la pire expérience de toute sa vie.

— Oh, pas vraiment. Il est cool, non ? Fin, je suis du quartier maintenant alors c'est pas censé être une activité généralisé de s'intéresser à ce mec ?

Il se racle la gorge, et tripote distraitement la télécommande.

— Enfin, voilà, du coup je me demandais juste. Comme tu travailles là-bas. Et qu'il y a plein... de super-héros qui traînent.

Pour le coup, il n'a pas tort.

— Oh, oui. Il y a.... pleins de super-héros qui traînent, oui. Effectivement. Je leur ai jamais parlé mais.... j'ai.... ouais, hein, oui, j'ai croisé Spider-man. Deux ou trois fois. Par hasard.

Cody sourit. Peter sent ses mains devenir moites.

— Cool. Super cool. Ned a dit en sport que vous étiez amis, et....

— Il exagère. Tout le temps. Il a.... ramassé des documents la fois où je suis tombé dans les escaliers. Il m'a juste évité de me casser la jambe.

Il tente un sourire un peu crispé. Spider-man peut rigoler avec Cody sans problème, et la plupart du temps Peter peut le faire aussi : sauf quand le sujet de conversation est celui-là. Car mentir à un ami, ça lui donne la même sensation que de donner des coups de pied à un petit chiot.

(Il a menti à Ned pendant des mois car il pensait ne pas avoir le choix. Il a menti à MJ car il ne voulait pas la mettre en danger. Il ment à Cody car finalement, un mois (et les cours, et les sorties, et les soirées, et la nuit en tant que Spider-man) ce n'est pas tout à fait suffisant.)

Et Peter se sent toujours bizarre avec lui. Peut-être que c'est son sixième sens qui essaye de lui dire quelque chose.

— Heureusement qu'il était là, alors.

Cody lui offre un nouveau sourire. Puis, juste comme ça, il remet le film en route. Pendant encore dix minutes, Peter sent les poils de sa nuque se dresser.

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