𝚀𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎

889 123 11
                                    

Bonne lecture !

________________________

Il attend à la sortie des cours, près de l'entrée.

MJ est passée, lui a dit « à demain loser » comme à chaque fois, et il a également regardé Ned s'éloigner sans lui avec un sourire un peu ailleurs (sa grand-mère vient manger chez eux le soir même, et Ned est toujours bizarre quand sa grand-mère est dans les parages car c'est l'effet que cette vieille dame fait à tout le monde). Les élèves l'ont tous dépassé, le lycée s'est vidé, et Peter a attendu seul, à moitié assis sur un muret les mains dans les poches.

Il a attendu jusqu'à ce que la silhouette de Cody dépasse enfin les portes. Le nouveau marche lentement vers la sortie, et Peter voit ses sourcils se hausser lorsqu'il remarque enfin sa présence : il s'avance dans sa direction sans changer d'allure.

— Tu traînes ? sourit Cody en s'arrêtant à sa hauteur.

Peter lui retourne une expression un tout petit peu plus hésitante.

— Je t'attendais, en fait. T'es pressé ?

— Pas spécialement.

— On peut parler ?

— C'est pas ce qu'on est en train de faire ?

Cody a la mâchoire un peu enflée. Son sourire est comme plus tôt en classe : un rictus amusé, détendu, et des yeux doux. Peter sait à quoi les poings qu'il cache dans ses poches doivent ressembler. Son sweat-shirt tombe un peu trop grand sur ses épaules.

Il dépasse Peter de plusieurs centimètres.

— Je pensais à.... hm.

Il se racle la gorge.

— On s'est rencontré ce matin. Et même si Ned est l'une des meilleures personnes de l'univers, si on me demande mon avis, je sais que lui et moi on est pas vraiment.... les compagnies les plus incroyables du lycée. En général, les nouveaux nous parlent pas. Sauf si personne ne veut leur parler.

Sa main passe distraitement dans ses cheveux. Les sourcils de Cody sont haussés, il penche la tête sur le côté. Peut-être que Peter aurait dû attendre un peu : marcher pendant quelques mètres, engager la conversation sans parler de maths ou des derniers calculs à basent de neutrons qu'il fait pendant son temps libre (la nuit, toujours la nuit) et qui ont pour but d'améliorer sa combinaison. Et de faire des calculs parce que les calculs c'est cool et passionnant et intéressant et Peter pourrait y passer sa nuit (ce qu'il fait).

Mr Stark est le seul qui n'a pas l'air trop ennuyé (et jamais perdu) quand il arrive pour son stage du vendredi soir avec des papiers, des dossiers, et une voix trop aigu avec une allocution trop rapide. L'excitation de voir quelqu'un l'écouter avec un demi-sourire lui fait parfois oublier tout le reste (comme le fait que Tony Stark accepte de le laisser entrer dans son labo tous les vendredis pour travailler sur des trucs, ou le voyage jusqu'à chez lui dans la voiture qu'Happy conduit en étant rarement happy (mais il a l'air un peu plus ravi sur le retour car il reste quelques minutes chez lui à parler avec tante May dans le salon et urg, Peter ne veut pas en parler) ou encore le fait qu'un jour il a croisé Bruce Banner ou Natasha ou n'importe quel autre personne importante et qu'ils lui ont dit bonjour).

Tout ça est incroyable.

Peut-être qu'il a eu raison d'attaquer directement le sujet : Peter n'est pas bon quand il faut s'arrêter de parler (et encore moins quand il faut s'arrêter de parler et qu'il est nerveux/stressé/excité/terrifié ou sous adrénaline).

— Où tu veux en venir ?

Cody fait la moue. Il se balance d'une jambe sur l'autre devant Peter qui est toujours appuyé contre le muret.

— Je.... on se connaît depuis ce matin, et pour une raison obscure tu as foutu ton poing dans la tronche de Mike.

— Oh, ça. Oui.

— Oui, ça. En général personne ne fait ça. Et personne ne fait ça juste après qu'il m'ait... juste poussé.

Cody fronce les sourcils.

— Juste poussé ? Dans mon ancien lycée les gros crétins comme lui poussaient des gamins comme toi dans les couloirs, ouais, et tout le monde riait comme si c'était amusant. Et ensuite, quand plus personne regardait, ils leur foutaient la misère derrière l'école. Je déteste ça.

Il a l'air sérieux, tout à coup. Son rictus est parti, sa posture est un plus rigide, son regard est soudain direct et Peter est obligé de tourner la tête ailleurs.

— Donc tu lui as botté le cul.

— Ouais. J'ai pas dit que c'était mieux, mais je m'en fiche.

Il hausse les épaules. Sa mâchoire doit lui faire mal, mais Peter a croisé Mike pendant quelques secondes tout à l'heure : c'était dix fois pire.

— Mmh. Tu l'as pas raté. C'était comment, le bureau du proviseur ?

— Oh. Trois fois rien. Quelques heures de colle. Ma mère va pas être ravie. Et mon...

Il se ravise.

— Enfin bref, rien d'insurmontable.

— Ça valait le coup ?

Peter sent sa bouche se tordre en une moue hésitante. Il attrape distraitement la lanière de son sac à dos et se relève doucement : Cody n'a pas l'air énervé, ou irrité, ou peu importe. Il n'a pas l'air d'avoir envie de dire « nan Parker, si j'avais su c'est dans ta tronche que j'aurais mis mon poing » ou encore « écoute évite de me parler à l'avenir, d'accord ? ».

Il sourit à nouveau.

— Ouais, ça valait le coup. Je dois t'appeler comment, alors ? Peter ? Parker ? Un petit surnom ? J'ai rien contre, faut juste qu'on me prévienne. Personne n'a l'air de s'être concerté.

Ce qui s'échappe de la bouche de Peter, c'est (à son grand étonnement) un petit éclat de rire.

— Peter c'est très bien. Cody ?

— Yup.

Leurs regards se croisent.

— D'autres sujets importants à aborder ou je peux commencer à marcher vers ma station ? Non parce que ma mère va pas être ravie, mais si en plus je me pointe en retard...

— Oh. Oui, bien sûr. Désolé, je... ouais. Rentre bien.

Cody replace à son tour sa lanière de sac à dos sur son épaule. Les journées se rallongent alors la nuit ne va pas tomber tout de suite, mais Peter a bien envie de faire une petite ronde avant de rentrer. Tester la nouvelle toile encore plus élastique qu'il a conçu la nuit dernière.

— A demain, Peter.

Il ne tente pas de lui faire de check ou d'accolade : simplement un petit mouvement de la main. Puis il tourne les talons et marche en direction de l'avenue la plus proche en traversant la route (forçant deux voitures à s'arrêter).

Peter l'observe disparaître, puis se racle la gorge et passe une main dans ses cheveux.

Il ne résiste qu'une seconde ou deux avant de sortir son téléphone pour envoyer à Ned : amitié confirmée !! on a un nouveau pote et celui-là est cool au niveau universel du terme.

______________________

🕷️

Un ciel de béton || Spider-manOù les histoires vivent. Découvrez maintenant