Un ciel de béton || Spider-man

𝙷𝚞𝚒𝚝

Bonne lecture !

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Peter n'a pas à attendre longtemps pour être brutalement arraché à son désir d'aveuglement innocent.

Six jours (et soirs) plus tard, alors que Cody et lui regardent distraitement les publicités sur écran géant qui sont projetés sur l'un des immeubles, ce dernier ouvre la bouche et Peter sent les poils de ses bras se dresser.

Sous son masque, son regard s'écarquille légèrement sous son masque.

— Au fait je me... je me demandais...

Il se racle la gorge.

— T'as sûrement autre chose à faire que d'écouter les histoires d'un ado, mais étant donné que tu viens toujours chaque fois que je sors je vais être aventureux et supposer que tu m'aimes bien. Ou alors que tu as pitié de moi, mais ça marche quand même donc je vais m'en contenter.

Peter hausse un sourcil. Cody est toujours comme ça avec Spider-man : et doux avec Peter. C'est curieux.

— En fait, je..... hmmm.

Il grimace.

— Bon, tu dois être populaire, n'est-ce pas ? Tes références filmographiques datent du siècle dernier et tes jeux de mots sont ridicules, mais tu sauves les gens et tu traînes avec des gamins paumés sur des toits : je pense que tu dois être populaire. Tu dois avoir une copine ou quelque chose du genre. Et je, mh, me demandais si je pouvais te demander conseil.

— Me demander conseil, répète Peter.

Il remercie Karen pour modifier sa voix à chaque fois : quelque chose d'un peu moins ridicule que le mode interrogatoire, assez raque pour lui rajouter quelques années en plus. Ce qui est de la triche, et du mensonge de catégorie supérieure, et oui, Peter se sent coupable.

— Oui. Des conseils. Parce que tu vois, je suis... je suis peut-être intéressé par quelqu'un dans ma classe et franchement j'ai essayé de trouver un moyen de faire quelque chose depuis des mois sauf que, enfin c'est pas facile. J'essaye de le complimenter et de me rapprocher mais je me prends quand même des tapes sur l'épaule et si ça c'est pas le niveau ultime de la friendzone. Je veux dire, je comprends : il est super intelligent et carrément mignon et c'est la personne la plus gentille que j'ai jamais rencontré et je vois pas trop pourquoi il voudrait sortir ou... ou faire quelque chose dans le genre, avec moi.

— Il ?

Ça, il ne l'avait pas vu venir. Et c'est bête à dire, mais c'est peut-être parce que Cody fait du basket, a des muscles, et ne porte pas un sac avec les couleurs arc-en-ciel dessus. Ses pensées absolument clichées le font grimacer sous son masque, mais pour sa défense c'est un peu nouveau. Il ne sait pas trop comment ça marche, ces choses-là : est-ce qu'il y a un moyen de se reconnaître, un... un super radar ?

— Oui. Il. Problème ?

— Oh, euh, non pas du tout.

Cody sourit.

— Parfait. Donc je disais : peut-être que ça veut juste dire qu'il est pas intéressé et si c'est ça je vais pas forcé, j'ai encore un peu d'amour propre mais dans les faits, je suis même pas sûr qu'il comprenne bien. Parce que, tu vois, il est vraiment gentil et vraiment mignon et vraiment, vraiment intelligent. Mais aussi super innocent. Tenir la main de quelqu'un ça suffirait à le mettre dans tous ses états.

Peter fronce les sourcils sous son masque. Il ne voit pas le problème : tenir la main c'est que chose de très intime. C'est respectueux et pour quelqu'un comme lui, qui possède une sensibilité incroyable (ouïe, toucher, goût (les endives pourraient le tuer) et en général, les sensations) et bien prendre une main c'est bien suffisant pour sentir le cœur d'une autre personne.

Il essaye de se souvenir de cette conversation. Si Ned essaye encore de lui parler sentiments, Peter pourra lui raconter la manière dont Cody lui a demandé conseil pour faire la cour à quelqu'un d'autre. Captain America serait très content de l'entendre parler comme ça.

— ... je vois.

— Tu vois ? Alors, t'en penses quoi ?

Peter réfléchit retentissement. Car de toute évidence, Cody attend une réponse pleine de sagesse. Une réponse qui conviendrait à quelqu'un comme Spider-man.

— Pourquoi est-ce que... tu lui demandes pas directement ?

— Oh ? La méthode directe ?

— Eh bien, de toute évidence t'as essayé de faire dans la finesse et ça a pas marché alors.... « Mec, sors avec moi ? ».

Il hausse les épaules. Cody acquiesce doucement.

— Pourquoi pas. C'est vrai que Peter comprendrait plus facilement, mais j'ai un peu peur qu'il se mette à paniquer et puis si jamais c'est pas réciproque ça deviendra rapidement gêna...

— Peter ?

Il espère que sa voix ne vient pas de couiner comme il croit qu'elle vient de le faire. Cody se retourne vers lui et ses jambes, qui se balançaient dans le vide, s'arrêtent. Il penche la tête.

— Tu connais Peter ?

— Oh, je... hm, je l'ai vu à la tour. Deux ou trois fois.

Son sourire manque de faire tomber Peter du toit.

— C'est vrai ? C'est ce qu'il m'a dit ! Il faudrait que tu fasses une petite vidéo qui dit quelque chose comme « hey salut je connais Peter Parker » parce que personne le croit à part ses amis au lcyée et il y a cet espèce de crétin de Flash qui...

— Hm, je lui ai déjà proposé un truc comme ça. Il préfère pas.

— Oh. Ça lui ressemble. Dommage.

Cody fait la moue. Peter essaye encore de garder son cœur à l'intérieur de sa poitrine car il bat tellement fort que ses oreilles se mettent à siffler. Peut-être qu'il s'est endormi à son bureau, sur ses devoirs, juste avant de partir patrouiller.

Car Cody ne peut pas juste demander à Spider-man des conseils pour demander à Peter Parker de sortir avec lui. Ça n'a aucun sens.

Et c'est trop beau pour être vrai.

— Bon, je pense que t'as raison.

— Ah oui ?

Sa voix est ridicule. Il remercie Karen de la modifier car ça lui évite une honte monumentale.

— Ouais. Je vais lui parler dans la semaine. Je vais... y réfléchir. Heureusement que c'est le week-end, ça me laisse un peu de temps. Croise les doigts pour moi, Spider-man.

Un petit rictus, un coup de coude dans les côtes, et Cody s'exclame tout à coup « Whaou encore une pub sur Tony Stark ? Déjà que Peter ne parle que de lui, je vais finir par être jaloux. Toi aussi, tu l'aimes ? ».

Peter ne se souvient plus de ce qu'il répond. Vingt minutes plus tard, il ramène Cody sur la terre ferme et s'éloigne dans la nuit avec un regard perdu.

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