CHAPITRE 27

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ELIJAH

Je me souviens parfaitement du jour où j'ai confirmé que j'étais différent des autres garçons de mon âge. J'avais seize ans à ce moment-là. Contrairement à mes copains qui ne parlaient que de jolies filles et de belles poitrines, je laissais mon regard glisser sur les corps des hommes également. À mes yeux, un torse fin était aussi attirant qu'une paire de seins. Quelque chose clochait-il avec moi ?

Ce jour-là, nous avions fini les cours en début d'après-midi et nous étions rendu chez Nick pour profiter de sa console avant de nous atteler à nos devoirs. Élisa ne couperait pas à contrôler que nous ayons bien tout fait. Et même si cela nous faisait râler, savoir qu'elle était impliquée dans notre éducation nous plaisait. Jamais elle ne nous laisserait abandonner nos études sans rien faire. Elle était le soutient dont nous avions besoin.

Nous étions installés sur son lit lorsque mes pensées avaient divagué vers ce que j'avais découvert comme la bisexualité. Ce fait d'être attiré aussi bien par les femmes que par les hommes. Comment savoir si c'était bien de cela qu'il s'agissait ? J'avais déjà embrassé pas mal de filles, devais-je essayer avec un homme pour savoir si cela allait me plaire ? Et à qui d'autres que mon meilleur ami est-ce que je pouvais le demander ?

Avant d'hésiter et d'abandonner cette idée, je m'étais tourné vers Nick pour lui en parler. Je lui avais tout déballé : mes intérêts, mes envies et mes interrogations. Il m'avait écouté sans rien dire jusqu'à me dire qu'il était d'accord avec moi, je devais faire mes expériences pour savoir si j'étais bi. Je lui avais lancé un regard en coin et il avait écarquillé les yeux. Il avait compris ce que je lui demandais.

Je lui avais dit « s'il te plait, fais ça pour moi ! » et il avait répondu « pourquoi ce doit être moi ? ». J'avais échappé un rire avant de reprendre la parole. « Parce que tu es mon meilleur ami ? ». Il avait grogné, avait grommelé quelques mots inintelligibles avant d'accepter à contre-cœur en me disant « c'est bien parce que c'est toi ». Victorieux, je lui avais adressé un grand sourire avant de me rapprocher de lui.

Nick était assis en tailleur alors que j'étais à genoux face à lui. J'avais posé une main sur sa joue avant de joindre mes lèvres aux siennes. Elles étaient douces et chaudes. Elles étaient si agréables à embrasser. Pourtant, quelque chose clochait. Échanger un baiser avec lui en tant qu'homme me plaisait, mais il était mon meilleur ami et ça, c'était des plus étranges.

Nous nous étions séparés avec des éclats de rires. Je m'étais laissé tomber en arrière alors que Nick m'avait donné un coup sur le bras. Il avait dit « ton expérience est finie ? Parce qu'elle ne recommencera jamais ! J'en suis certain, je ne kiff que les nanas ! ». J'avais mis un moment à répondre, repassant chacune des sensations dans mon esprit. « Je crois que c'est n'est pas mon cas. T'embrasser toi, ça ne convient pas, mais un autre homme ne devrait pas me poser de problème. »

Nick m'avait dit de me trouver quelqu'un d'autre pour la suite de mes expérimentation, arguant qu'il avait déjà assez donner. Cela me convenait parfaitement parce que je ne voulais pas découvrir les plaisirs du sexe entre hommes avec lui. Il m'avait ensuite dit que mon orientation ne changeait absolument rien entre nous et que je resterai toujours son meilleur ami, peu importe mes choix. Ses paroles m'avaient touché profondément et le sujet avait été clos.

Jason était attablé face à son cahier, occupé à faire ses devoirs, quand nous avions quitté la chambre. J'ignorais depuis quand il était rentré, mais il semblait bien concentré. J'avais machinalement ébouriffé ses cheveux en passant à côté de lui pour rejoindre le réfrigérateur et il avait semblé se tendre. Il s'était renfrogné sous nos regards surpris, à son frère et moi. Nous avions eu beau l'interroger du regard, il nous avait superbement ignoré. Nous n'avions pas cherché plus loin.

Après le dîner, je m'apprêtais à rentrer chez moi quand j'étais aller trouver Jason sur la terrasse. Il était plongé dans un roman et il ne m'avait pas entendu arriver. Je lui avais provoqué un sursaut en posant ma main sur son épaule ce qui m'avait tiré un rire. Le rouge lui était monté aux joues et je l'avais trouvé plus qu'attendrissant. Il avait détourné le regard et j'avais échappé un soupir tandis que je m'asseyais à côté de lui.

J'avais laissé le silence planer quelques minutes entre nous avant de le briser pour lui adresser quelques mots. « Je ne sais pas ce que j'ai fait de mal pour que tu m'ignores toute la journée mais je veux que tu saches que je ne te ferai jamais de mal intentionnellement. » et « je tiens beaucoup à toi, Jay, je n'aime pas quand tu es fâché contre moi. » Je m'apprêtais à me redresser quand il avait saisi mon poignet pour me retenir.

Je m'étais tourné vers lui et il m'avait adressé une petite grimace en guise d'excuse. Ce n'était pas beaucoup, mais cela était suffisant. j'avais ris avant de le prendre dans mes bras et de l'attirer contre mon torse. Il n'avait pas besoin de me donner plus d'explications pour que je lui pardonne son comportement.

Nous n'avions pas forcément besoin de paroles pour nous comprendre et les silences pouvaient être aussi éloquent qu'un long discours. Blotti contre moi, Jay n'avait pas besoin de parler pour me faire comprendre l'importance que je pouvais avoir dans sa vie. Et j'espérais qu'il comprenait celle qu'il avait dans la mienne. Je n'ignorais pas que je ne pourrais jamais me passer de sa présence et que cela serait difficile de le laisser derrière nous lorsque nous devrions partir à l'université deux ans plus tard.

Pour le moment, je refusais d'y songer. Je voulais simplement profiter de ce petit corps contre le mien alors que je lui transmettais ma chaleur. Rien n'était plus primordial que ce moment de tendresse entre nous.

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