Chapitre 9 :

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En cette fin de semaine, de nombreuses voitures sont présents sur les routes roulant vers des destinations diverses. Certaines sont animées par l'égaiement du début d'un week-end familial avec les cousins, tandis que d'autres supportent les plaintes des hommes et femmes d'entreprise appelés une nouvelle fois pour un interminable séminaire centré sur de nombreux sujets scientifiques sur lesquels je ne comprends absolument rien. Nous nous sommes aventurés sur l'autoroute il y a de cela une bonne dizaine de minutes et c'est par peur de glisser et de finir blessée au milieu des voitures que je me suis accrochée davantage au torse du jeune homme qui est assis devant moi. Le vent frais frappe de plein fouet mes mains, une d'entre elles est encore tachée par mon sang, tandis que par chance mon visage est recouvert de la visière du casque. Je donnerais tout pour retrouver la chaleur étouffante de mon appartement tellement mon corps tremble, mais je veux également obtenir des réponses sur ce qui s'est passé tout à l'heure. Samuel ne semble pas être atteint par les coups que les hommes de Sicuro lui ont donné, ce qui veut dire qu'il en est habitué et que cela fait un moment maintenant qu'il subit cela.

C'est sur la prochaine sortie de l'autoroute que le jeune homme va tourner, nous amenant dans une des petites villes de banlieue. Nous traversons des rues toutes plus différentes les unes des autres avant d'emprunter une longue route de campagne menant un peu plus loin à l'entrée d'une grande forêt. Si je ne faisais pas confiance à Samuel, j'aurais fini par sauter de la moto en marche pour m'enfuir le plus loin possible de lui. Cependant, ce genre de scénario ne se passe que dans les films. Je suis d'autant plus soulagée lorsque j'aperçois plusieurs voitures garées à l'entrée de la forêt indiquant donc que je n'ai rien à craindre et que dans le pire des cas, nous ne sommes pas seuls. Samuel se gare dans un coin, entre deux arbres, avant de me faire signe de descendre. Poser de nouveau les pieds sur le sol me fait me sentir toute drôle pendant un court instant, avant que je ne finisse par retirer le casque que je porte. Mes quelques mèches de cheveux châtains emportés par le vent me cachent la vision, m'empêchant de discerner ce qui se trouve au bout de cette forêt.

- Où sommes-nous ? je lui demande en lui tendant mon casque afin qu'il puisse le ranger.

- Sois patiente, il finit par me répondre.

Je comprends rapidement que je n'obtiendrai pas de réponse dans l'immédiat et que je vais devoir attendre encore un peu. Samuel me fait signe de le suivre et nous commençons notre ascension le long du chemin central de la forêt. Des bruits caractéristiques de l'environnement où nous nous trouvons, nous ont accompagnés pendant notre trajet, alternant entre une branche qui craque en raison du vent ou bien de quelques chouettes discutant entre elles. Nous avons croisé quelques-uns des propriétaires des voitures garées à l'entrée dans un petit terrain de pique-nique avec un air de jeu, représentatif de la fin de la forêt. Cependant, notre destination n'est pas encore atteinte, il nous reste encore quelques minutes de marche. Nous empruntons un nouveau chemin, beaucoup plus exigu que le premier, sur lequel j'ai eu le malheur de trébucher plusieurs fois à cause de racines d'arbres sur le sol suscitant chez Sam un ricanement. C'est lorsque la lune est au plus haut dans le ciel que nous voyons enfin la fin du sentier. Nous arrivons au niveau d'une grande étendue d'eau dans laquelle se reflète la lumière de la lune faisant de l'endroit le même que s'il faisait jour. Autour de ce lac n'est présent qu'un simple banc en bois usé par le temps. C'est en posant mon regard sur le jeune homme que je le vois nostalgique de l'endroit où nous nous trouvons. Je ne sais pas ce qu'il représente pour lui, mais ce qui est certain c'est que cet endroit est parfaitement éblouissant.

- C'est magnifique, je lui avoue en avançant de quelques pas en direction du banc.

- Je venais ici avec ma mère à l'époque, il m'explique.

L'air est doux à cet endroit, très différent de celui présent dans la ville. Même la température extérieure semble avoir remonté, comme si cet endroit existait indépendamment de ce qu'il y a tout autour de la forêt. C'est une fois près de l'eau que je me penche afin d'y tremper la main. Le touché du lac sur ma main est particulièrement agréable, il me semble même avoir senti la présence de quelques poissons. Consciente que Samuel m'a emmené dans un endroit qui lui est familier pour me parler de son passé, je reviens à ses côtés en m'asseyant sur le banc afin de l'écouter.

Unchained MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant