Chapitre 8 :

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Je ne sais pas si c'était une bonne idée. Après la soirée de Victor en fin de semaine dernière, je n'étais pas tout à fait maîtresse de mes pensées. C'est en me réveillant le lendemain avec un mal de crâne horrible que j'ai vu que Sam avait répondu positivement au rendez-vous que je lui avais fixé. D'un côté, j'ai envie de connaître les motivations du garçon pour avoir cambriolé en compagnie de trois hommes l'appartement de mes patrons, mais d'un autre côté j'ai également envie de savoir quel était son but à me protéger ainsi que les enfants Irving. Finalement, si Samuel nous a sauvés c'est qu'il n'est pas entièrement mauvais. Ou bien alors il n'a fait qu'assurer ses arrières pour pouvoir me manipuler plus facilement par la suite. La chose cependant qui m'a traversé l'esprit et que je pense avoir compris, c'est que les hommes qui ont agressé Samuel dans la ruelle sont aussi ceux avec qui il s'est introduit chez mes patrons. Ou bien alors c'est un plaisir qu'il a avec plusieurs de ses amis. Peu importe le nombre d'hypothèses que je pourrais faire, elles seront toujours très loin de la vérité en elle-même.

J'aimerais pouvoir reculer, mais c'est trop tard. Je suis déjà assise à une des tables du café Roseberry et je ronge mes ongles en me moquant de le faire jusqu'au sang ou non. Tristan est venu me questionner plusieurs fois en voyant mon inquiétude et surtout à cause de l'absence de mes nombreux cahiers ouverts face à moi. J'ai tenté de lui répondre d'une manière la plus détachée possible, mais Tristan me connaît, il sait pertinemment que quelque chose ne va pas. Je viens de terminer la consommation de mon deuxième café noir, comme si ils allaient m'aider à tenir le coup des déclarations de Samuel. Je scrute l'horloge et maudit ceux qui ont inventé le temps en voyant que celle-ci n'avance que très lentement. Au dehors du café, les passants sont emmitouflés dans leur manteau et même leur démarche semble être au ralenti. Lorsque la clochette de la porte du café résonne indiquant qu'un client vient d'entrer, je saute de mon siège comme si un garçon de l'orphelinat m'avait fait subir la mauvaise blague de la punaise. Cependant, ce n'est pas Samuel. Simplement un vieux couple que je vois souvent au café et qui prend plaisir à lire chacun des livres de la bibliothèque murale.

- Tu es sûr que tout va bien ? me demande Tristan après avoir nettoyé la table d'un client qui vient de partir.

- Parfaitement, qu'est ce qui te fait dire que je ne vais pas bien ?

- Ton attitude actuelle. Tu n'arrêtes pas de loucher sur l'horloge, comme si tu espérais simplement par la pensée faire avancer le temps.

- Ne me prends pas pour une idiote.

- Tu attends quelqu'un ?

De nouveau, la clochette de la porte d'entrée résonne dans le café précédent un long et puissant courant frais. Lorsque je lève la tête vers la personne qui vient d'entrer, les battements de mon cœur se font davantage accélérer qu'ils ne l'étaient avant. Le jeune homme hôte la capuche de son sweat-shirt laissant apparaître ses jolies boucles brunes avant de finalement poser son regard sur moi. Près de moi, Tristan à également vu l'arrivée de Samuel dans le café et comprend qu'il est la personne que j'attend depuis de longues minutes. Je tourne ma tête vers lui et lui fait comprendre d'un simple regard qu'il doit me laisser seule et retourner à son travail. Je le vois soupirer avant de retourner vers le bar en dévisageant Samuel. Lorsque je pose à nouveau mon regard sur lui, il a sur le visage cette expression mystérieuse et impénétrable que je connais trop bien. Mon cœur ne s'est pas calmé, et je n'ai aucune idée de comment faire pour l'empêcher d'exploser. Ça y est, c'est le moment, je vais enfin savoir qui est véritablement Samuel. Il s'avance de quelques pas dans ma direction avant de se stopper net lorsque quelque chose à l'extérieur du café attire son attention. Je vois son expression du visage totalement changer pour devenir celle demie inquiète et demie en colère. Je ne comprends pas vraiment ce qui est en train de se passer, mais quelque chose ne va pas. C'est en tournant la tête en direction de la fenêtre du café que j'aperçois les quatre hommes, habillés dans les mêmes costards, qui ont agressé Samuel un soir du début du mois de novembre. Je les fixe un instant avant de reporter mon attention sur le jeune homme. Il fait un léger signe de tête à mon intention, qui je suppose veut dire que je dois rester sagement ici, avant de faire demi-tour et de quitter le café. J'ai reconnu ces hommes, je sais de quoi ils sont capables envers Samuel, alors il est hors de question que je ne m'en mêle pas. Je dépose en hâte de quoi payer sur la table où j'étais assise avant d'enfiler en vitesse mon manteau et de récupérer mon sac de cours.

Unchained MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant