Unchained Melody

Chapitre 10 :

Qu'est ce que le rêve ? Le rêve est une image, un son, un phénomène psychique que le cerveau produit durant notre sommeil. Il intervient en majorité durant notre sommeil paradoxal. Le sommeil paradoxal se caractérise par une activité cérébrale intense, proche de celle produite lorsque nous sommes réveillés. Il se produit également durant le sommeil lent, mais on se souvient davantage du rêve qui arrive pendant le sommeil paradoxal. Il se forme à partir des traces amnésiques présentes dans le cerveau, formées par les événements vécus éveillés : il est le messager de notre inconscient. Le rêve lucide quant à lui est un rêve que 'on fait lorsque l'on a conscience de le faire, lorsque nous sommes en capacité de contrôler ce qui se passe et d'imaginer ce que l'on désire le plus au monde. Allongée sous la couverture épaisse et moelleuse de mon lit, je peine à réaliser que lors de la soirée de la veille, tout ne s'est pas exactement passé comme je l'aurais voulu. Lorsque Samuel a tendu la main vers moi après un long moment de silence, nous avons repris le chemin contraire à celui que nous avions emprunté pour arriver face au lac. Le jeune homme n'a jamais lancé Unchained Melody sur son téléphone portable et nous ne nous sommes jamais embrassés sous le clair de lune. Je maudis mon inconscient pour m'avoir fait imaginer une scène qui ne se produira sûrement jamais. Samuel m'a simplement raccompagné jusqu'à chez moi, et nous nous sommes mis d'accord sur le fait de rendre visite à ses grands-parents le lendemain même, devant la porte de mon immeuble. Nous avons rendez-vous dans une heure et j'appréhende énormément de le voir à nouveau. Hier, Sam s'est ouvert à moi, il m'a laissé pénétrer dans son intimité ainsi que dans la carapace qu'il s'était créé après la mort de sa mère. Je veux l'aider, j'en ressens le besoin, mais comment être certaine que rien d'autre ne va lui arriver pendant les deux mois qu'il lui reste pour rendre ce qui est dû.

Les premiers rayons du soleil ont pénétré ma chambre il y a quelques secondes maintenant, m'obligeant à dissimuler mes yeux derrière une de mes mains. Mes heures de sommeil sont révolues, et la météo me le fait savoir. Je rejoins la cuisine de mon appartement en baillant, désireuse de mon quota de caféine habituel. Tandis que la machine à café fait couler dans une tasse mon élixir miracle du matin, je fais un petit tour sur mon téléphone afin de donner des nouvelles à ceux qui en réclament. Tristan m'a envoyé plusieurs messages et au vu de ce qu'ils contiennent, je prends conscience qu'il m'en veut. Je n'ai pas été très correct avec lui hier, il est vrai, mais depuis son anniversaire, j'ai le sentiment qu'il veut tout faire pour m'éloigner de Samuel. Je ne le comprends pas, ou du moins je ne le comprends plus, il n'a jamais agi de cette manière avec moi. Je lui envoie tout de même un message dans l'optique de le rassurer avant de récupérer ma tasse de café et d'éteindre mon téléphone. Comme chaque matin, je prends le temps de lire quelques pages d'un des livres de ma bibliothèque avant de me décider à me préparer pour entamer ma journée. Ce samedi risque d'être riche en émotions, alors je ne prends pas la peine de préparer mon sac de cours, je réviserais plus tard. Devant le miroir de ma salle de bain, j'observe avec attention la cicatrice qui commence peu à peu à se former dans mon cou. Comme des flashs soudain, ou bien comme un film que l'on vient de lancer, je revois dans les moindres détails ce qui s'est produit hier avant que Samuel ne m'accorde des explications. Je revois la manière dont Sicuro m'a regardé et surtout comment il m'a touché avant de poser un couteau sur ma gorge. Mes yeux commencent à se mouiller et sans que je ne m'en rende compte, ma respiration se fait saccadée. J'ai peur. J'essaie de garder la tête haute malgré la situation mais je suis terrifiée. Je n'ai aucune idée de comment tout ceci va se finir, et c'est pour cette raison que j'ai la trouille.

Mon corps frêle à présent découvert de son t-shirt de nuit, pénètre sous l'eau chaude de la douche et se laisse parcourir. Plus le temps passe et plus mon corps se met à rougir, m'indiquant que si je ne sors pas bientôt on pourrait penser à de violents coups de soleil tant bien même nous soyons en plein milieu du mois de novembre. Lorsque je regarde l'heure que m'indique mon téléphone, il ne me reste qu'une vingtaine de minutes avant que Samuel ne vienne me chercher. Il ne m'a pas dit où habitent ses grands-parents, simplement que nous allons être obligés d'y aller en moto. J'en ai fait pour la première fois hier et j'avoue ne pas avoir été très sereine sur le trajet, j'appréhende de nouveau notre voyage d'aujourd'hui. J'ignore ce que ma présence pourrait faire pour mener dans la bonne direction une réponse étant à notre avantage des grands-parents du jeune homme, mais je sais qu'il a besoin de soutien, et je serai présente.