Chapitre 13 :

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Cela fait plusieurs heures maintenant que mon appartement s'est transformé en un centre d'étude chaotique où Axelle et moi, nous attelons aux dernières révisions de nos deux derniers examens du semestre qui auront lieu demain, vendredi 22 décembre. Comme chaque année, en raison de mon avance sur les différentes matières que l'on a, mes révisions ne sont pratiquement que de la relecture et la réalisation des quelques exercices où j'ai pu avoir le plus de difficulté dans la matière. Pour Axelle, c'est tout autre chose. Ayant préféré sortir et profiter, la voilà, assise sur le sol de mon appartement, a essayé d'apprendre par cœur mes fiches de dramaturgie.

- J'y arriverais jamais... renonce Axelle.

Ma meilleure amie vient de lâcher les fiches qu'elle tenait dans les mains pour s'allonger sur le sol de mon appartement. Je n'ai jamais laissé tomber Axelle pour ses révisions, quand bien même je n'ai jamais cessé de la prévenir qu'il fallait qu'elle s'y mette si elle ne voulait pas perdre patience sur des révisions de dernière minute comme elle le fait maintenant. Malgré tout ça, elle a toujours réussi ses examens, certes avec des notes proches de la moyenne, mais elle a toujours su se débrouiller.

- Aller debout, je lui dis en quittant ma place sur le canapé pour venir l'aider à se relever. On va reprendre ça toutes les deux.

Une fois de nouveau en position assise, je récupère les fiches sur lesquelles elle était en train de réviser et me prépare à l'interroger.

- Alors, est ce que tu te souviens de ce qu'on a vu sur la structure de la tragédie classique avec Phèdre de Racine ? je lui demande.

- Ouais... je crois. C'est lié à la fatalité, non ?

- Pas exactement. Chez Racine, le tragique vient surtout des passions humaines. Phèdre est déchirée par son amour pour Hippolyte, c'est plus un conflit interne qu'une simple fatalité.

- Ah d'accord, donc ce n'est pas juste le destin qui l'écrase, mais plutôt elle-même qui se détruit à cause de sa passion ?

- Exactement. Ses émotions incontrôlables deviennent son destin. Et tu te souviens de la catharsis chez Aristote ?

- Oui, c'est la purification des émotions, non ? Le spectateur ressent de la pitié et de la peur en voyant Phèdre sombrer.

- C'est ça. Le langage chez Racine, avec les Alexandrins, amplifie cette intensité émotionnelle et renforce l'effet cathartique.

Je lève le nez des fiches que je tiens dans les mains en direction d'Axelle pour la voir me regarder avec de grands yeux, comme si les mots que je venais de prononcer étaient tout droit sortis d'un univers qu'elle ne connaît absolument pas.

- Tu sais que tu me fais peur. "L'effet cathartique", elle dit en imitant ma voix, jamais je ne pourrais utiliser des termes comme les tiens.

- Ce n'est pas le but, au contraire, je lui explique. Il vaut cent fois mieux que tu parles avec tes propres mots, que tu n'utilises des termes comme celui-ci que tu ne comprends même pas.

- Tu n'as pas tort... Il va vraiment falloir que je relise tout ça.

Axelle récupère les fiches de dramaturgie que je lui avais prise avant de se plonger à nouveau dans ses révisions. En voyant les deux tasses de café que j'avais préparé un peu plus tôt dans l'après-midi entièrement vides, je me décide à faire une seconde tournée. C'est une fois dans ma cuisine que je prépare la boisson qui nous a permis de tenir tout au long de cette semaine d'examens. Encore deux épreuves et nous serons enfin en vacances, je pourrais même m'avancer sur les cours du second semestre comme j'ai réussi à les obtenir par le biais d'anciens élèves de troisième année.

Unchained MelodyOù les histoires vivent. Découvrez maintenant