-prologue-

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Gojo regarda par dessus ses lunettes, Megumi, assit sur le tapis du dojo, créant de minuscules tourbillons d'ombres d'un air distrait. Cela faisait déjà plusieurs jours qu'il avait remarqué que le garçon n'était pas au meilleur de sa forme en cours mais là, seul avec lui, cela lui sautait aux yeux. Gojo lui tapota le coude du bout de son pied nu et les tourbillons s'écrasèrent disgracieusement contre le sol.

- Va-si, je t'écoute.

Megumi ne bougea pas, fixant le reste d'énergie occulte noire qui ondulait à quelques centimètre du tapis. Après quelques secondes, il ouvrit enfin la bouche.

- En tant... en tant qu'exorciste, on ne peut pas se permettre de trainer des points morts... Je veux dire... 

Il soupira et Gojo passa ses mains dans ses poches. Il se demandait si il l'avait déjà vue aussi peu confiant et hésitant...

- Je parle de sentiments. Si ils nous pèsent dans notre devoir... Il faudrait essayer de s'en débarrasser, n'est ce pas ? C'est... ce sont des freins.

Megumi releva son regard sur son professeur et ce dernier y lu une demande silencieuse, une plainte étouffée, qui fit douloureusement écho à la sienne. Il se laissa glisser sur les tapis pour s'asseoir à coté de Megumi qui avait préféré basculer en arrière pour fixer le plafond du dojo.

- Je vois... enfin, je crois.

Il y eu un instant de silence. Gojo fixait la poussière qui flottait tranquillement dans les rayons du soleil, cherchant les mots justes. 

Peut-être que, oui, des fois, il se perdait à jouer au père...

- Qui est-ce ? Demanda t-il finalement.

Megumi ramena son bras devant ses yeux et pressa le tissu de son pull contre ses paupières. Il se sentait stupide, non, plus que ça, il se sentait faible et prisonnier de sentiments, de pensées, qu'il n'avait pas demandé et qui prenaient trop de place. C'était étrange... Il pouvait encaisser et supporter énormément d'émotions différentes mais ça... Ça, c'était trop lourd et pesant pour lui.

- Yuji, murmura t-il.

Ce prénom qu'il avait pourtant tant de fois prononcé devenait soudain le cache qu'on retirerait d'une plaie infectée. C'était douloureux et on espérait que personne n'ai remarquer ce qui se cachait vraiment derrière.

Dans le noir de ses paupières, Megumi entendit Gojo s'allonger à ses cotés.

- Et tu ne voudrais pas-

- Non.

Il laissa glisser son bras au sol et fixa de nouveau les lattes du plafond.

- Non, je ne veux pas lui dire. 

Ils parlaient tout bas, comme si ils étaient entourés de plusieurs personnes indiscrètes. Comme si parler plus fort rendrait la conversation réelle.

- Même sans avoir de sentiments, il se sentirait obliger de me témoigner de l'affection qu'il n'a pas de la même manière... de la même manière que moi.

Gojo retira ses lunettes et massa l'arrête de son nez.

- C'est vrai qu'il ferait ça...

Megumi sourit faiblement et vit du coin de l'œil, Gojo bouger ses mains en parlant, comme si il argumentait avec le plafond.

- Tu ne veux pas que je-

- Non plus.

Gojo tourna la tête vers lui et au lieu de le découvrir fermé, le visage de son élève semblait plus détendu. 

- Vous m'avez écouté lorsque je vous ai demandé de le sauver... Megumi retroussa ses lèvres. Pire décision de ma vie...

Gojo sourit à son tour.

- Ne te laisse pas bouffer par ça, Megumi, crois-en...

- Votre expérience ?

Il y eu un silence.

- Mon expérience.

Megumi aurait aimé en demander un peu plus mais la porte du dojo coulissa brutalement.

- Il est si beau que ça ce plafond ?

La voix de Nobara résonna brutalement dans la tranquillité qu'ils avaient crés. Elle regarda Megumi se redresser nonchalamment.

- Enfaite, c'est surtout Gojo que je suis venue chercher...

Toujours allongé, le concerné roula sur lui même pour arriver aux pieds de la jeune fille. 

- Que puis-je faire ?

Elle leva les yeux aux ciel, adossé à la porte et soupira.

- Nanami vous cherche.

Le professeur se mit au garde-à-vous, toujours au sol, puis se releva, défiant les lois de la gravité. Il s'engagea dans le couloir après avoir salué Megumi et l'avoir remercié pour cette "séance enrichissante".

Nobara resta dans l'encadrement de la porte et fixa son camarade.

- Je ne savais pas que "regarder le plafond comme les émos dépressifs cachés que nous sommes" était une activité "enrichissante".

Megumi se releva en souriant.

- C'est un nouveau sac, Kugisaki ?

- C'est un nouveau sac, Fushiguro.

- J'espère que tu es bien échauffé...

Encore son sourire aux lèvres, Nobara fronça les sourcils avant de sentir son sac lui échapper, entrainer par le familier noir de Megumi.

Capital Pains (Itafushi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant