Chapitre 6. Marques

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- une semaine plus tôt-

Une des premières choses que ressentit Yuji en reprenant le contrôle de son corps fut une vive douleur à la mâchoire. Sukuna arrêtait depuis un bon moment de s'occuper de soigner le corps qu'il occupait et cela venait s'ajouter au poids qu'était cette possession. Malgré les soins procurés par Ieiri, la fatigue restait.
Yuji découvrit ensuite que Megumi se trouvait au dessus de lui, son bras gauche sur sa gorge et le poing droit brillant d'énergie occulte.

- Tu l'as mit à terre et réussit un beau direct du droit, c'est plutôt pas mal, réussit à articuler Yuji.

Megumi s'empressa de retirer son bras et relâcha la tension qui parcourait ses muscles. Il se redressa lentement, le souffle court mais visiblement soulagé. Alors qu'il reculait, Yuji pu apercevoir les marques rouges qui entouraient son cou, traces de la pression qui y avait été effectué quelques instants plus tôt par Sukuna. D'importantes entailles couraient également sur son visage, laissant des traînés de sang étalées.
Megumi répondit d'une voix mal assurée.

- Non, je dirais que le coup était de la chance et la chute un hasard...

- Tu te sous-estime, fit remarquer Yuji en massant sa mâchoire.

Après un instant où ils frottèrent la poussière de leurs vêtements, sans grand résultat, il ajouta à voix basse.

- Désolé.

Megumi se figea puis ne tourna la tête qu'à moitié, ne lui offrant que son profil.

- Tu le dis à chaque fois et ça ne sert à rien.

Yuji, assis au sol, hocha la tête en fixant l'herbe qui avait grillée sous leurs pieds. De leur pique-nique improvisé, il ne restait que des morceaux calcinés et une vive odeur de brûlé.
Les bras posés sur ses genoux, il fixa ses mains, ne pouvant s'empêcher de penser aux marques sur le cou de Megumi.

- Qu'est ce qui t'as fais perdre le contrôle cette fois ?

Yuji croisa et décroisa ses doigts, incapable de relever les yeux pour lui répondre.

- Je ne sais pas, exactement... J'étais bien, j'ai dû me relâcher et j'avais l'impression que tu tentais de dire quelques choses, j'étais focalisé là dessus...

- Ah donc c'est de ma faute maintenant.

Yuji pouvait entendre un faible sourire dans la voix de Megumi et ça le poussa à relever la tête. Il fixait un point en direction des bâtiments du lycée alors Yuji en profita pour prendre pleinement compte des dégâts. Megumi avait rapidement rabattu les manches de sa chemise mais du sang passait à travers et glissait le long de sa main droite. Il avait également fermé le dernier bouton de son col dans un effort vain de cacher les marques sur son cou. Il c'était éloigné pour calmer sa respiration et se forcer à se détendre. Yuji connaissait maintenant ces réflexes et ce simple fait lui déplaisait.

- Il y a quelques chose que tu voulais dire au final ?

Megumi remarqua que, comme à chaque fois, Yuji tentait d'esquiver les événements qui venaient à peine de se dérouler pour ce concentrer sur des détails futils. En reportant son attention sur lui, Megumi compris que si il se sentait fatigué, Yuji, lui, était exténué. Son t-shirt déchiré était couvert d'un mélange de terre et d'herbe calciné auquel s'ajoutait leurs propres sangs. La joue qu'il avait réussit à frapper enflait déjà et sa peau était d'une pâleur angoissante. Combien de temps pourrait-il continuer comme ça ? Poura t-il reprendre le contrôle à temps la prochaine fois ? Nobara avait payer de son œil gauche quelques secondes de retard. Megumi sentait que le point de non-retour ne saurait tarder. Il vint s'asseoir à côté de lui en soupirant.

- Si tu veux vraiment revenir là dessus... Je pense que tu as déjà compris.

- Mon grand père répétait que tant qu'on ne le disait pas, ça n'existait pas.

- Tant mieux pour moi alors, non ?

- C'est ce que tu pense ?

Megumi sentit le regard de Yuji sur lui en même temps qu'une forte envie de tourner son visage à l'opposé. Le silence s'éternisa. Il ne voulait pas s'étendre. Aller droit au but tout en évitant les mots, voilà ce qu'il voulait faire.

- Ce que je pense c'est que je ne veux pas que tu mente. À moi et à toi même. N'essaye pas de te plier à ce que les autres désirent de toi sous prétexte que tu n'en as plus pour longtemps, que eux ça leur fera plaisir et que toi ça ne te coûtera rien sur le long terme.

Megumi priait pour que Yuji comprenne qu'il comptait ses propres sentiments dans cette explication. Il exposait les faits mais ne voulait pas parler de lui en profondeur, ce n'était pas nécessaire à ses yeux.
Ils ne dirent rien. Megumi se focalisa sur les taches de sang de ses manches en serrent les lèvres, se demandant si il regrettait d'avoir enfin parler.

- Pourquoi je te mentirais ?

- Parce que tu es trop gentil, Yuji. Tu préférerais faire semblant plutôt que penser que tu as pu blesser quelqu'un.

Il ne répondit pas. Megumi comprit qu'il avait perfaitement saisit la situation. C'était plus douloureux que ce qu'il imaginait.

Capital Pains (Itafushi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant