Chapitre 1. Un soir d'été

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- 1 mois plus tard -

- Combien de temps il va nous faire attendre comme ça ? Souffla Nobara.

Elle tourna la tête vers Megumi qui, assis à coté d'elle, fixait distraitement ses doigts croisés, ses coudes sur ses genoux. Il haussa les épaules et elle soupira, ramenant ses chaussures sur le barreau de sa chaise.

Nobara fixa les rayons de soleil qui entraient dans la pièce, songeant qu'il faisait beaucoup trop beau pour être bloqué dans cette pièce un soir d'été. Ils entendaient toujours les crickets au dehors et, sans la brise passant par les fenêtre entrouvertes, ils auraient surement déjà étouffés malgré la légèreté de leurs chemises

Elle s'agita de nouveau sur sa chaise et Megumi ne put s'empêcher de glisser son regard sur elle. Nobara n'était pas du genre à paniquer mais son agacement était teinté d'une crainte qu'il ressentait aussi. Sans pouvoir expliquer pourquoi, quelque chose dans cette soirée trop lumineuse et trop calme les rendait nerveux. La consigne avait pourtant été simple : attendre le retour de M. Gojo dans cette pièce. Les derniers jours avaient été particulièrement calmes, ils ne savaient pas ce qu'ils attendaient ou ce que faisait leur professeur.

- Redresse-toi, si les doyens débarquent, ça nous retombera dessus...

Elle ne le regardait même pas, peut-être parlait-elle pour elle même, peut-être espérait-elle se détendre en discutant. Megumi percuta avec un temps de retard.

- Attends, quoi ?

Nobara releva lentement la tête.

- Quoi "quoi" ?

Il se redressa sur sa chaise.

- Pourquoi est-ce que tu as parlé des doyens ?

Elle s'humecta les lèvres en fronçant légèrement les sourcils et sans savoir pourquoi, comme si son inconscient avait compris avant elle, elle sentit ses mains devenir moites sur le tissus de sa jupe.

- Je... c'est... ce matin en sortant, j'ai entendu le proviseur se plaindre à Gojo qu'ils venaient.

Elle vit les yeux de Megumi s'écarquiller et sentit ses propres mains trembler. 

- Tu as entendu pourquoi ils venaient ?

Son ton se faisait pressant, ça ne fit que raffermir son malaise.

- N-Non, mais ça doit être une simple visite-

- Alors qu'est ce qu'on fait là, nous ?!

Il avait hausser le ton, elle avait sursauter. Il s'excusa d'un regard et elle hocha faiblement la tête.

Megumi se leva et elle ne put s'empêcher de le suivre, dubitative, abandonnant la consigne et leurs chaises grinçantes. Ils sortirent dans la cour, ralentissant à cause du brutal changement de luminosité. 

- Tu as, à ce point envie de les voir ?

Elle tentait de se détendre mais sa voix tremblait elle aussi. Que ce passait-il ? Elle n'osait pas poser la question, elle avait trop peur de la réponse. Pourquoi avaient-ils été congédiés dans une pièce à l'autre bout de l'établissement ? Juste eux deux.

- Megumi...

La voix de Nobara se brisa. Elle sera les poings et il tourna son visage vers elle. Elle le suivait à grande enjambés mais sa panique la faisait ralentir.

- Tu peux courir ?

Elle hocha la tête et ils partirent vers l'entrée du lycée. Ils traversèrent les salles et les couloirs extérieurs vides. Ils ne croisèrent aucun premières ou terminales, aucun professeurs. Sans réellement savoir pourquoi, elle courait. Si enfaîte, elle savait. Elle courait car elle lisait la peur que Megumi tentait d'effacer de son visage. Elle lisait l'angoisse dans ses mouvements moins lisse et fluide que d'habitude. Elle l'avait déjà vue sur le point de se battre et ça y ressemblait, au détail près que cette fois il semblait savoir qu'il allait perdre.

En approchant du dernier bâtiment qui les séparaient de la cour d'entrée, ils aperçurent leur proviseur, Masamichi, posté pour leur faire barrage. Il attendait, tendu, au pied de deux escaliers qui se faisait face, menant à l'étage des salles de cours.

- Retournez là où on vous a demandé d'être...

Ils s'arrêtèrent, leurs poitrines se soulevant rapidement. 

- Qu'est ce qu'il se passe ? S'emporta Nobara.

- Retournez dans-

Megumi avait prit son élan et passait déjà par dessus les rembardes de l'escaliers de droite pour dépasser le proviseur. Ce dernier fit semblant de tenter de l'arrêter mais laissa retomber son bras dans un soupir.

Alors que Megumi se redressait de l'autre coté, Nobara passa auprès du proviseur. Il la laissa passer, lui l'en déconseillant pourtant.

- N'y allez pas...

Elle leva le menton et se remit à courir à la suite de Megumi. Quelques mètres plus loin, ils découvrirent les premières en rang, leurs enseignants de l'autre coté, dos à eux. Au bout de la route qui menait au lycée une imposante camionnette s'éloignait. Ils remarquèrent tout de suite qui manquait à l'appel.

Capital Pains (Itafushi)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant