OakDeath Club T2 - Georgie [TERMINÉE]

Prologue

- Maman, qu'as-tu fait ?

Georgie s'approcha de sa mère qui se balançait d'avant en arrière. Ses mains crispées et son visage arrondi dans une expression de tristesse alertèrent tout de suite l'adolescente. Une bouteille en verre était cassée à ses pieds. Du vin rouge, poisseux, colorait le parquet d'une tache noirâtre.

- Maman ?

- Elle est partie.

Georgie releva la tête, à la recherche de son père. Où était-il ? Dans son dos, elle entendit des pas approcher et elle poussa un soupir de soulagement.

- Que se passe-t-il ?

La voix grave et inquiète de son père fit sursauter Georgie. Sa mère ne semblait pas l'avoir entendue. Son mari regarda par la fenêtre pour imiter sa femme mais rien ne bougeait dans la rue.

- Je ne sais pas, gémit la jeune fille, j'ai trouvé Maman dans cet état. Je viens de rentrer de cours.

- Elle est partie, répéta-t-elle d'une voix blanche.

Le père de Georgie se rapprocha à son tour et poussa sa fille sans violence. Il était comme ça : bourru mais pas méchant.

- Où est Marilyn ?

Il avait empoigné l'épaule de sa femme fermement. Lui seul comprenait son fonctionnement en période de crise d'angoisse. Georgie était incapable de l'aider dans ces moments-là.

Désemparée, elle observa son père et ses yeux tirés de fatigue.

- Partie.

C'était toujours la même chose. Sa mère débloquait. Sa folie lui arrachait les cheveux. Littéralement. Georgie l'avait déjà vu s'enlever de grandes touffes de cheveux roux en gémissant. De tristesse plus que de douleur.

- Partie où ? Chérie, parle-moi. Que s'est-il passé ?

Le visage de sa mère passa alors de la tristesse à la colère en une petite seconde. Georgie écarquilla les yeux face à cette transformation qu'elle n'avait encore jamais vue. Son père lui lança un regard en coin, signe qu'elle devait partir.

Mais l'adolescente avait un très mauvais pressentiment.

Demain, elle fêterait ses dix-huit ans. Elle deviendrait une adulte. Bien que la majorité absolue ne soit qu'à vingt et un ans, son père lui avait dit qu'il la laisserait tranquille dès ses dix huit ans. Elle serait libre de faire ce qu'elle souhaiterait. D'assumer les responsabilités de la vie. De partir loin d'ici. Pour ne pas faire les mêmes erreurs qu'avec Marilyn.

Et pourtant, son père continuait de lui ordonner du regard de déguerpir, parce qu'il savait que ce n'était pas beau à voir. Il voulait continuer de la protéger.

Georgie hocha lentement la tête et laissa ses parents seuls.

Elle décida d'envoyer un SMS à Jason pour lui demander de la rejoindre dans le jardin. Elle n'avait pas envie de rester seule à broyer du noir.

Son meilleur ami déboula sur sa pelouse en enjambant la courte clôture qui séparait les deux propriétés. Sa manière de se déplacer était toujours la même : brute et rapide. Pas de temps à perdre avec Jason. Jamais.

- Ma mère ne veut pas que je traine, fit-il en s'asseyant à côté de Georgie qui le fixait avec soulagement, elle m'a préparé un gâteau.

L'amour que portait Betty à son fils dépassait tout ce que Georgie avait toujours connu. Des fois, elle jalousait Jason, avant de se rappeler qu'elle avait un père présent qui aidait actuellement sa propre mère.