Chapitre n°36

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Georgie s'observait dans la vitre sans teinte, les poings serrés devant elle.

Les menottes brillaient autant que son regard colérique.

- Eh oh ! J'ai demandé à voir quelqu'un, bande de trou du cul ! J'en ai ma claque d'attendre !

Elle savait que quelqu'un l'observait de l'autre côté de la vitre. Elle pouvait presque sentir le regard qui profitait de sa condition pour l'examiner sous toutes les coutures.

Au moins, quelqu'un lui avait refilé un jogging et un pull chaud.

Des flashs de la descente des flics à l'Organisation lui parvenaient par brides, comme si Georgie n'avait pas vraiment été là. Elle avait lâché son couteau dès le moment où on lui avait hurlé dessus. Karl aurait été étonné de son obéissance mais elle s'en fichait. Sur le coup, survivre avait été sa principale mission. Georgie savait bien que les policiers de Portland tiraient à vue. Ensuite, les cris des policiers avaient empli la pièce quand Jesus avait commencé à se débattre. Hash avait été emporté rapidement par des ambulanciers et Jesus l'avait suivi dans la seconde. Georgie n'avait montré aucun signe d'agressivité envers les forces de l'ordre mais elle avait tout de même reçu un coup de poing dans la mâchoire avant de sentir les menottes lui écorcher les poignets.

Paul lui aurait fait remarquer que cette précaution de la part des policiers signifiait qu'elle était dangereuse pour eux. C'était donc très flatteur.

Depuis, les heures passaient lentement, sans plus d'informations.

On lui avait apporté à manger, ce qui signifiait qu'elle allait rester là encore un moment. Au début, elle voulut jouer la rebelle et ne rien toucher à son plateau mais elle finit par se dire que c'était peut-être son dernier repas avant la prison et qu'elle devait donc le savourer. Surtout qu'on lui avait servi un menu du fast food proche du commissariat de Portland et qu'elle doutait que tous les suspects obtiennent le même traitement de faveur.

Repue de son repas et emportée par la fatigue, Georgie posa délicatement sa tête contre ses avant-bras, évitant soigneusement ses menottes, pour dormir quelque temps. Lorsqu'elle se réveilla, quelqu'un était assis en face d'elle, le nez dans des dossiers.

Aussitôt, Georgie recula de la table en sursaut et grimaça quand ses menottes lui tirèrent la peau. Ainsi attachée à la table, elle ne pouvait pas aller bien loin.

L'homme en face d'elle venait de refermer un dossier et l'observait en silence.

- Qui êtes-vous ?

Georgie estima son âge à environ cinquante ans, à cause de ses cheveux poivre et sel qui lui rappelaient la coupe de Karl. Il ne portait pas de barbe ou de moustache, permettant ainsi de distinguer de nombreuses cicatrices au niveau de sa bouche. Ses yeux marrons étaient difficiles à cerner, d'une neutralité angoissante, presque sans vie.

- Je suis un agent des forces de l'ordre.

- Je me doute que vous n'êtes pas un mafieux de gang du coin, cracha Georgie.

Il esquissa un petit sourire en coin.

- Les apparences sont parfois trompeuses, vous savez.

- Sans blague ?

C'était à elle qu'on disait ça ? Elle qui avait dû endosser le rôle d'une personne amnésique aux responsabilités aussi insensées que flippantes dans une secte sexuelle sans rien y connaître ?

- Je dois vous poser quelques questions, reprit-il calmement.

S'il était là pour parler de l'Organisation, il n'allait pas être content d'apprendre que lui et ses copains s'étaient trompés de cible.

OakDeath Club T2 - Georgie [TERMINÉE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant