Madness

Chapitre 10

Un mois s'était écoulé depuis que le couple avait déménagé. Désormais installés sur une haute colline, leur domaine offrait une vue imprenable sur la ville devenue minuscule à leurs yeux. La villa était magnifique, entourée d'un vaste jardin parfaitement entretenu. La maison, elle aussi immense, pouvait accueillir jusqu'à vingt personnes. Arya se demandait pourquoi vivre dans un tel endroit à deux, mais elle comprenit rapidement en voyant le nombre de personnes travaillant pour Jungkook. Elle ne connaissait aucun d'entre eux. Jungkook avait strictement interdit à ces employés de s'approcher d'elle ou de lui parler plus que nécessaire. Initialement, ils ne prenaient pas cette consigne au sérieux, qualifiant leur jeune supérieur d'"arrogant et prétentieux, qui se prend pour je ne sais qui et qui manque d'expérience". Jusqu'au jour où l'un d'entre eux fit un compliment à Arya pour provoquer Jungkook. Le jour même, il disparut et plus personne n'eut de ses nouvelles.

Quant à Jungkook, en seulement un mois, il s'était particulièrement distingué de tous les autres trafiquants. En un temps record, il avait maîtrisé ce que plusieurs avaient appris en des années. Fort en combat, agile, éloquent, rusé, précis dans sa maîtrise de l'arme, il ne craignait rien ni personne, agissant discrètement dans les quartiers isolés, pauvres et dangereux où les gangs sévissaient. Les rencontres se terminaient parfois en bons termes, mais d'autres fois, elles étaient marquées par des scènes de violence avec des corps massacrés jonchant le sol. Ces horreurs lui procuraient un sourire, représentant sa victoire. Son nom, "JK", commençait déjà à se faire entendre dans ces endroits sombres où les crimes étaient monnaie courante. Certains admiraient sa puissance, d'autres l'enviaient, le haïssaient ou le craignaient. Mais pour lui, l'opinion des uns et des autres importait peu. Son seul intérêt était Arya. Cependant, à mesure que le temps passait, la flamme qu'elle avait pour lui s'éteignait peu à peu.

Arya détestait cette vie de captivité imposée. La maison grouillait d'étrangers, ne lui procurant plus le même confort qu'auparavant. Surtout quand Jungkook était là. Elle s'efforçait de sourire, masquant ses tremblements intérieurs. Ses réponses étaient soigneusement mesurées pour éviter toute colère de sa part. Même si parfois la tentation était présente, elle trouvait toujours une excuse pour repousser ses avances. Elle ne voulait plus rien avoir à faire avec lui, et simplement partir. La nuit, lorsque Jungkook partait pour une mission ardue et rentrait très tard, elle profitait du calme pour se replonger dans les souvenirs passés, où tout était normal. Certains souvenirs étaient joyeux, d'autres tristes, mais dans les deux cas, elle était heureuse, entourée de la personne la plus chère à son cœur. Aujourd'hui, elle ne vivait plus que dans un cauchemar dont elle espérait s'échapper...

'《Tu resteras avec moi jusqu'à ton dernier souffle, que tu le veuilles ou non.》' Les paroles de Jungkook résonnaient dans mon esprit. Cette nuit-là, le sommeil m'avait fui. Je me perdais en réflexions sur la manière dont ma vie avait radicalement changé. Comment en étions-nous arrivés là ? Mes amis, mon travail... Depuis mon arrivée ici, une seule idée obsède mon esprit : m'évader. Revenir à ma vie, retrouver ma liberté. Ce ne serait certainement pas une tâche aisée, et en cas d'échec, je savais que ma prochaine résidence serait une tombe. Pourtant, je préférerais recevoir une balle dans la tête plutôt que de continuer à vivre ainsi.

Je tenais un livre que je ne lisais même pas. J'avais ouvert une page au hasard pour donner l'impression d'être occupée. Jungkook avait les yeux rivés sur l'écran de son ordinateur, concentré. En y réfléchissant, je ne savais toujours pas précisément en quoi consistait son travail. Je savais juste qu'il était dangereux et illégal. En le regardant un peu plus longuement, je remarquai qu'il fronçait les sourcils et mordillait sa lèvre inférieure, comme un enfant essayant de résoudre une énigme. Un sourire morose se dessina sur mes lèvres. Certaines de ses habitudes n'avaient pas disparu. Il agissait de la même manière qu'avant lorsqu'il cherchait les mots justes pour rédiger ses rapports de travail. Je baissai la tête, submergée par la nostalgie. 'Suis-je vraiment prête à le quitter ?' Bien sûr que non. Pourtant, c'était la meilleure décision à prendre.