VI. Chapitre 9

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Cachés dans la nature, derrière les arbres imposants de la forêt, Jungkook et Junho observaient la maison des Choi en silence, leurs silhouettes presque indiscernables sous la lumière du jour déclinante. Le soleil était encore visible, mais il se dissimulait peu à peu derrière un épais voile de nuages sombres qui s'accumulait à l'horizon, annonçant l'arrivée imminente d'une tempête. L'air était chargé d'une tension électrique, une sorte de calme effrayant qui précède toujours les pires désastres.

Jungkook avait tout planifié avec une précision glaçante, chaque détail soigneusement calculé. Il savait qu'Anya, la mère de Jack, resterait à la maison cet après-midi-là. Elle vaquait à ses occupations, sans se douter que l'équilibre de son monde était sur le point de se briser. La forêt, habituellement animée par les bruits de la nature, semblait retenir son souffle, reflétant la gravité du moment.

Dans quelques instants, Jungjae allait quitter cette maison, se préparant à une journée de travail comme tant d'autres. Mais il ignorait que, lorsqu'il refermerait la porte derrière lui, ce serait la dernière fois qu'il reverrait sa femme, qu'il sentirait la chaleur réconfortante de son foyer et qu'à son travail, il ne s'y présentera jamais. La tempête qui se préparait à se déchaîner reflétait le drame qui allait se jouer dans les minutes à venir, comme si la nature elle-même pressentait la tragédie et se préparait à en être le théâtre.

Chaque élément du plan de Jungkook était en place, prêt à se déployer avec une efficacité terrifiante. Le calme avant la tempête semblait faire écho au calme qui régnait en lui, une sérénité glaciale alors qu'il se tenait au seuil de l'irréversible. Le vent commençait à se lever, agitant les branches des arbres, comme un dernier avertissement, un souffle qui marquerait bientôt le début de la fin pour la famille Choi.

Soudain, la porte de la maison s'ouvrit, et la silhouette de Jungjae apparut dans l'encadrement. Il se retourna rapidement vers sa femme, laissant un chaste baiser sur ses lèvres avant de se précipiter vers sa voiture, son esprit déjà tourné vers la journée de travail qui l'attendait. Anya sortit elle aussi, se posant contre l'encadrement de la porte, le regard suivant son mari alors qu'il entrait dans la voiture.

Les yeux de Jungkook s'écarquillèrent en apercevant la maigreur cadavérique de la dame. Anya n'était plus que l'ombre d'elle-même, une silhouette effrayante, composée d'os saillants et d'une peau pâle qui semblait presque translucide sous la lumière grisâtre du jour. Ses joues étaient creusées, laissant entrevoir la structure de ses pommettes, et ses bras, nus sous la manche légère de sa robe, ressemblaient à de minces brindilles prêtes à se briser au moindre souffle de vent. Ses yeux, enfoncés dans leurs orbites, brillaient d'une lueur éteinte, comme si la vie ne tenait en elle que par un fil. Comment une femme avec un corps aussi amaigri pouvait-elle encore être en vie ?

Il fut soudain pris d'un étrange sentiment de malaise, une sensation inconnue qui le dérangea au plus profond de lui. Jungkook n'avait jamais rendu visite aux familles de ses victimes. Il ne savait pas comment la perte d'un être cher pouvait affecter une famille, n'en ayant jamais eu lui-même pour comprendre cette douleur. Le voir ainsi, l'effet dévastateur que la mort d'un fils pouvait avoir sur une mère, était quelque chose de nouveau et de troublant pour lui.

Cherchant une réponse, il riva son regard vers Junho, espérant y trouver une certaine forme de réconfort ou de compréhension. Mais Junho, plus expérimenté et plus endurci que lui, resta de marbre. Son visage demeurait inexpressif, ses yeux simplement rivés sur la scène qui se déroulait devant eux, observant avec un calme glacial les gestes des derniers membres de cette famille qui ne tardera pas à s'éteindre à jamais. Contrairement à Jungkook, Junho comprenait bien la sensation qui flottait dans l'air, ce sentiment d'inévitabilité qui planait au-dessus de la famille Choi, mais il l'avait depuis longtemps enterré sous une couche d'indifférence froide, l'ayant déjà expérimenté à plusieurs reprise au point que c'en était devenu une routine. Pour lui, il ne s'agissait que d'une étape, une fin attendue dans une vie vouée au calcul et à l'exécution parfaite.

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