Madness

II.Chapitre 5

Il fait tellement froid, pensai-je.

Cela faisait plus d'une demi-heure que je traînais dans les rues, sans but précis. Il devait être bien passé minuit, et se balader à cette heure-ci, surtout dans ma tenue légère, n'était pas la meilleure idée. L'idée de me réfugier chez Suzanne et Hyuna m'était venue, mais je savais pertinemment que ce serait là que Jungkook commencerait ses recherches. Me cacher chez elles serait comme chercher à dissimuler une trace de poudre sur une table devant un détective.

Je soupirai en sentant la fatigue et la faim me ronger. Le froid semblait s'infiltrer jusque dans mes os, chaque souffle d'air glacial accentuant mon inconfort. J'avais mal partout et le sommeil me gagnait de plus en plus. Et dire qu'à peine ce matin, je me trouvais dans un lit hyper confortable avec des draps bien chauds... Je commençais à comprendre ce que cela signifiait réellement d'être sans abri, complètement vulnérable aux dangers de la nuit.

En regardant autour de moi, je reconnaissais peu à peu les rues. 《Tiens, je ne dois pas être très loin de notre ancien appartement.》 La nostalgie me submergea alors que je marchais lentement. En quelques mois seulement, tout avait changé, et chaque coin de rue semblait me rappeler à quel point ma vie avait pris un tournant brutal. Mon cœur se serra en arrivant devant cette résidence où j'avais partagé des moments de bonheur et des épreuves.

Je poussai la porte du hall principal et ressentis immédiatement la chaleur du chauffage. Un soupir de soulagement m'échappa alors que je sentais la température de mon corps se normaliser. Je commençai à monter les marches, chaque mouvement semblait être un défi, mes jambes pesantes comme des troncs d'arbre. En arrivant enfin devant la porte de notre ancien appartement, je la touchai doucement, comme si cela me permettait de renouer avec un passé meilleur.

La porte s'ouvrit soudainement, me faisant sursauter. Je découvris une vieille dame, petite, potelée, au visage ridé et crispé, qui me regarda avec une colère manifeste.

《Je peux savoir qui vous êtes ?》 Sa voix aiguë et rauque était loin d'être accueillante.

《Je...》 Je n'eus pas le temps de répondre avant qu'elle ne me coupe.

《Vous devez sûrement être la petite pute de l'autre voisin, hein ?》

《Quoi ? Mais...》 Je tentai de protester, mais elle me coupa à nouveau.

《Allez-vous-en, sinon j'appelle les flics. J'en ai marre de toutes ces perturbations dans ma résidence ! C'est devenu un bordel !》 Et avant que je puisse dire quoi que ce soit, elle me claqua la porte au nez.

《Donc... je viens tout juste de me faire traiter de traînée et de me faire claquer la porte au nez. Super.》

Je soupirai, me laissant glisser sur une marche, épuisée. Mes paupières étaient si lourdes que je n'avais qu'une seule envie : dormir.

《Excusez-moi, vous allez bien ? Vous n'avez vraiment pas l'air en forme...》

Je relevai lentement les yeux pour voir une jeune femme magnifique, bien que peu vêtue. Elle était à peine plus grande que moi, jeune, mince, avec des cheveux bruns lissés et une jupe très courte assortie de collants à carreaux et d'un soutien-gorge noir dentelé. À la vue de mon regard, elle baissa la tête, visiblement gênée.

《Excusez-moi, j'étais en train de me préparer pour sortir, mais j'ai entendu des cris, alors je me suis précipitée sans me couvrir.》

Je me levai doucement du sol en secouant la tête.

《Non, c'est plutôt à moi de m'excuser de t'avoir mise mal à l'aise. Après tout, je ne suis pas en meilleure forme.》 Je lui souris faiblement. 《Comment t'appelles-tu ?》