❝ 𝚚𝚞𝚊𝚛𝚊𝚗𝚝𝚎-𝚚𝚞𝚊𝚝𝚛𝚎 ❞

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Bonne lecture !

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Keiji vole pendant des jours.

Il surplombe l'orphelinat, s'échappe d'une fenêtre, passe au-dessus du lac. Il observe gentiment, car c'est un peu son rôle. Keiji n'est pas bavard, sa gorge s'épuise rapidement, et il n'a vraiment aucune envie d'interroger des enfants au hasard pour leur parler des objets disparus.

Tooru le fait. Hajime le fait. Kuroo empêche Suguru d'aboyer sur les gens en le faisant avec lui. Kotaro fait coucou à Keiji quand il passe non loin, et finit par oublier le but de sa conversation : il discute avec un peu tout le monde sans se soucier de son but.

Au départ, c'est un peu innocent. Ils parlent tous, Keiji surveille, ne voit rien.

L'été est vraiment en train d'arriver : il y a eu une grande pluie, du tonnerre et des éclairs, un orage qui a obligé Suguru à se transformer en loup pour aller dans la chambre de Kuroo. Kotaro a toqué à la porte de Keiji. Hajime a changé de lit. Shoyo s'est glissé dans celui de Kenma.

Puis la vie a repris et les recherches aussi.

Keiji n'aime pas ça. Ça fait des jours que ça dure, des jours qu'il s'échappe après le petit-déjeuner pour survoler le jardin ensoleillé, le terrain où les garçons jouent au volley. Il passe devant les chambres et jette un œil, puis s'échappe à nouveau et recommence. Keiji profite de l'air tiède, de l'odeur de l'altitude, et la sensation de ses pieds qui quittent le sol.

Il profite, et se rend compte un jour que l'ambiance est lourde.

Il descend au dîner, et personne ne parle. Shoyo se mord la lèvre, Kenma fusille Suguru du regard, et tous les autres fixent leurs assiettes avec leurs bouches pincées. Certains ont l'air en colère, certains ont l'air un peu tristes, et ils manquent quelques enfants qui n'ont même pas eu envie de descendre. Les fenêtres du bas sont presque toutes ouvertes en grand, l'air passe et traverse la pièce.

— Ils accusent tout le monde.

— C'est ridicule. Personne ne ferait ça.

— Il y a pourtant des affaires qui disparaissent.

— Mais ce n'est pas nous. Personne ne ferait ça. On est...

— On est une famille.

Une famille. Et la ligue interroge tout le monde. Tooru fouille dans leurs esprits sans se restreindre par le bon sens et le respect, et Hajime n'a même pas l'envie de l'en empêcher. Tooru tombe sur l'accident de la sœur de Shoyo, sur la manière dont Kei a un jour disparu jusqu'à ce que personne ne se souvienne de lui, sur Suga, sur Kenma, sur tous les autres.

Keiji voit peu à peu l'Orphelinat devenir hostile, et ça le détruit.

C'est à ce moment qu'un soir, en s'assoyant sur son lit, Keiji entend son chat miauler. Il fronce les sourcils, soupir car ça fait des jours qu'il ne l'a pas vu et qu'il lui manque un peu, et se relève en soulevant son matelas. Le miaulement reprend, le lit grince, et Keiji cligne des yeux plusieurs fois. Sous les lattes en bois, au milieu d'une couverture épaisse où son chat dort toujours, ce dernier l'observe curieusement.

À côté de lui, il y a des papiers de bonbons. Des chaussures abîmées. Une écharpe élimée. D'autres petits objets que tout le monde cherche depuis des jours et des jours.

La mâchoire de Keiji se décroche.

— Oh non, souffle-t-il. C'est toi ? C'était toi ?

Il tend les bras, prend l'animal qui ne proteste pas (jamais avec lui) et le caresse en le serrant fort. Il le caresse un instant avant de trouver le courage de sortir de sa chambre pour aller toquer à celle de Tooru et Hajime.

Le lendemain matin, la ligue s'excuse auprès des autres. Ils mettent quelques semaines à être pardonnés, mais ça arrive.

Et l'Orphelinat redevient comme avant.

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Day after day among extraordinary children || HaikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant