❝ 𝚟𝚒𝚗𝚐𝚝-𝚜𝚒𝚡❞

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Bonne lecture !

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Hajime a dit qu'il y penserait, et c'est bien ce qu'il compte faire.

En vérité, après des années passées auprès de Tooru, leurs épaules côte à côte et leurs sourires complices, il a appris a faire quelques petites choses. Ne pas penser. Oublier des choses. Mettre ce qu'il ne veut pas partager dans un coin de sa tête, et ne les ressortir que plus tard, quand il est seul.

Donc, même avec un meilleur ami capable d'entendre ses pensées, il peut garder des choses pour lui. Mais il a dit à Mika qu'il y penserait, alors Hajime attend le retour de Tooru, allongé dans le lit de son meilleur ami.

Quand ils sont arrivés à l'Orphelinat, la question de leur chambre ne s'est même pas posée. Le professeur leur en avait préparé deux, et Hajime a déplacé son lit dans la plus grande. C'était logique, c'était comme ça que ça devait se passer. Hajime appréciait la tranquillité, mais pas la solitude.

Et si Tooru n'était pas là, alors il était seul. Entouré par d'autres dizaines d'enfants ou non.

Les yeux fermés dans le noir, la fenêtre grande ouverte qui laisse passer une brise, les rideaux en mousseline qui claquent légèrement, Hajime attend. Il sait que Tooru ne va pas tarder. Son esprit est encore vide, mais il resserre les couvertures autour de ses épaules et enfonce sa tête dans l'oreiller.

L'odeur le calme un peu, puis la porte s'ouvre.

Ce qu'il entend d'abord, c'est les pas du chien. Il trottine jusqu'au lit de Tooru dans lequel il se trouve, et Hajime peut presque le voir lui lancer un regard. Un regard qui lui demande ce qu'il fait là sur son territoire.

Hajime a envie de lui répondre qu'il était là bien avant lui, mais ça serait bête, parce que techniquement le chien n'a rien dit.

La voix de Tooru résonne dans la pièce :

— Ça fait longtemps.

Hajime le sent se glisser à ses côtés, étendre ses jambes à gauche des siennes, lui faire face et sourire contre l'oreiller. Il attend quelques secondes : Hajime le regarde, lui et ses cheveux un peu décoiffés par la course qu'il a du faire dehors, lui et son souffle un peu rapide, lui et son odeur, presque la même que celle qu'il a dans le nez depuis trente minutes.

Puis Hajime ouvre le placard dans sa tête, et libère les pensées qu'il voulait garder pour lui. Solitude et jalousie ridicule ; il voit le visage de Tooru, éclairé par la lune, doucement se décomposer. En moins de trois secondes, il se rapproche et entrecroise leurs doigts.

— Hajime...

— Je sais que c'est débile, le coupe-t-il. J'y peux rien, je crois.

Pendant un instant, on n'entend plus que le vent qui s'engouffre dans la pièce. Leurs pieds se touchent, Tooru se rapproche encore : il serre les doigts de son meilleur ami, puis ancre son regard dans le sien. Le contact dure longtemps.

— Désolé, souffle-t-il. Je crois que j'ai fini par oublier.

Oublier que pendant une période, Tooru était le seul à vraiment compter pour lui. Que les sentiments d'Hajime ont toujours été calmes et effacés, presque inexistants, sauf quand cela le concernait.

Que petit, avant de le rencontrer, ses parents avaient consulté pas mal de médecins pour savoir pourquoi leur fils ne riait pas, ou ne parlait pas. Pour comprendre ce qui n'allait pas chez lui.

Hajime secoue la tête.

— T'as pas à te forcer. On est pas obligé d'être toujours ensemble.

Tooru fronce les sourcils.

— Mais je veux qu'on soit toujours ensemble. C'est juste que....

Il a l'air de chercher ses mots, et Hajime s'en veut de lui faire ça : il ne voulait pas d'excuses ou d'explications. En vérité, il ne sait pas trop ce qu'il espérait. Est-ce que partager des émotions n'est pas suffisant ? Tooru sait, et lui se sent un peu mieux : dire ou penser ce qu'il a sur le cœur ne devrait pas les mettre tous les deux si mal à l'aise.

Il prend une inspiration.

— Je veux continuer à dormir avec toi. Même si on est plus des gamins. Et faire tous ces trucs qu'on faisait avant.

Cette fois, c'est Hajime qui serre les doigts de Tooru, et ce dernier l'observe avec surprise. Leurs fronts se touchent, et ils sourient.

Hajime ne sait même plus si c'est encore du chien qu'il parle.

— Je..., commence Tooru. Je pensais que ça te dérangeait pas. Qu'on ne soit plus autant ensemble. Comme tu ne pensais rien, je croyais...

Il se tait, et se mord la lèvre. Finalement ses lèvres s'étirent et il tente un sourire un peu gêné, qui fait rire Hajime. La brise revient, ils se lâchent enfin.

La chambre redevient silencieuse, les pensées se libèrent et s'éparpillent, et Hajime est le premier à s'endormir. Les yeux fermés, Tooru rejoint son rêve sans un bruit.

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Day after day among extraordinary children || HaikyuuOù les histoires vivent. Découvrez maintenant