Capìtulo diecisiete : Une réunion au sommet

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« As-tu compris ?

— Oui...

— Alors répète. »

Les mots, prononcés d'une voix de marbre, s'élevèrent dans le couloir, se perdirent dans sa profondeur avant de revenir aux oreilles d'Orihime dans un écho plutôt désagréable. La jeune femme n'appréciait guère se faire dire quoi répondre d'autant qu'elle n'y accordait aucun crédit. C'est sans enthousiasme qu'elle réitéra les paroles qu'Ulquiorra lui avait imposé de prononcer :

« Je suis loyale à Maître Aizen. Mon âme, mon corps ainsi que mes pouvoirs n'appartiennent qu'à lui et à lui seul. »

Sa voix lasse sonna particulièrement fausse pour le ténébreux qui ne put réprimer un bref soupir d'affliction. Comment pouvait-il la préparer convenablement pour l'entrevue si elle-même ne semblait pas convaincue par ses propos ? Ne voyait-elle pas qu'il essayait d'agir dans son intérêt ?

Distant de quelques pas, les mains dans le dos, il avançait tout en réfléchissant aux différentes éventualités de cette réunion au sommet. Derrière lui, Orihime traînait des pieds, inquiète. Plus loin elle se tenait de ce Shinigami, mieux elle se portait. Mais voilà qu'aujourd'hui, il fallait qu'elle affronte son regard doucereux empreint de violences latentes et ses paroles mielleuses qui sonnaient comme des affronts.

Régulièrement depuis sa captivité, elle se demandait quel pouvait bien être son rôle dans toute cette histoire. D'après elle, ses pouvoirs n'avaient que bien peu d'intérêts. Ils lui servaient tout juste à se défendre et à panser des blessures. Alors peut-être désirait-il qu'elle soigne les membres de son armée ? Ou ne servait-elle qu'à déstabiliser ses amis ? Est-ce qu'Aizen lui réservait un destin plus sombre qu'elle ne pouvait concevoir ? Et puis, depuis combien de temps était-elle enfermée dans cette forteresse monochrome ? Les yeux dans le vague, la rouquine se posait tout un tas de questions qui resteraient certainement encore un moment sans réponse.

« A quoi penses-tu ? » interrogea brusquement Ulquiorra après quelques minutes de silence.

Orihime sursauta à l'interpellation. Cela la fit sortir abruptement de ses songes.

« A rien, s'empressa-t-elle de répondre.

— Inutile de mentir. »

Sans qu'elle ne sache pourquoi, ses pommettes s'échauffèrent et prirent une teinte rosée. Pouvait-il lire à travers ses pensées ? Ou était-elle si mauvaise comédienne ?

« Je... je me demandais juste depuis combien de temps j'étais retenue ici.

— Un mois dans ton monde humain, ce qui équivaut à dix jours au Hueco Mundo.

— Un mois... », murmura-t-elle tristement avant de reprendre à voix haute : « Le temps ne s'écoule pas de la même manière ? »

— Non. Les lois temporelles qui régissent nos deux mondes ne sont pas les mêmes. Le Hueco Mundo est la dimension dans laquelle le temps s'écoule le plus lentement, puis vient la Soul Society et le monde des humains. »

La jeune femme acquiesça tout en maintenant son regard baissé sur le sol en pierre brute du palais. Un mélange d'étonnement et de chagrin parcourait son corps frêle. Cela faisait déjà un mois qu'elle s'était absentée de son monde... Au plus profond d'elle, elle fut attristée de ne pas avoir de nouvelles de ses amis... S'ils n'étaient pas venus depuis tout ce temps, alors ne viendraient-ils peut-être jamais. Cette constatation lui fit de la peine, mais elle se sentait tout de même soulagée. Au moins ne risquaient-ils pas leur vie par sa faute. Cela suffit à apaiser sa tristesse et lui mettre un peu de baume au cœur.

De l'ombre à la lumière étincelanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant