Capìtulo Nueve : Quel monde pitoyable

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Aizen marchait avec assurance dans les couloirs vides du palais, Gin à ses côtés. Chacun de leurs pas résonnaient dans ces grands dédales blancs aussitôt perdus et oubliés. Son esprit était rempli d'images de sa future victoire écrasante sur le Seireitei, et venait conforter sa virilité. Il s'imaginait déjà triomphant de tous les Shinigami, et surtout triomphant du sacrosaint Roi du monde spirituel. Oh oui, se représenter mentalement cette pourriture le genou fléchi face à lui le faisait jubiler. Devenir un être divin, c'est tout ce à quoi il aspirait. Rien ne pouvait l'empêcher de mettre à exécution ses plans, il en était convaincu. Un être sacré comme lui ne pouvait que réussir avec brio et panache. Le mot échec ainsi que tous autres termes qui se rapprochaient de sa définition étaient bannis de son vocabulaire, et ce, depuis le début de son existence céleste. C'est le cœur léger qu'il se rendit dans les laboratoires souterrains de Szayel. C'est ici que se réalisaient les expériences du scientifique. D'un point de vue éthique, ces expérimentations étaient pour le moins discutables. Pour l'Espada, tout cela n'était rien de plus qu'un jeu. Un jeu macabre qui lui permettait d'assouvir ses besoins primaires de découvertes.

« Ah, vous voilà Aizen-sama, je vous attendais. »

Avec élégance, il s'inclina respectueusement devant son souverain, une main posée à plat sur son torse. Il se redressa ensuite, un large sourire peint sur le visage. Des giclures de sang rougeâtres venaient colorer ses vêtements d'un blanc immaculé. Quelques fines gouttes crépissaient ses joues et son front ce qui complétait à merveille la tenue du parfait psychopathe. Les souillures sur ses pommettes ne tardèrent pas à fusionner entre elles pour finir par dégouliner jusqu'à la commissure de ses lèvres. D'un coup de langue et avec délectation, il recueillit le précieux nectar sous l'œil ahuri de Gin dont le sourire s'était évaporé. Les yeux de l'Arrancar débordaient d'une folie presque démoniaque.

Il tenait dans sa main un outil qu'Aizen détailla rapidement. Il était long, massif, certainement en fonte. Sans grande stupéfaction, la tête de l'engin était elle aussi recouverte de sang. Le liquide ruisselait des mains du scientifique jusqu'à l'extrémité de l'instrument pour finir par s'écraser au sol, à l'origine d'une petite flaque pourpre. Il ne s'agissait, ni plus ni moins, que d'une tenaille avec un large bec. Des pics étaient érigés vers l'intérieur où un morceau de chair noirci semblait encore être accroché.

« Vous tombez bien, je viens tout juste de recueillir le dernier échantillon ! »

C'est avec délicatesse et d'un calme olympien qu'il déposa son arsenal sanglant sur un chariot en acier. Il prit un torchon souillé entre ses mains, se les essuya rapidement avant de redéposer le tissu chiffonné. Une fois ses mains lavées des atrocités qu'il venait de faire subir, il soupira d'aise.

« Ce n'était pas chose facile, le dernier m'a donné beaucoup de fil à retordre. Il faut dire que ce n'est pas vraiment commode les Hollows martyrisés... » Sa phrase en suspens, il haussa les épaules et soupira tout sourire : « Enfin... »

C'est au cours d'effroyables expériences de tortures, aussi bien psychologiques que physiques sur les Hollows, que Szayel s'était aperçu qu'un de ces monstres avaient sécrété quelques fines gouttelettes cristallines qui s'écoulaient au coin de ses yeux. Il avait aussitôt analysé cette mystérieuse substance et en avait déduit qu'il s'agissait d'un pur concentré d'âme liquide qui révélait des propriétés inconnues jusqu'à maintenant, d'un niveau spirituel très élevé. Bien plus que le reiatsu du porteur d'origine. Seulement, il n'était pas si aisé que cela d'obtenir ces quelques particules. L'âme devait se situer dans un état simultané de vie et de mort. Autant dire qu'il était très difficile et délicat à atteindre tant les chances d'y parvenir étaient infinitésimales. Si Szayel allait trop loin dans l'épreuve de torture, le monstre se désagrégeait, et tout était à recommencer avec un nouveau cobaye. Chose étonnante, une fois cet équilibre parfait atteint, le Hollow ne se dispersait pas au sein du Hueco Mundo. Le corps demeurait entier, intact -du moins, dans l'état dans lequel Szayel l'avait laissé-, et dépourvu de toute énergie spirituelle. Chacun d'eux ne libérait qu'une quantité infime de concentré, c'est pourquoi plus de mille Hollows furent nécessaires à l'élaboration de la larme de la désolation.

De l'ombre à la lumière étincelanteOù les histoires vivent. Découvrez maintenant