Chapitre 5 : Je suis une célèbrité, sortez moi de là !

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Pendant que les flashs des paparazzis m’ aveuglent, les télévisions de la Station arrêtent de diffuser les documentaires sur les licornes et laissent place à un flash info : les scientifiques nous informent que le nuage de poussière soulevé par la météorite remonte en ligne droite vers Italina. À cause de cette poussière notre planète ne sera plus habitable pour un temps indéterminé, et cela commencera dans trois jours.
J'entends alors le bruit d’une fanfare au loin : et la totalité des habitants de la planète arrive , tous équipés de pancartes , casquettes, t-shirt, drapeau, badges ornés de ma (magnifique) figure . Ils sont tous en train  de scander mon nom et effectuent une chorégraphie spéciale (en agitant des serviettes de plage ). Je prends la fuite, terrorisé, Wapapatte qui était entre-temps  sorti du vaisseau se frotte contre mes jambes pourvues de tentacules et me fait tomber. La foule hystérique me  rattrape en me piétinant au passage . Les habitants, n’ayant pas remarqué qu’ils marchent sur leur idole continuent leur folle course et rentrent dans un mur.

Quand ils se sont tous assommés en tombant( effet domino ), seule une vieille alien qui s’était faite distancer, reste debout et s'écrie :
-Il est là, voilà notre iiiiiidole !!!
Et la foule se relève comme un seul alien, reprenant sa poursuite.
Je me remets à courir et je m'introduis dans la première maison fraise qui se présente à moi.

Merde. Je suis chez le Président. Je veux sortir mais la foule arrive et je cours tout droit vers une porte entrouverte : seul problème, c'est le bureau du Président, lequel est justement en train de discuter en visio avec les dirigeants des planètes les plus proches. C'est une réunion très importante car c'est celle de la négociation de la paix entre planètes ( et du coup ses habitants) intelligentes ( sauf les humains morts qui de toute manière n'auraient pas été invités). Seul problème : je suis déjà entré dans la salle et la foule me suit en piallant et en faisant tomber les décorations, nous faisant passer pour des abrutis qui ne méritent pas de participer à ce conseil des planètes intelligentes. L’animateur de la réunion bannit alors notre Président de la réunion.

Le Président, ulcéré, se met alors à poursuivre avec ses gardes du corps la foule qui me poursuit elle-même. Les gardes du corps maîtrisent rapidement la foule et renvoient tout le monde à son domicile (en forme de fraise , bien évidemment).

Une fois tout le monde rentré chez soi,  le Président me ramène dans sa maison et me confie à des maquilleurs pour une remise de médaille de héros.

Une fois pomponné, lavé et pailleté, les gardes du corps me ramènent dans le bureau du Président où celui-ci attend, toujours en colère d'avoir été banni de sa visio. Des caméras sont posées partout dans la salle et un petit alien vert kaki tient un coussin moelleux où est posée la médaille.

Le Président commence un discours officiel où il informe la population ainsi que les planètes voisines (car Italina a une chaîne de télévision qui est retransmise dans toute la galaxie), que la Terre a été débarrassé des humains  grâce au héros Zapato :" un citoyen ordinaire de notre planète qui comme tous les autres aliens est capable d'accomplir de grandes choses" puis il embrasse deux de ses doigts et les lève vers le ciel (comme dans Hunger Games ). On m'apporte la médaille (que l'on a d'ailleurs du mal à m'enfiler à cause de ma trop grosse tête). Puis la cérémonie se termine par une salve d'applaudissement, des feux d'artifices multicolores sont lancés (et brûlent une maison fraise au passage).

En rentrant chez moi, je passe devant des écrans qui affichent une pub " La Terre, nouvelle destination de rêve pour les vacances" où on peut voir des villes de campagne paumées, ce qui pour vous, humain mort, serait inintéressant mais qui pour nous, alien pourvus de bons goûts, est la meilleure destination qui soit.

Toujours en chemin, je reçois un appel du Président, qui me dit, tout excité, que grâce à mon ingénieuse idée d'exterminer ces imbéciles d'humains, notre planète peut regagner le conseil des espèces intelligentes.

Je finis par rentrer chez moi, soulagé.
Mais mon calvaire n'est pas terminé : mes deux ( diaboliques ) enfants m'attendent sur le canapé, tout sourire.
Je trouve ça louche. Très louche.
Je leur demande ce qu'ils ont et ils commencent à me bombarder de questions ( et de coussin ) afin de tout savoir sur ma journée et mon meurtre de sept milliards de gens ( je persiste à dire que c'est la faute de Wapapatte).
"- Dit papa, c'est vrai que tu as sacrifié 7 milliards d'humains juste pour manger des viennoiseries au petit-déj ?
-Est-ce que c'est vrai que tu t'est incrusté chez le Président pendant qu'il était aux toilettes ?
-Mais non pas du tout! Qui vous a raconté ces bêtises ?
-Est ce que tu as tué d'autres gens dans la foule pour t'en débarrasser ?
- Ça fait quoi de recevoir une médaille ?
- Je peux la voir ? *bruit de casse quand la médaille s'écrase par terre en mille morceaux *
- Est ce que t'était satisfait de ton oeuvre? Est-ce que t'as fait une danse de la joie ?
- Et est-ce que les souris on eu assez à manger finalement ?"

C'est le moment que choisit Wapapatte, qui m'a sûrement suivi tout du long, pour sortir sa tête du canapé.
Je tombe dans les pommes. C'en est trop.

Chronique d'une vie alienique Où les histoires vivent. Découvrez maintenant