Nikodem était apparu dans ma vie depuis une semaine maintenant. Partout où j'allais, il y allait aussi. Il savait se faire discret et presque me laisser oublier sa présence, mais je ressentais toujours qu'il était là d'une façon ou d'une autre. Quand je me réveillais il était la première chose que je voyais, et quand je m'endormais il était la dernière chose à laquelle je pensais. C'était sans fin. Au travail, il gardait toujours ses distances pour éviter de me perturber mais la plupart du temps je faisais tout de même des recherches à son sujet car mes affectations étaient assez peu courantes hors du poste. Beacon Hills n'était plus un endroit où le danger régnait, le taux de criminalité en baisse depuis quelques années. Je me souvenais que ça n'avait pas toujours été le cas car dans mes premières affaires dans les forces de l'ordre j'avais été beaucoup sollicité sur des scènes très déroutantes. Je ne me rappelais pas vraiment à partir de quand tout avait commencé à se calmer.
Nikodem était assis en tailleur dans mon salon, se tenant face à moi alors que je jouais aux échecs sur un petit plateau que j'avais soigneusement placé sur mon parquet, bougeant une de mes pièces. Nous avions trouvé plusieurs façons de l'occuper pendant son temps avec moi, et les jeux de société dans ce genre étaient parmi ses favoris.
- Derek, bouges mon cavalier en E5.
- Nikodem, ta stratégie a l'air naze. Tu devrais plutôt essayer de bouger un autre pion.
- Mais fais donc ce que je te dis, allez. Mon cavalier en E5.Je bougeai donc son pion à sa demande, réitérant à chaque fois qu'il me demandait de déplacer sa couleur sur le plateau. Il ne pouvait pas directement agir sur ses pièces, mais déjà avoir à faire un effort intellectuel était très revigorant pour lui qui avait dû se contenter de contemplation passive pendant si longtemps. Ou non. Je le voyais bien s'amuser à réfléchir, à repasser les règles qu'il connaissait de son vivant dans sa tête pour pouvoir réapprendre à jouer. C'était fou de voir comme ses connaissances étaient restées encrées en lui, mais que dès qu'il s'agissait de chercher quoi que ce soit le concernant plus rien ne lui surgissait.
- Échec Derek.
- Mais comment !
- Je me souviens parfaitement de ce coup, je pense que j'avais l'habitude de le jouer quand j'étais encore en vie. Peut-être que j'étais un génie?
- Calme-toi, c'est juste un coup aux échecs.
- N'empêche que je suis vraiment curieux de savoir ce que je faisais avant de mourir. C'est vraiment bizarre d'être incapable de savoir quel genre de personne j'étais ni d'où je venais. Et je n'arrive à me souvenir de mes connaissances que quand je les sollicite, alors impossible de tracer le genre d'études que j'aurais pu faire ou même mes centres d'intérêts.Nikodem revêtit une nouvelle fois cet air nostalgique qu'il prenait quand il se mettait à penser à son passé inexistant. Il commença à jouer avec ses doigts, ignorant le dernier coup qu'il fallait m'asséner pour terminer la partie. Il remua la jambe nerveusement, se mordant la lèvre qui se fendit en deux sous son assaut. Comme quoi, les fantômes pouvaient être dotés de véritables émotions au même titre que les vivants. C'était toujours déroutant de le voir ainsi s'enfoncer dans ses réflexions tragiques car il était très expressif et traduisait chacune de ses pensées par un visage douloureusement transparent.
- Et même avec tes dossiers d'enquêtes rien ne me revient.. Ça n'agite rien en moi, je ne remonte pas le moindre indice de ma mémoire malgré les centaines d'histoires passées en revue. Je commence à me demander si il est possible que je me souvienne un jour de qui j'étais.
- Ne perds pas espoir Niko. On n'a pas encore tout vérifié. J'ai fais toutes les archives, mais il reste tout les dossiers confidentiels du Shérif.
- Ah oui et comment tu comptes te les procurer ces dossiers si ils sont confidentiels?
- En lui demandant. Tout simplement.
- Je ne suis pas très sûr que ça marche ta méthode Derek.
- Je ne perd rien à essayer.
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Le garçon de l'autre monde ( Sterek Fanfiction FR )
FanfictionPourquoi ce jeune s'obstine à ne pas me dire bonjour? Ce banc est à tout le monde, alors pas besoin de prendre si mal que je me mette à côté de lui. C'est presque comme si il s'attendait à ce que je ne le vois pas...