Chapitre 15 : Chase

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Je ferme les yeux...

Durant ma courte vie, plusieurs moments m'ont profondément marqué, ont fait de moi la personne que je suis aujourd'hui, la plupart se résumant à un souci de santé : un cœur défaillant et l'attente insupportable d'une greffe qui peut-être ne me sera jamais destinée.

J'ai prié jour et nuit pour survivre, moi qui n'ai jamais cru en un dieu tout puissant. J'ai toujours pensé que mon cœur serait celui qui me lâcherait, celui qui causerait ma perte, jamais de ma vie je n'ai donc envisagé que peut-être, par un tragique concours de circonstances, j'allais mourir autrement, plus jeune et n'ayant rien accompli d'extraordinaire.

Je me rappelle, une fois, allongé sur un lit d'hôpital, maintenu en vie par des appareils qui bippent à intervalles réguliers, tante Alysson m'a posé des questions :

Qui es-tu ? Pourquoi te comportes-tu de cette manière ? Qu'est-ce qui compte pour toi ? Qui compte vraiment pour toi ? Lorsque le soleil se couche, qui te rend heureux ?

Je n'ai jamais su répondre à ces questions, à aucune d'entre elles et encore aujourd'hui, alors que le spectacle de ma vie se joue devant mes yeux, aucune réponse évidente ne me vient à l'esprit.

Sauf une seule : ça serait bien dommage de mourir sans répondre à ma tante et sans trouver le pourquoi même de mon existence.

Dans l'euphorie du moment, terrorisé par une rafale de coups de feu venant d'un peu partout, dégouté par l'odeur du souffre, je me jette à terre, tentant à tout prix de m'en sortir.

Dans la foulée, je vois Lorenzo s'écrouler à terre, entouré d'une marre de sang noirâtre tandis que des dizaines de policiers armés jusqu'aux dents tirent sur nos assaillants, les abattant un à un. Du coin de l'œil j'aperçois pourtant le chef de la mafia réussir à s'enfuir, sacrifiant un de ses hommes de mains pour sauver sa peau, il se faufile et disparaît dans la pénombre, impuni.

Je tente de respirer mais bientôt, le poids des événements finit par me terrasser et sans même m'en rendre compte, je m'écroule, inconscient...

Il m'aura fallu plusieurs jours pour me réveiller et peut-être toute la vie pour m'en remettre....

-"t'es sacrément amoché mon vieux" laisse échapper une voix d'antan, qui appartient à un passé d'une autre vie.

Je ricane, me saisis de la clope qu'il me tend et en tire quelques taffes.

Ça ne me soulage pas.

-"qu'est-ce que tu fiches là ?" lui demandé-je, surpris de me retrouver face à lui après tant d'années.

Mon interlocuteur arque un sourcil amusé puis éclate de rire.

-"je suis mort" laisse-t-il échapper dans un souffle avant de reprendre :

-"je suppose que c'est le moment où on doit philosopher sur la vie et la mort et à quel point la vie vaut soi-disant le coup mais je suis mort par suicide et enterré depuis des années et c'est ton rêve à toi donc fais-moi dire ce que tu veux entendre pour te réveiller et laisse-moi repartir. Ça marche soi-disant dans les films. Ça ajoute du romantisme merdique, ma copine adorait ça."

Je le fixe quelques secondes avant d'éclater de rire.

Noah ne changera jamais, même dans la mort, même dans mon imagination.

-"comment va Meredith ?"

Il me regarde.

-"morte aussi. Sérieusement Chase, pourquoi toutes ces politesses ? Où est passé le petit merdeux ?"

Dévoile-moi Tome2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant