Chapitre 25 : Chase

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Je regarde d'un œil amusé Emma, debout près de Clementina et de sa fille Katja. Toutes les trois s'affairent à essayer de préparer des biscuits de Noël tandis que tante Alysson, assise sur un tabouret tente d'empêcher Lorenzo de dévorer la pâte crue sur les ustensiles.

— Tu vas tomber malade idiot, le gronde sa mère.

— Tu sais que j'adore les gâteaux de ma petite Katja, n'est-ce pas querieda ? lance-t-il à l'égard de sa nièce, lui décrochant un clin d'œil complice.

La petite fille s'écrie de joie, ravie de l'attention que lui porte son oncle Lorenzo. Ce dernier, complètement gaga de sa nièce, est absolument méconnaissable lorsqu'il s'assoit à une table, jouant à la poupée, inventant des histoires de princesses en détresse, de vaillants chevaliers et de dragons cruels mais stylés. Parfois, j'ai l'impression que c'est le véritable Lorenzo, pas cet homme au train de vie de débauche qui s'adonne à tous les péchés charnels, il est simplement malheureux et depuis son retour d'Afrique, j'ai la mauvaise impression que le reflet qu'il renvoie n'est qu'une façade, un personnage qu'il joue pour éviter d'inquiéter ses proches.

— Il refuse de voir un psy, entendis-je une voix chuchoter derrière moi.

Je me retourne et découvre Emiliano, debout près de moi, le regard rivé vers son frère. Il détaille ses moidres faits et gestes, une lueur d'inquiétude dans son regard ébène.

— Il a toujours été très fier, rétorqué-je dans un soupir. Il n'admettra jamais qu'il va mal.

— Je suis sur une piste.

J'écarquille les yeux, effaré. Je fais volte face et me tourne vers mon interlocuteur tentant de déceler la moindre trace de plaisanterie. Apparemment, il est très sérieux.

— Un type que je connais pense qu'il pourrait peut-être entrer en contact avec Aguilar,  explique-t-il solennellement.

— Si c'est le cas, commencé-je d'une voix pleine d'espoir. Ça voudrait dire qu'on pourrait le tenir.

— Tu veux dire le livrer à la police ?

Le ton sur lequel il vient de prononcer cette phrase me fait légèrement tiquer.

— Non ? Hasardé-je.

Emiliano secoue vivement la tête puis d'un geste las, remet ses lunettes en place. Son regard toujours rivé vers son frère, il lui décroche un sourire complice lorsque Katja lui lance une cuillère de farine à la figure.

— Attends que je t'attrape, entendis-je Lorenzo crier à l'égard de sa nièce qui déjà s'élance dans la cuisine dans des éclats de rire.

— Non, répond Emiliano après plusieurs secondes de silence.

— Que compte-tu faire ? Demandé-je bien que déjà au courant de sa réponse.

— Je dois en parler à mon frère, explique-t-il. S'il décide de le tuer alors on le tuera, Aguilar ne mérite pas la prison.

— Lorenzo le tuera sois-en certain, assuré-je.

— Je sais.

Sauf que je n'ai pas envie que mon ami devienne un tueur, qu'il ait du sang sur les mains. Lorenzo peut être très orgueilleux et je sais que pour défendre son honneur et celui de sa mère, il n'hésitera pas une seule seconde à abattre cet ennemi de sang froid, sans aucun remords en le regardant droit dans les yeux.

— Tu es avec nous ? Me demande mon ami.

— Jusqu'à la fin, promis-je.

Et je suis sincère. Si quelqu'un peut bien témoigner du calvaire que nous avons vécu entre les mains de ces crapules, c'est bien moi. J'ai assisté à ces horreurs, j'entends encore les cris de douleur de mon ami, agonisant, affaibli. Si la vengeance se présentait à lui, jamais il ne la laisserait filer. C'est bien trop tentant même si je j'approuve pas spécialement cette méthode.

Dévoile-moi Tome2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant