Chapitre 6 : Chase

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-"Lorenzo ! Arrête de baiser et sors de cette chambre !"

Je cogne vivement contre la porte de la chambre qu'occupe Lorenzo depuis quelques jours dans mon vaste appartement, il est venu d'Espagne afin de préparer avec moi notre voyage aux fins fonds de l'Afrique mais voilà qu'absolument chaque soir depuis son arrivée, il est entré dans sa chambre avec une femme différente, parfois même deux à la fois. Je ne suis pas du genre à m'en plaindre, d'autant qu'ils m'ont plusieurs fois invité à les rejoindre mais au bout de la énième nuit à ne pas pouvoir dormir, j'estime qu'il est de mon devoir de lui dire de souffler un peu.

Il sort de la chambre, uniquement vêtu d'un bas de pantalon enfilé à la hâte et qui lui retombe mollement sur ses hanches. Ses cheveux sont indisciplinés et j'arrive à entrevoir quelques marques de suçons sur sa peau bronzée. Certaines datent, d'autre sont récentes mais je sais qu'elles n'appartiennent pas à la même femme et que cet homme est prétendument fiancé à une brésilienne. Je n'arrive plus à comprendre.

-"qué pasa Chase ?" me demande-t-il en étouffant mollement avec la paume de sa main, un bâillement.

-"tu devrais laisser tes couilles se reposer un peu mon vieux ! Je les entendrai presque crier à l'aide" j'ironise en m'adossant contre un mur, les bras croisés autour de mon torse. Je lui lance un regard inquisiteur, plein de sous-entendus qu'il comprend parfaitement mais depuis quelques temps, Lorenzo déconne et il ne semble pas vouloir le reconnaître.

Il éclate de rire. Un rire creux qui ne dégage absolument plus rien. Un rire qui ne lui ressemble pas, lui qui est d'un naturel aussi joueur.

-"désolé pour le bruit, je lui demanderai de ne plus crier" me promet-il sans pour autant cacher un infime rictus, fier et insolent à la commissure de ses lèvres.

-"ce n'est pas que ça ! Tu sais, je ne suis pas du genre à juger avec qui tu couches mais tu devrais te calmer"

Il arque un sourcil moqueur, l'éclat de ses yeux devient incendiaire, mélangé à cette petite étincelle émeraude si vague et si spécifique à la fois au creux de ses iris obsidienne. Il n'y a qu'une seule personne capable d'avoir ce regard profondément tentateur, subtile mélange entre malice et arrogance, un regard vindicatif et implacable. Lorenzo me rappelle soudainement sa mère. Une femme que nul homme sur cette terre ne peut décrire car aucun mot n'est digne d'elle, une flamme mortelle, ardente, un accent de velours, des yeux émeraude empoisonnés, un visage à la beauté saisissante. La duchesse d'Espagne, la plus belle femme au monde.

Lorenzo tient d'elle, tant par sa vivacité que son esprit fougurux ou bien la façon qu'elle a de revendiquer son droit sur tout ce qui bouge. Lorsqu'elle entre dans une pièce, son aura vous interpelle, vous nargue et vous défie d'oser rencontrer son regard mortel. Maigre consolation, elle ne vous laisse pas le temps de vous débattre, elle vous achève sans que vous ne sachiez être tombé entre ses griffes. Je l'ai déjà vu se quereller avec quelqu'un si cela peut encore être qualifié de querelle et tante Alysson est aussi belle qu'effrayante.

Une Santa muerte dans toute sa solendeur funèbre.

-"dis-moi ce qui t'arrive Lorenzo, je pourrai t'aider" je lui lance sur un ton qui se veut détaché. Ce dernier ne réagit même pas. Comme si absolument tout lui glissait par dessus sa tête.

-"je vais bien"

-"ah oui ? Ce n'est pas l'impression que tu donnes ! Tu es fiancé et tu passes ton temps à baiser ! Donc j'estime qu'il y a un problème" je rétorque de vive voix sans me soucier une seule seconde de ce qu'il peut penser ou faire par la suite, si cela ne lui plaît pas, il peut toujours dégager et se trouver un hôtel où il n'empêchera personne de dormir.

Dévoile-moi Tome2Où les histoires vivent. Découvrez maintenant