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   Avant le drame.

A quatorze ans, nous nous croyons impossible à abattre, à comprendre, à atteindre. Nous avons l'impression que nous sommes les premiers à vivre ce que nous expérimentons et que rien ne peut nous faire fléchir. Tout semble surmontable à cet âge et rien ne paraît dangereux. 

Avan était incapable de résister à l'envie de vivre à toute vitesse. Il était avide d'expériences et était greffé à ses amis. Il trouvait en eux le réconfort qu'il n'avait pas ailleurs.

 Au premier rayon du soleil, il quittait sa maison et partait en courant au cœur du village pour les retrouver et il ne les quittait plus.

Ils avaient un endroit à eux dans la forêt. Ils s'y rendaient pour peindre, pour lire, pour boire, pour s'y reposer et pour embrasser les filles et les garçons dont ils croyaient tomber amoureux. 

Ils appelaient cet endroit la ruche.

Ils passaient des moments interminables dans les arbres, sur les toits des maisons, près de la voie ferrée, à la ruche ou dans les rues étroites du village. Ils n'étaient jamais au même endroit. Ils étaient ivres de mouvements et de sensations déconcertantes.

Ils évitaient simplement la grande place où ils n'étaient pas particulièrement appréciés.

Leur bande était composée de deux filles, Flaive et Dahlia. 

Flaive aimait commander. Avan ne cherchait jamais à la défier car il reconnaissait qu'elle avait souvent raison. Intrépide mais mesurée, elle connaissait les limites de chacun d'eux et savait s'arrêter avant que qui que ce soit ne se mette gravement en danger.

Dahlia était timide et ne parlait que très peu. Elle avait un rat de la couleur des cendres, qu'elle gardait toujours avec elle. Il n'avait pas de nom alors Avan l'appelait l'hamster, bien que cela n'en soit pas un. Sa longue queue tombait sur les épaules de sa maîtresse et il était de temps en temps possible d'apercevoir sa petite masse de poils bouger dans sa chevelure brune.

Et de trois garçons.

Honoré se faisait volontairement appeler Cosmos car il n'y avait aucun espace de son visage qui n'était pas envahit de boutons. Personne ne savait s'il était extrêmement maladroit ou s'il aimait faire rire les autres à ses dépends. Il ne lui arrivait que des expériences improbables et déplorables. 

Léo, très petit et frêle, pouvait se faufiler partout. Il savait absolument tous les secrets des habitants du village. Avan le soupçonnait souvent d'inventer des histoires mais il y avait toujours une grande part de vérité dans ce que racontait son ami.

Et il y avait Ailsa, son meilleur ami. 

Avan était de nature égoïste, il ne pouvait le nier, il était toutefois certain qu'il aurait pu donner sa vie pour Ailsa. En réalité, il aurait pu lui céder tout ce qu'il possédait. Ailsa était la personne qu'il aimait le plus. Il était charismatique, drôle et franc. D'une douceur infinie, il savait percuter son cœur de plein fouet en un simple sourire.

*


La bande se retrouvait souvent chez Avan. Il résidait dans la bâtisse en pierres de son oncle, sa tante et de ses cousines. A la mort de sa mère, son père, son petit frère Simm et lui, étaient venus s'y installer. Ils n'habitaient pas très loin d'ici mais son père n'avait jamais pu surmonter la mort de sa femme et ne se sentait pas en mesure d'élever convenablement ses garçons. Il les aimait mais n'était plus qu'une ombre triste et maussade qui circulait d'une pièce à l'autre.

AVANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant