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Les bras croisés contre la ridelle de la charrette, Avan était secoué dans tous les sens. Le chemin était pénible. Ils roulaient sur des crevasses et des pierres qu'il entendait exploser en morceaux sous les roues du vieux véhicule. Il en recevait parfois un bout sur le bras et grimaçait de lassitude.

Le vieil homme avançait pourtant avec lenteur, ralentissant ses chevaux qui souhaitaient accélérer le pas, dérangés par la chaleur et les insectes qui se posaient sur eux.

Parfois, il se mettait soudainement à chantonner et faisait tournoyer une herbe qu'il avait coincé entre ses dents. Malgré sa petite taille et ses os usés par le temps, le vieillard avait de la force. Il tenait fermement ses montures qui lui obéissaient avec attention.

Avan se laissa tomber sur le dos et observa le ciel bleu qu'il découvrait entre deux arbres. Lorsqu'il aperçut un écureuil, il ne put s'empêcher de sourire. La nature l'appelait et l'invitait à le rejoindre. Son corps entier frémissait face à un désir d'aventure et de découverte.

Depuis l'accident, sa vie était si sage, si calme. Plus jeune, il aurait pu gravir n'importe quoi, courir jusqu'à en perdre tout son souffle, jusqu'à en sombrer de fatigue.

Il ferma les yeux et sa laissa bercer par les différents sons qui l'entouraient.

Il entendait divers chants d'oiseaux, des tapotements contre le tronc des arbres , les bruissements des herbes, le craquement des sabots sur les branches sèches et le vent dans les feuillages.

Le seul bruit qui le rendait mal à  l'aise était celui des cigales. Heureusement, il ne semblait pas y en avoir. Totalement détendu, Avan s'endormait.

Il fut réveillé par une puissante saccade qui fit brutalement se cogner sa tête contre le bois de la charrette. Il se massa le crâne et s'assit, observant autour de lui. Le paysage n'avait pas changé, il n'avait pas dû dormir longtemps. Il jeta un regard en coin en direction du vieil homme qui, imperturbable, continuait à mâchouiller son brin d'herbe.

Avan s'étira longuement et se fit la réflexion que chaque pas qu'il faisait le rapprochaient du village dans lequel il avait grandi.

Bien qu'il s'était promis d'éviter ses anciennes connaissances, il était certain qu'il finirait par les croiser.

 Que ferait-il face à Ailsa ? Pourrait-il simplement l'ignorer et faire comme s'il ne vivait pas au même endroit que lui ?

S'il était à présent détective, cela signifiait que ses parents n'avaient pas insisté pour qu'il fasse des études de médecine. Avan devait avouer qu'il n'aurait jamais pensé que son ami choisirait de rentrer dans la police. Lui qui, plus jeune, passait son temps à enfreindre les règles, avait donc décidé de passer du côté de ceux qui devaient les faire respecter ?

Avan secoua la tête... Ailsa policier. Cela était si absurde. Il en aurait presque rit, si le souvenir de son ami ne lui procurait pas une terrible douleur au fond de l'estomac.

Il songea alors à son rêve. 

Ils ne s'étaient jamais embrassés sur ce toit.

 Dans ses souvenirs, Ailsa avait pleuré longuement contre lui et Avan avait été incapable de le consoler. Il ne faisait que le tenir fermement et avait l'impression que c'était la seule chose qu'il pouvait faire. A l'époque, il avait mis sa réaction sur la pression que ses parents mettaient sur ses épaules, sur son départ et sur la fragilité de leur jeune âge. Il lui avait caressé les cheveux avec tendresse, ainsi que la nuque et lui avait murmuré qu'il serait toujours là pour lui. 

AVANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant