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Bien que composée de deux classes actives seulement, l'école proposait de nombreux logements de fonction.

Avan savait qu'ils étaient vides à l'exception de trois d'entre eux. Il avait reçu une lettre pour lui présenter les lieux et les personnes avec qui il allait les partager.

L'autre institutrice de l'établissement disposait d'une chambre, une autre était occupée par un surveillant et la dernière permettait à un orphelin de sept ans, qui n'avait pas de toit, de rester à l'école jusqu'à ce qu'il soit assez grand pour la quitter.

Avan fut accueilli par un homme qui devait être le surveillant. Il semblait à peine plus âgé et faisait deux têtes de plus que lui.

Il lui avait ouvert les grilles, le visage fermé et les yeux inexpressifs, l'avait laissé passer et les avait refermé sans même se présenter. L'homme, immense et austère, s'était ensuite éloigné sans lui adresser une parole.

Avan fut surpris de le voir ouvrir une porte, y pénétrer et s'y enfermer en la claquant. Il avait eu la pensée absurde qu'il le conduisait jusqu'à sa chambre.

Laissé seul, Avan s'était assis sur une des malles qu'il avait pu emporter avec lui, le front luisant de transpiration et les yeux lourds. Il aurait tout donné afin de pouvoir se reposer et avoir ses affaires.

Il se saisit de sa clef, qui se trouvait dans la poche de son pantalon, et la fit tourner entre ses doigts. Il se félicitait d'avoir pensé à la prendre avec lui.

Il allait devoir essayer toutes les serrures afin d'ouvrir la bonne chambre. Il se mit sur ses pieds, déterminé à en finir le plus rapidement possible, et jeta un regard autour de lui.

La cour était déserte mais deux petits yeux l'observaient derrière un muret décrépit. L'enfant n'était qu'à quelques pas de l'endroit où il se trouvait, pensant ne pas être visible. Il ne dépassait qu'un front plein de terre et d'épais cheveux châtains. 

Le sourire aux lèvres, Avan laissa ses affaires pour le rejoindre.

Lorsqu'il parvint à sa hauteur, il s'accroupit en le saluant chaleureusement mais le petit eut un sursaut et s'enfuit.

Avan se laissa tomber sur ses fesses, soupirant de dépit et de déception.

– Tu ne vas quand même pas abandonner si facilement ? fit une voix amusée.

Toujours assis, Avan pivota vers les grilles.

Sa cousine était appuyée dessus.

Il la dévisagea un instant.

Elle n'avait pas vraiment changé mais était dotée d'une beauté étrange qui était différente de celle dont il avait l'habitude. Elle aussi avait vieilli.

Elle portait une salopette de paysan, recouverte de tâches de peintures. Une tenue incorrecte et indécente pour sortir en ville en étant un homme et totalement impensable et interdite venant d'une femme. Cela conquit aussitôt Avan.

Les mèches de ses cheveux détachés tombaient devant ses yeux et se balançaient au gré du vent. Il s'agissait de la seule chose qu'elle avait gardé de son adolescence. Eulalia avait toujours profondément détesté se coiffer.

Son apparence semblait dure mais son visage, éclairé d'un sourire bienveillant, était intensément doux.

Une petite fille en robe rouge, qui n'était sans doute pas plus vieille que le garçon qui venait de fuir sous ses yeux, le regardait avec curiosité cachée derrière les jambes de sa mère.

Avan se mit sur ses pieds, épousseta ses vêtements et alla à leur rencontre.

– Que fais-tu ici ?

AVANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant