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Ailsa pleurait doucement. Avan sentait ses larmes chaudes contre son cou.

Il fronça les sourcils.

Plus il essayait de le regarder, plus le corps d'Ailsa devenait vaporeux, vague et lointain. Sa tête lui brûlait. Les étoiles tournaient dans le ciel comme s'il se suspendait à une corde mouvante. 

Il voulait consoler Ailsa, lui dire que tout irait bien mais c'était faux. Tout était faux. Rien n'irait jamais bien. 

– Ailsa.. Qu'est-ce que tu ne me dis pas ? Pourquoi es-tu si triste ?

Le jeune garçon releva le regard vers lui et se recula légèrement pour mieux le dévisager.

 La tristesse de son expression serra douloureusement le cœur d'Avan qui ne pouvait plus formuler aucun mot. Ses joues étaient humides et ses yeux rouges. Son visage paraissait plus vieux. C'était toujours lui mais il était différent, il semblait plus âgé et désorienté.

Avan aurait pleuré avec lui s'il n'avait pas été figé par ce qui était arrivé ensuite.

Il s'était très vite aperçu qu'Ailsa avançait progressivement son visage vers le sien. Il était de plus en plus proche et une chaleur étrange émanait de sa peau. Une chaleur lourde, vibrante. 

Sa bouche tremblante et pleine de larmes frôlait à présent le coin de ses propres lèvres.

Ailsa les pressa contre les siennes et Avan avait l'impression de faire quelque chose d'interdit et d'impossible. 

Cela n'allait pas et n'était pas normal. Il avait l'impression que rien de ce qui ne se passait n'était réel, comme s'ils allaient disparaître par cet acte et comme s'ils allaient être punis de bien pire encore qu'une interdiction de sortie.

Lorsqu'Avan se fit la remarque qu'Ailsa lui manquait terriblement, son ami l'embrassa plus intensément, plus désespérément.

 C'était Avan qui voulait le réconforter mais c'était l'inverse qui se produisait. Ailsa avait toujours fait attention à lui, il l'avait toujours fait passer avant qui que ce soit et il lui manquait tant.

Un cris déchira le silence qui les enveloppait, faisant sursauter Avan.

Il avait ouvert les yeux et s'était rendu compte qu'une chaleur fétide l'empêchait à présent de respirer.

La bulle qui le protégeait éclata et un chant de cigales extrêmement bruyant se fit entendre. Il faisait nuit et pourtant elles étaient puissantes, chaotiques. Elles hurlaient dans ses oreilles et faisaient battre désagréablement son cœur déjà perturbé par ce qu'il venait de faire. Il n'entendait plus qu'un son étouffé lorsqu'il essayait de prononcer une parole. Sa voix s'évaporait, comme s'évaporait Ailsa à côté de lui. 

En quelques secondes, son ami n'était plus là.

Il n'eut pas le temps de s'en préoccuper car le toit était en train de bouger. Il allait en avant. Il allait très vite. Il allait même de plus en plus vite.

Avan était seul. 

Il se tenait aux tuiles sombres sur lesquelles il était assis. 

Tout était si rapide autour de lui que même le chant des cigales se transformait et s'étirait d'une manière absurde.

Il voulait appeler ses amis et savoir où ils se trouvaient mais il ne se souvenait plus de qui il cherchait. Il ne se rappelait ni du visage qu'ils avaient, ni du son de leur voix, ni du lien qu'ils partageaient ensemble. 

AVANOù les histoires vivent. Découvrez maintenant