Chapitre 2

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C'est Armin qui trouva Mikasa. Dans un premier temps surpris, il ne réagit pas immédiatement. Il ne comprenait pas pourquoi son amie se balançait aussi haut, et comment elle parvenait à se maintenir dans les airs. Surtout, il ne voulait pas comprendre. Malgré lui, son cerveau fit le lien entre l'écharpe enroulée à la plus haute branche de l'arbre et le corps gisant de sa meilleure ami. Un long cri désespéré sortit de sa bouche, incontrôlable. Les larmes aux yeux, il s'approcha de l'arbre, et tenta d'y grimper à mains nues. Peine perdue. Ses ongles étaient bien trop courts pour agripper quoi que ce soit, il ne faisait que griffer ses mains, écorcher sa peau jusqu'au sang. Il ne sentait même plus la douleur. Son cerveau s'était mis sur pause, incapable de penser une seule seconde aux conséquences qu'allaient avoir le geste de Mikasa. Depuis qu'il était entré à l'armée, il avait déjà été confronté à la mort. Il avait vu des connaissances, des amis le quitter. Son grand-père, Marco, Sasha... Il avait supporté leur perte la tête haute, gardant la douleur au fond de son cœur. Il donnait le meilleur de lui-même chaque jour afin que leur perte n'ait pas été vaine. Mais rien ne l'avait préparé à la mort de sa meilleure amie. Celle qu'il connaissait depuis tout petit, celle qui avait empêché les grosses brutes de le harceler, celle avec qui il avait grandit. Bien sûr, il avait déjà cauchemardé qu'elle se fasse attraper par un titan, lors d'une mission. Mais jamais qu'elle ne se donne la mort par elle-même.

Admettant que son acharnement ne menait à rien, Armin reconnecta les neurones de son cerveau entre eux. Il ne pouvait pas laisser Mikasa là où elle se trouvait. Il devait lui venir en aide, peut-être était-elle même encore vivante. Il ne savait pas ce qui l'avait poussé à faire ce geste, mais il se doutait que ça avait un lien avec la phrase d'Eren. Se raccrochant à cet espoir, il couru aussi vite que le lui permettaient ses jambes et ses poumons à la recherche d'une aide.

Le jeune homme courrait si rapidement qu'il rencontra de plein fouet l'aide tant recherchée avant de la voir. Le torse de Jean l'arrêta dans sa course folle. Armin, légèrement sonné, releva la tête en maintenant sa joue. Sa peine ne fut qu'accentuée en constatant à qui il avait à faire. En effet, au bataillon, personne n'ignorait les sentiments de Jean envers Mikasa. Il se doutait du mal qu'il risquait de lui faire en lui apprenant la nouvelle.

- Armin ? s'étonna son ami.

- Qu'est-ce que tu fous le mioche ?

Armin fut soulagé en entendant cette voix. Le caporal Livai accompagnait son ami. Incapable d'articuler une phrase correcte, le blondinet tendit la main dans la direction du saule et tenta :

- Mika... sa... Elle... Aide...

A l'entente du nom de la fille qu'il aimait, Jean attrapa Armin par les deux épaules, et le secoua comme un prunier :

- Mikasa quoi ? Qu'est-ce qu'il y a ??

- Caporal... Allez l'aider... Jean... N'y va pas... Vite...

Jean lâcha Armin, prêt à se ruer dans la direction pointée par Armin. Le bras du caporal, aidé de ses yeux froids, l'arrêtèrent.

- Caporal !

- Tu as entendu Armin. Reste avec lui, n'y va pas.

Alors que le caporal Livai se dirigeait au pas de course vers le saule, Jean s'agenouilla. Il attrapa Armin par les épaules, pressentant une mauvaise nouvelle.

- Armin ! Qu'est-ce qu'il se passe ?! Dis-moi !

Armin souffla, essayant de reprendre son calme.

- C'est... Eren a eu des paroles blessantes envers Mikasa...

- Pour changer, grinça Jean.

- Et... Et... Elle est partie... Et... Je l'ai cherchée... Et... Quand je l'ai vue se balancer dans le vide... Je n'ai pas compris tout de suite...

Jean eu peur de comprendre.

- Elle se balançait dans le vide...?

- Oui... Je n'ai pas... Pas réussi à monter la chercher... Je suis parti chercher de l'aide...

- Mais elle va bien, hein ? S'inquiéta Jean d'une voix blanche.

Armin le regarda, les yeux noyés dans une tristesse aussi vaste que la mer qu'il avait vue il y a des années. Jean sentit ses dernières barrières tomber. La mort de Sasha l'avait déjà profondément affecté. Il ne supporterait pas la perte de la femme qu'il aimait. Il se rua sur les pas du caporal, prêt à lui venir en aide. Trop tard, celui-ci revenait déjà, portant la jeune fille dans ses bras. Il courait aussi vite que lui permettait le poids qui l'encombrait, ralentissant à l'approche de Jean :

- Prévient Hange qu'on a besoin de son aide. Elle ne respire plus.

A ces mots, le cœur de Jean se brisa définitivement. Pas elle. Pas Mikasa. Elle était aussi forte que 100 soldats expérimentés. Elle avait survécu à des dizaine d'expéditions extra-muros. Elle avait vaincu des centaines de titans, protégé tous ses amis. Ça ne pouvait pas se terminer comme ça. C'était impossible.

Les larmes se mirent à perler à ses yeux. Armin, comprenant que Jean ne pourrait rien faire dans cet état, devança le caporal et s'assura de prévenir leur cheffe. Jean se retrouva seul, avec l'impression d'avoir tout perdu. De l'eau ruisselait le long de ses joues sans qu'il n'essaye même de l'essuyer. Il en voulait au monde entier, plus particulièrement à Eren. Il se promit de lui faire la peau, à cette enflure. Toute sa vie, il avait eu la femme parfaite à ses côtés. Et il n'avait jamais fait attention à elle. Il l'avait toujours considérée comme acquise, prise pour une moins-que-rien. Il passait son temps à la rejeter, ne prenait jamais compte de ses sentiments. Eren était un monstre, un véritable monstre. Oui, c'était décidé. Il allait lui faire la peau.

Motivé par ce nouvel objectif, Jean se releva. Il ne savait même pas où se trouvait Eren à l'heure actuelle. Mais il savait qu'il se donnerait les moyens de le rattraper et de l'étrangler de ses propres mains. C'était tout ce qu'il méritait.

Je t'aimaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant