Chapitre 8

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Eren était de retour à Mahr. Seul. Son plan bien ficelé était tombé à l'eau en même temps que l'âme de Mikasa s'était envolée. Son titan assaillant, qui lui permettait de voir le futur, ne lui avait jamais été aussi inutile qu'à l'instant. A quoi bon vivre sans la personne que l'on aime ?

Eren se prit à rire. D'un rire rauque, amère. Allongé à même le sable fin de la plage, il fit défiler le film de sa vie sous ses yeux fermés.


Mikasa, encore innocente, qui observait les insectes de son jardin. Il ne pouvait le nier. Déjà à cette époque, il la trouvait incroyablement jolie. Ses yeux en amande, comme il n'en avait jamais vu nulle part ailleurs, ses cheveux de jais, sa peau blanche. Mais le temps n'avait rien arrangé. Elle avait grandit, était devenue une femme sous ses yeux. Alors que lui...

Alors que lui restait le jeune garçon, toujours un peu en colère, incapable de grandir, aussi bien mentalement que physiquement. Et ça avait duré des années. Jusqu'à la première apparition du titan colossal. Là, face à la mort de sa mère, il avait dû choisir. Lorsque le titan souriant avait brisé sa mère en deux, il avait fait le choix de venger sa mort, qu'importe les conséquences. Alors il s'était battu. Engagé dans l'armée, Mikasa et Armin sur les talons, il avait abandonné ses amis pour se concentrer sur son potentiel. Sa volonté de fer et son pouvoir faisaient de lui un gagnant parfait.

Enchaînant les hauts et les bas, les victoires et les défaites, il avait peu à peu abandonné son humanité pour laisser place à son objectif. Éradiquer tous les titans jusqu'au dernier.

Et puis, il y avait eu cette fois, dans le champ. Quand, en pleine expédition extra-muros, sans équipement tridimensionnel, incapable de se transformer, avec une Mikasa blessée à ses côtés, il s'était senti désespérément triste. Toute sa vie, il s'était battu. Pour finir ainsi ? Dévoré par le titan qui avait tué sa mère, sous les yeux de Mikasa ? Pire encore, si Mikasa finissait dévorée sous ses yeux ?

Impuissant, les larmes roulant sur ses joues, il avait observé Mikasa. Elle se trouvait dans cette situation par sa faute - encore une fois. Et pourtant, la jeune asiatique ne semblait ni effrayée, ni énervée. Elle le fixait, elle aussi. Yeux dans les yeux, le temps lui avait semblé tourner au ralentis. Il s'en était rendu compte, à cet instant-là.

Il l'aimait.

C'était dur à avouer. Mais en voyant le titan souriant approcher ce jour-là, Eren avait compris. L'amour qu'il portait à Mikasa était devenu plus grand que l'amour qu'il portait à sa mère.

Oui, il l'aimait. De tout son cœur, de toute son âme. Elle était la seule à toujours venir le sauver ; la seule à supporter ses crises existentielles, la seule tout court. Ils avaient vécu toute leur vie ensemble, elle connaissait toutes les facettes de lui. Et elle restait. Elle restait, et elle lui offrait tout ce qu'elle possédait.

Figé, Eren avait cherché dans le regard de Mikasa une trace, même toute petite, d'une quelconque rancœur. Quelque chose qui lui enlève cette culpabilité qui le prenait à la gorge. Mais rien. La jeune femme le regardait comme un diamant, comme si elle n'attendait qu'une chose, son amour. Il avait eu envie de l'embrasser.

Il avait eu envie de se jeter sur elle, de lui demander pardon pour toute ces fois où il n'avait pas retenu ses mots. Tout ce manque de considération, il le regrettait. Elle ne lui en voulait pas, alors qu'il s'en voulait, énormément.

Maintenant qu'il savait, il voulait davantage de temps pour profiter. Pour aimer Mikasa, lui montrer ce qu'elle valait. Et ça l'avait rendu fou de rage. Tellement fou qu'il avait frappé le titan souriant de toute ses forces, malgré sa taille humaine. Il voulait que ce titan disparaisse, il voulait que sa rancœur disparaisse, il voulait qu'ils soient seuls au monde.

Et puis, il y avait eu ce miracle. Tous les titans avaient obéit à son ordre muet, jusqu'à ce qu'il ne reste rien du titan souriant. Mikasa sur le dos, il s'était promis de prendre soin d'elle.

Mais que vaut une promesse face au poids de la vérité ? Au contact de la main d'Historia, le monde lui était brutalement tombé sur les épaules. Sa destinée était toute tracée. Ses souvenirs retrouvés, il vagabondait entre présent, passé et futur sans savoir exactement à quel instant il se trouvait. Perdu dans ses pensées, il s'isolait du reste du monde, sans le vouloir.

Un soir, alors qu'une énième insomnie s'était emparée de lui, il était monté dans la chambre de Mikasa. Il l'avait trouvée seule dans sa chambre, endormie. Sasha devait probablement être aux cuisines, avec Niccolio. Il s'était assis, lentement, aux côtés de la jeune asiatique. Son sommeil était léger, et il voyait à ses traits tirés qu'elle ne dormait pas paisiblement. Il avait entreprit de caresser ses cheveux pour la calmer. Il s'était laissé aller à la douceur de l'instant. Les cheveux de Mikasa étaient propres, doux. Les mains rugueuses d'Eren semblaient presque trop grosses face à ce visage fin.

Dans le silence de la nuit, Eren s'était avancé vers Mikasa. Il avait penché son buste en avant, rapproché son visage du sien. Et, lentement, il avait déposé ses lèvres au coin de la bouche de Mikasa.

Il voulait l'embrasser ; mais il voulait lui laisser son premier baiser. Alors, il avait trouvé un compromis. Ainsi, il emporterait une part d'elle avec lui, pour toujours.

Toujours en silence, il s'était relevé lentement, prenant garde à ne pas réveiller Mikasa. Alors qu'il s'apprêtait à partir, il avait entendu un son derrière lui. Un murmure, qui avait sonné comme la plus belle des musiques à ses oreilles :

"Eren..."

Dans son sommeil, Mikasa l'avait appelé. Et Eren s'était encore une fois senti subjugué par la situation. Définitivement, il avait fait son choix. Il devait la sauver, quitte à sacrifier son père, sa mère.

Tournant définitivement dos à la femme de sa vie, il avait refermé la porte en douceur, avant de plonger dans le monde fantastique de sa ligne temporelle.


Eren sursauta. C'était un imbécile ! Le pire des imbéciles qu'il soit. En sacrifiant sa vie pour le passé, il en avait oublié le présent. Pleurant sa mère, il n'avait pas donné suffisamment donné d'attention à Mikasa, pourtant bien vivante à ses côtés. Maintenant, il était trop tard. Ses visions se brouillaient dans son esprit, et il avait beau prétendre que le sable lui brulait les yeux, il savait bien que ses larmes ne venaient pas de ces petits cailloux jaunes.

Trop tard ? Eren perçut soudain une lumière dans les ténèbres qui l'assaillaient depuis des dizaines de minutes. S'il avait changé le passé une fois, pourquoi pas deux ?


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Coucou ! Je ne sais pas si ces notes d'auteur sont vraiment lues, mais encore une fois, je voulais vous remercier pour toutes ces vues, tous ces commentaires. On est presque à 2 000 vues, je n'en reviens tout simplement pas.

Tout à l'heure, j'ai reçu un message par rapport à cette histoire. Un message d'encouragement, qui me demandait quand est-ce que la suite arrivait. Vous ne pouvez pas savoir à quel point ce retour m'a motivée à écrire la suite. Alors, merci à toi pour ton message, et bonne lecture !

J'espère que ce chapitre vous a plu, si c'est le cas, n'hésitez pas à aimer ou commenter, ça fait toujours plaisir.

Pour autant, je suis bien évidemment toujours ouverte aux critiques constructives : si quelque chose, ou tout le chapitre, ne vous a pas plu, je serais ravie de comprendre pourquoi : ça ne pourra que m'aider à m'améliorer.

Bonne soirée (ou journée ou nuit), merci encore et à bientôt !

Je t'aimaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant