Chapitre 4

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Malgré la puissance des coups infligés par son rival de toujours, Eren ne ressentait que la douleur morale. Il sentit un liquide gluant s'écouler de son nez peu après le coup de pied de Jean, mais ne prit même pas la peine de l'essuyer, aussi bien que les larmes qui commençaient à perler à ses yeux sans qu'il n'en ait vraiment conscience. A genoux, presque suppliant, il se sentait aussi impuissant que le jour de la mort de sa mère. Sauf que cette fois-ci, il en était le seul coupable. Jean, épuisé à ses côtés, ne prenait même plus la peine de le regarder. Il n'avait jamais eu pitié de lui, et ce n'était certainement pas aujourd'hui qu'il allait commencer.

- Je suis horrible...

- C'est seulement maintenant que tu t'en rends compte ?!


De son côté, Hange tentait tant bien que mal de faire revenir Mikasa. Elle avait supporté tant de morts, elle ne pouvait se permettre de perdre la jeune fille qui allait changer le destin de ce monde. Car elle en était intiment persuadée. L'amour indéniable que Mikasa portait à Eren ne pouvait pas être vain. Elle savait la jeune femme forte, elle savait qu'elle pouvait la ramener. C'était une Ackerman. Les Ackerman ne peuvent pas mourir.

- Nous sommes aussi des humains, Hange, intervint Livaï, toujours posté à ses côtés. 

La scientifique ne prit même pas la peine de tourner la tête. Elle se fichait bien de penser à voix haute, elle avait besoin d'extérioriser ce terrible sentiment qui la prenait au ventre. Car si Mikasa pouvait mourir, il en était de même pour Livaï. Et elle refusait catégoriquement cette option. Il était le seul qu'il lui reste. Elle avait passé tellement de temps dans ce corps d'armée. Elle avait vu passer des jeunes recrues, insouciantes, perdues, motivées, mortes de peur... Elle les avait formés, apprit tout ce qu'elle savait. Et elle ne les voyait pas revenir, la plupart du temps. Alors elle s'accrochait de toutes ses forces aux quelques personnes qui la côtoyaient au quotidien, comme Livaï. Il était, pour elle, le plus proche d'un meilleur ami malgré son air froid et distant. En plus de ça, elle s'était particulièrement attachée aux recrues de l'année d'Eren. Si le fait qu'il soit un titan l'avait dans un premier temps surexcitée, elle s'était par la suite intéressée au personnage en lui-même, et à ses amis. Enfin, elle avait des compagnons de route qu'elle revoyait après chaque mission. Enfin, elle savait qu'elle ne mangerait plus seule, avec pour seule compagnie les souvenirs que lui laissaient ses recrues. Enfin, elle avait quelqu'un avec qui partager ses découvertes, des gens qui pouvaient la canaliser et l'aider à avancer lorsqu'elle bloquait. Alors, oui, ses raisons étaient peut-être égoïstes, mais elle refusait de laisser partir la jeune asiatique.

- Si elle a choisit de partir, on devrait peut-être respecter son choix, supposa Livaï.

- Ne te mens pas à toi-même ! Si tu pensais vraiment ça, tu ne me l'aurais pas emmenée !

Le jeune - pas si jeune que ça - homme ne put répliquer. Au fond de lui, il devait admettre que lui aussi ne voulait pas perdre la jeune fille. Même s'il continuerait de dire que c'était uniquement parce qu'elle valait 100 soldats expérimentés au combat, il savait que c'était plus que ça. Au fil du temps, elle avait démontré sa force physique, mentale, mais également son esprit d'équipe et sa volonté. Elle était constamment là pour les autres. Eren, bien sûr. Mais pas seulement. Elle prenait soin de l'équipe, était un pilier sur lequel on pouvait compter. Erwin avait confiance en elle et en sa puissance, et sa foie en Mikasa s'était répercuté sur Livaï, qui n'avait pu que constater les propos de son major. Même si leurs discussions étaient froides et exceptionnelles - la jeune fille ne lui avait toujours pas pardonné les coups qu'il avait prodigués à Eren - un sentiment de respect s'était installé entre eux. Ils n'étaient pas beaucoup, dans la famille Ackerman. Si quelqu'un pouvait la comprendre, c'était bien lui. Alors, quoi qu'il en dise, il ne souhaitait pas voir la jeune fille autrement que vivante.


Mikasa nageait dans un brouillard épais, mais très clair. Elle avait l'impression d'être sur un nuage, très confortable. Ses paupières étaient lourdes, et sa tête lui tournait. Plus que tout, c'était son cou qui la faisait souffrir. Une brûlure courait le long de sa gorge, et ses poumons la tiraillait. Malgré tout, la jeune fille ne s'était jamais sentie aussi bien. Il y avait longtemps que le poids qu'elle trainait constamment sur sa poitrine ne s'était pas fait aussi léger. Elle était légère, si légère qu'elle doutait de sa propre existence. Quelque part, au loin, une voix criait son nom, mais elle choisit de l'ignorer. Elle se réinstalla correctement, et s'apprêtait à replonger dans son long sommeil lorsqu'une seconde voix l'interpella.

- Mikasa !

Contrairement au cri qui lui semblait de plus en plus loin, cette voix était proche, et surtout, elle ne lui était pas inconnue. C'était un son qu'elle avait rêvé d'entendre, qui lui avait terriblement manqué. La voix de Sasha. Dans un effort surhumain, elle se força à ouvrir les yeux. Son amie se tenait devant elle, son sourire rassurant sur le visage.

- Sasha...

Sa voix lui parut rauque, presque inconnue. Parler lui faisait terriblement mal, alors elle se tût, prête à écouter ce dont Sasha souhaitait lui faire part.

- Ce n'est pas ton heure Mikasa. Tu vas me manquer, énormément. Mais tu vas encore plus leur manquer, si tu pars. 

Mikasa restait muette. Face à son manque de réaction, Sasha reprit la parole :

- Change le monde Mikasa, et ne revient me voir que lorsque tu auras soixante-dix ans passés !

Elle commença à s'éloigner. Mikasa, retrouvant sa voix, s'élança en avant.

- Sasha ! Reviens !

Alors qu'elle distinguait à peine son amie dans le brouillard ambiant, elle tendit la main devant elle dans un espoir vain de la rejoindre. Son propre bras lui parut flou, presque transparent lorsqu'il arriva devant son visage. La stupeur fut telle que son rythme cardiaque s'accéléra en un instant. Son bras redevint net alors qu'elle ouvrait les yeux pour de bon, faisant face à une Hange rouge de sueur et un Livaï toujours aussi inexpressif.


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Bonjour ! Comment allez-vous ?

Je ne sais pas trop quoi penser de ce chapitre. Ce n'est pas toujours une bonne idée de ressusciter ses personnages, mais étant donné que cette fan-fiction est principalement centrée sur Mikasa, ça serait un peu bête qu'elle ne soit pas dedans.

Quoi qu'il en soit, n'hésitez pas à me donner votre avis, et à me faire remarquer les fautes et incohérences possibles !

Dernière petite question, juste pour m'informer. Généralement, vous préférez les fins heureuses ou malheureuses ? D'habitude, l'auteur adore les fins malheureuses quand les lecteurs recherchent des fins heureuses, et vous, vous préférez quoi ?

Bonne soirée à tous, et à bientôt !

Je t'aimaisOù les histoires vivent. Découvrez maintenant