-Malgré la musique, malgré les éclats de voix, les cris, les odeurs, les lumières, le monde qui pèse sur mon corps tout entier, je sais.
Cette main sur mon épaule, je l'ai trop aimé pour l'oublier. Et ce souffle contre ma joue, cette glaciale brûlure, un souvenir oublié, cependant toujours présent.
Il n'est jamais parti, pourtant toujours absent.
Je me suis presque effondré à cet instant. C'était trop fort, trop dur.
J'ai mal.
Toute notion du temps perd son sens. Cet instant n'est pas une réalité, cet instant n'est qu'un éclair, dissimulé dans des éclats de vagues. Le torrent d'émotions qui noie, qui blesse.
La pression sur mon épaule se fait plus forte. Mais je regrette, je ne peux bouger.
-S'il te plaît, je t'en supplie.
Mon verre s'éclate au sol. Je me lève, les jambes presque brisées. Chaque pas me fait l'effet de coup de poignard, en plein cœur.
Mes poumons ne fonctionnent plus, l'oxygène semble se raréfier.
Il marche devant moi, se retournant chaque instant, comme effrayé à l'idée que je ne le suive pas. Terrorisé, depuis le jour où je n'ai pas bougé, ce jour où aucun pas n'a été fait vers lui.
Il y a trop de monde, trop de sons, tout est de trop. Tout sauf lui.
Je manque de trébucher plus d'une fois.
Je n'ai toujours pas vu son visage.
Laissez-moi le voir, laissez-moi lui parler, laissez-moi du temps.
Mes pensées ne se résumaient qu'à ces simples mots.
Puis nous avons franchis la porte, et nous sommes arrivés dans le couloir, vide. La musique n'était plus qu'un lointain bourdonnement étouffé.
Incapable de relever la tête, je restais adossé au mur, essoufflé, mes cheveux comme seul masque.
Je refuse.
Non, je suis terrifié, à l'idée d'un nouveau contact, d'un nouvel échange.
Impossible de réfléchir, impossible d'agir. Je voudrais parler, mais le son de ma voix demeure absent.
Les couloirs restent silencieux.
Seul son souffle, et le miens, désaccordés, se permettaient de crier une sorte de douleur. Ou de joie, peut-être même de l'amour.
Impossible de savoir.C'était tout et rien à la fois, brisé mais réunis, compliqué, et pourtant, presque résolu.
J'avais parfois l'impression d'entendre mon nom, hurlé au loin, porté par le vent.
Quelqu'un m'appelle.
Avant même de répondre, quelque chose de chaud prend ma main.
C'est peut-être moi qui suis loin.Je devrais donc revenir ?
Je relève la tête, rassuré à l'idée de ne plus être seul.
Voilà donc le visage de celui que j'avais tant essayé d'oublier, mais pas assez réussi.
Je le reconnais.
Il semble tout aussi bouleversé que moi.
Il détaille mon visage, lui aussi parait chercher quelque chose. Avec ses yeux, mais aussi avec ses doigts. Il attrape la clef de ma chambre, et lit le numéro inscrit sur la tranche.

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Nintendo Love [kuroken]
FanfictionJe déteste ma vie. Je déteste absolument tout. Pourtant, depuis ce jour, il a tout changé. Depuis cette partie sur Mario Kart, impossible d'arrêter de jouer. Quel niveau choisir ? Quels risques suis-je prêt à prendre, pour rester dans la course ? ...