BackCase - Memory III

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La tête basse, le jeune Kaito regardait silencieusement le verre qui se tenait entre ses doigts, refroidi par les glaçons carrés qui flottaient dans le liquide alcoolisé. Sa couleur orangée lui rappelait les rayons de soleil qui n'étaient plus. Il était maintenant déjà tard dans la journée. Bien qu'il n'ait pas pointé le bout de son nez dehors depuis des heures et des heures, il se doutait bien que le soleil s'était couché depuis bien des lustres. C'est toujours ainsi au mois de novembre, la période de pluie avait passé et il entrait désormais dans une saison plus froide de l'année.

- Hé! Tu m'écoutes kiddo? grommela la voix du vieux croûton qui se tenait devant Kaito.

L'homme qui s'était adressé au jeune homme de 18 ans se trouvait à être un barman classique, celui qui se positionnait devant ses clients pour soigneusement essuyer un à un chaque verre pour qu'il puisse briller à plein essence une fois servi. Bien que papi occupait un poste plutôt ordinaire d'apparence, le plus vieux avait l'air d'apprécier tout particulièrement les habits chics et pratiquement glamour. Veston en velour noir, chemise à motif minimaliste et linéaire, il aimait également assortir le tout avec une écharpe en soie rouge vin qu'il entra soigneusement dans son chemisier. Les cheveux complètement gris, en bas de la lèvre inférieure, Croûton, comme l'aurait appelé Kaito, possédait un piercing qui lui donnait des airs de rebels pour son âge.

Au moment où sa voix parvint aux oreilles du plus jeune, le garçon n'avait redressé que sa tête très légèrement vers son interlocuteur. Enfin, c'était plutôt ses yeux écarlates qui viennent fixer le vieillard visiblement mécontent de se faire ignorer de cette façon.

- Jeez... désolé! Je t'ai pas entendu avec tous ses bruits, rétorqua Kai les sourcils froncés tout en glissant sa main dans l'une des poches de son jean.

- Ouais je préfère ça, gamin. Je disais donc que...

Cette excuse était en vérité (à moitié) considérée comme un mensonge. Certes, il y avait tant de bruit dans ce bar dû au nombre incalculable de personnes qui se trouvait dans ce petit lieu restreint, mais de là à ne pas entendre l'homme face à lui... En plus, autant d'individus réunis à la même place faisait en sorte que la chaleur, ici, était pratiquement rendue problématique et insupportable. Tous ses gens discutaient si bruyamment entre eux que Kaito se sentait perdre la tête... Bien que c'était peut-être dû à la quantité de whiskey qu'il a ingurgité jusqu'à présent qu'il n'arrive pas à se concentrer convenablement sur les paroles du vieux schnock. Après tout, c'est depuis ce matin que le jeune homme à la chevelure grise ne faisait que soupirer, complètement dépassé par ce qui se passait dans sa vie. Très lentement, il retira sa main de sa poche gauche, sortant ainsi un paquet de cigarettes qu'il plaqua contre le comptoir de marbre noir qui le séparait du barman. Dos courbé, tête baissée, Kai ne regardait même pas sa main gauche qui tenait si fermement l'objet, alors que sa paume droite en faisait autant avec le verre. Observant l'état du garçon, le plus vieux s'était avancé pour retirer vivement l'alcool des doigts de Kaito. Brusquement, le gris se redressa, comme si un choc électrique allait de long en large dans son dos. Son expression soudainement agressive fixait le verre mi plein mi vide avant de se reporter sur le vieillard qui était guère intimidé par l'allure de Kaito. Dos droit, l'homme avait tourné les talons pour confisquer ce qui était pour le garçon, un réconfort.

Ça suffit Kaito, commença par dire le vieux avant de se rapprocher du plus jeune pour lui marmonner à l'oreille deux trois mots, Je te rappelle que tu es encore mineur et que si je te laisse le droit d'entrer ici, c'est pour que tu passes plus de temps avec ton grand-père adoré.

- Ouais! C'est bon, c'est bon! grogna le concerné tout en venant jouer dans ses propres mèches de cheveux gris.

Aussitôt, Kai avait poussé, du bout de ses pieds, le comptoir. Ainsi, il se laissait balancer sur le grand tabouret qui se tenait plus que sur deux pattes. Naturellement, le grand-père de Kaito, qui était nul autre que Abe Ryoichi, celui qui a donné la vie et son nom à ce fameux bar, se redressa pour continuer à observer son petit-fils. Difficile d'évaluer à quel point le garçon était saoul ou non, bien que pour son âge, il tenait étonnamment bien les boissons alcoolisées. Pour tout avouer, tout ceci était peu rassurant.

 ꧁ 𝓒𝓸𝓵𝓵𝓮𝓬𝓽𝓲𝓸 𝓒𝓱𝓪𝓻𝓪𝓬𝓽𝓮𝓻𝓾𝓶 ꧂Où les histoires vivent. Découvrez maintenant