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Remerciements à rotoplo et à cherrylikeblossom pour leur commentaires, ainsi qu'a tous ceux qui ont voté.

Comme dit la dernière fois, nous changeons de point de vue et laissons donc Isabelle pour quelques temps. Bonne lecture !

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« Le vrai bonheur, c'est ça : un visage inconnu, et comment la parole peu à peu l'éclaire, le fait devenir familier, proche, magnifique, pur. »

Christian Bobin


L'invincible roi de France, Louis, quatorzième du nom, prince d'un génie rare et supérieur, s'est réveillé ce matin avec une pensée qui restera dans son esprit jusqu'à la fin de la journée. Une pensée qui dure depuis hier soir, lors de la soirée organisée par son frère.

L'image d'une jeune femme, semblable à un lys. Dès l'instant où il l'a vu, il aurait tout donné pour connaître son nom.

Mais à la surprise de la plupart des gens, le roi n'obtient pas toujours ce qu'il veut. En vérité, un roi doit vouloir moins que la plupart de ses sujets, car tous les désirs doivent être pour le pays qu'il gouverne. Même le grand Roi Soleil n'échappe pas à la règle.

Le souverain n'a guère bien dormi cette nuit, ou les semaines précédentes. Le ciel nocturne était son seul compagnon pendant les heures de solitude, y compris lorsqu'il dort avec son épouse Marie-Thérèse suite à chaque réception de la cour, comme il a coutume de le faire. Mais il s'est toujours senti inaccessible, pour bien des raisons autres que sa simple position.

Les lourds rideaux de velours cramoisi de ses appartements ont été tirés par les domestiques tôt le matin, avant que la lumière des étoiles ne soit tamisée par l'astre du jour. Louis entre dans sa chambre pour voir son fidèle serviteur et homme de confiance, Alexandre Bontemps, déjà habillé et qui attend patiemment que la journée commence.

- Bonjour, Sire. Avez-vous bien dormi ?

Le monarque répond d'un simple signe de tête, tout en s'asseyant sur le côté droit de son lit. Bontemps se dirige vers la porte des domestiques pour y frapper deux coups. Presque immédiatement, six serviteurs marchent d'un pas rapide en apportant les vêtements de leur maître pour aujourd'hui. L'un d'eux pousse soigneusement un miroir de la tête aux pieds avec un cadre doré fabriqué à la main par les meilleurs artisans de Venise, et Louis se place naturellement devant lui.

Une chemise blanche dans la soie la plus douce que la France ait jamais connue, décorée de volants lacés autour des poignets et du cou qui se balanceraient doucement à chaque fois que Louis bougerait. Les lacets viennent de Milan, des plus doux et des plus légers, fait de fils d'argents. Une paire de bas en lin blanc accompagne la tenue, confortablement portée juste en dessous. Mais tout cela allait être caché sous l'une des vestes préférées de Louis : une pièce artisanale dont la couleur bleue du tissu de velours, pendant jusqu'aux genoux, est la profondeur indicible de l'eau, sereine avec une présence éminente de royauté. Des centimètres de fils dorés sont délicatement cousus à la main le long des bras et de la poitrine, s'étalant comme des branches dans de lourds motifs floraux surmontés des meilleurs pierres précieuses d'Europe. Des étincelles de diamants et de rubis soulignent la divinité du roi.

Ce dernier s'assoit de nouveau au pied de son lit, tandis qu'un serviteur enfile ses pieds dans une paire de chaussures à talons de cuir rouge surmontés d'une boucle dorée. Puis il se lève à nouveau pour se diriger vers le miroir. Enfin, un long brin de soie raidie du rouge le plus brillant est resserré autour de sa taille alors que le domestique l'ajuste soigneusement en place.

La Comtesse du LysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant