IV

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Remerciement à JaneFoster75, rotoplo, CelineM96 et RoseBreart pour leur commentaires, ainsi qu'à tous les autres lecteurs qui me lisent.

Sur ce, découvrons par qui Isabelle a été abordée. Bonne lecture !

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« On se demande parfois si la vie a un sens... et puis on rencontre des êtres qui donnent un sens à la vie. »

Brassaï


Isabelle manque de tressauter dès lors qu'elle se tourne vers son interlocutrice et plonge dans une profonde révérence.

- Votre Majesté.

De petite taille, le visage allongé, les joues lourdes, les lèvres rouges et charnues ainsi qu'une peau blanche, des yeux bleus et des cheveux d'un blond cendré. La reine Marie-Thérèse d'Autriche est tout à fait dans les standards de beauté de son temps, ayant un charme indéniable. Elle avait échappé grâce à sa mère, Élisabeth de France, au prognathisme des Habsbourg d'Espagne.

- Relevez-vous. Nous sommes seules entre femmes. Je ne crois pas vous avoir déjà vu.

- Non, Majesté. La cour n'est pas un endroit que j'ai fréquenté auparavant et c'est avec beaucoup de regret que j'ai quitté ma demeure en Provence pour venir passer une soirée ici sous l'entêtement de mon frère. Mais je ne veux point vous offenser par mes mots, croyez-le bien.

- Je ne vous en tient point rigueur. Le sillon sur votre visage en dit long. Quelle en est la cause ?

Voilà une chose à laquelle la comtesse ne s'attendait point. Rencontrer la reine de France en personne... Bien sûr, elle savait qui était sa Majesté, à quoi elle ressemblait physiquement... C'était autre chose en terme de personnalité. Un être humain digne de ce nom se reconnaît à sa compassion, sa générosité et sa bienveillance.*La bienveillance est attirante et féconde. Quand on la voit sourire dans les regards de ceux qui nous approchent, quand on la sent pour ainsi dire respirer autour de soi, alors le cœur s'ouvre, il s'épanche, et l'on devient éloquent pour exprimer la reconnaissance qu'elle inspire.*

- À la longue, Madame, je suis devenu bien morose. Mon rêve s'est éteint, mon rire s'est usé. Rien ne fascine plus mon cœur désabusé depuis que mon enfant chéri a été rappelé au ciel. Moi qui aurait tant voulu être mère, je ne puis plus jamais l'être.

La souveraine vient s'accouder en silence sur la rambarde aux côtés de la comtesse qui l'observe sans mot dire, elle aussi. Jusqu'à ce que la première brise l'aphasie d'une voix à la fois calme et empreinte de nostalgie.

- Ils disent qu'au ciel on retrouve ces chers petits morts tant pleurés. Ah ! Ils parlent, mais si seulement il savaient ce qu'éprouve le cœur des mères éplorées comme nous. Ils sont étonnés qu'on se plaigne. Savent-ils bien notre douleur, à nous dont le sein meurtri saigne ? Ma petite Anne-Élisabeth... Marie-Anne... Louis-François... Tous partis là-haut, si loin de moi. De leurs premières fleurs écloses on couvrit le voile blanc. Même mes pauvres Marie-Thérèse et Philippe-Charles ont à peine eut le temps de sortir du berceau. Mon petit Louis est l'unique qu'il me reste.

Marie-Thérèse d'Autriche se tait. Isabelle reste mutine, des milliers de sentiments la traversant et mouillant de nouveau ses yeux déjà bien assombris. Bien sûr, elle savait déjà cela comme tous le monde : si ce n'est Monseigneur le prince Louis de France, tous les autres enfants du roi n'avaient guère survécus à la petite enfance, laissant l'aîné de la fratrie royale pour seul héritier de la couronne.

La Comtesse du LysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant