XIV

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Remerciement à FanSALTLTRRtr09 et à RoseBreart pour leurs commentaires, ainsi qu'à tous ceux ayant voté.

Découvrons maintenant la conversation de notre couple principal.

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« Ce sont les étoiles, les étoiles tout là-haut qui gouvernent notre existence. »

William Shakespeare


Un délicat et simple sourire orne les lèvres d'Isabelle qui baisse légèrement la tête. En fin de compte, Louis est sincère dans ses intentions.

- Oui, votre Majesté. Ces petits anges sont un véritable cadeau du ciel, et je ne peux m'empêcher de retrouver la foi en le Seigneur qui m'aura donné une seconde chance d'être une mère, si l'on peut le nommer ainsi.

- Mais cela n'exclut point que votre fils vous manque toujours. Puis-je demander quel était son nom, si la peine s'est adoucie ?

La comtesse reprend la marche, le roi la suivant de près.

- Mon petit Charles. Mon enfant chéri. En venant dans l'émoi, avec un peu de lui, son père a fait de moi une enceinte de vie. J'aurais bien voulu, à force d'amour, révoquer son départ au royaume de Dieu à seulement deux ans d'existence. Mais le monde est trop lourd et n'a pas su retenir mon doux angelot. Où faut-il le chercher, dorénavant ? Sous les gouttes de rosée ? Sur les ailes du vent ? Personne ne saura me le dire.

- Calmez ce trouble où votre âme est livrée, Madame. Il n'y a point à vous interroger où chercher votre fils bien-aimé. Là où il est, Il ne craint plus rien. Il a probablement les yeux pleins d'étoiles d'or et l'âme vaste comme le monde dans le divin Éden. La joie y est sans mélange. Il est dans chaque chose... Sur les ailes d'un ange, dans la rosée, dans le vent, dans le cœur d'une rose, dans votre cœur. Comme il doit en être pour votre défunt époux.

- Lui aussi me manque quelque peu. Jacques et moi étions certes liés par un mariage de convenance. Malgré tout, nous avions une vie harmonieuse. Peu de femmes peuvent en dire autant.

- Ne croyez point que seul les nobles dames peuvent être victimes d'unions mal assorties. En tant que nobles, nous payons parfois trop cher le privilège de notre naissance. Les hommes ne font pas exception à la règle.

- Et vous êtes le mieux placé pour le savoir, n'est-il pas ? Vous êtes né, Sire, avec un cœur droit et équitable. Mais ceux qui vous ont élevé ne vous ont donné pour science de gouverner que la méfiance, l'éloignement de la vertu, la crainte de tout mérite éclatant, le goût des hommes souples et rampants, la hauteur et l'attention à votre seul intérêt.

Isabelle se tait immédiatement. Dieu du ciel ! Comment a-t-elle pu aller si loin dans son propos ? Elle s'applique un soufflet mental devant l'audace dont elle vient de faire preuve, devant son roi qui plus est !

Ce dernier ne semble cependant pas s'offusquer de la franchise de son interlocutrice. Il en est même agréablement surpris, comme s'il s'agissait de la première fois qu'il trouve une personne disposée à lui parler si honnêtement. Il ne cherche point à nier les paroles de sa vis-à-vis, continuant cette conversation plus qu'intéressante à son goût.

- Je ne peux en effet point vous donner entièrement tord. Les nobles que je côtoie ne se soucient guère d'user de méthodes détestables sur leurs proies, de multipliez les intrigues et de déployer à la cour un luxe monstrueux et incurable. La faiblesse et la timidité de certains les déshonorent et scandalisent tout le monde. Mais je vous prierai toutefois, Madame, de ne point calomnier mon père, le Juste, et ma mère, Anne d'Autriche.

La Comtesse du LysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant