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Je tiens à remercier FanSALTLTRRtr09 pour ses gentils commentaires, ainsi qu'à tous ceux qui ont voté.

Aujourd'hui, le moment que beaucoup ont dû attendre avec impatience. Bonne lecture !

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« ... C'est pourquoi, quand nos espérances se réalisent, nous sommes toujours surpris. »

Johann Wolfgang von Goethe


Votre illustre Majesté,

La personne qui vous écrit cette lettre n'a aucune prétention en ce monde. Elle ne l'écrit ni par chagrin quand bien même elle en a, ni par ambition, ni par envie de se mêler aux grandes affaires de notre beau royaume de France. Elle répond à une requête que vous lui avez adressé alors même qu'elle ne vous a jamais vu de sa vie, chose qu'elle avoue avec un peu de honte.

Elle sait que la plupart voient Dieu en votre personne. Mais pour elle qui a perdu foi en le Seigneur depuis que son enfant lui a été reprit, avec toute votre puissance vous ne pouvez lui donner aucun bien qu'elle désire. Si elle vous parle vigoureusement, n'en soyez point ébahi. Elle n'est point de ces gens accoutumés à être flattés qui prennent pour âpreté et pour excès ce qui n'est que la vérité toute pure. La vérité est libre et forte, comme le lui a enseigné son père. Et ce serait autant la trahir que vous trahir de ne pas vous la montrer dans toute son étendue.

J'ai reçu il y a deux jours la visite de la sérénissime marquise de Montespan, votre amie ainsi que la mère de vos enfants, dont elle et vous m'ont soumis d'assurer le soin et l'éducation. J'ai décidé après de longues réflexions de vous écrire cette lettre, qui je l'espère sera parvenue entre vos mains par l'intermédiaire de mon frère, Monsieur de Montéclair. Madame, ainsi que ma chère amie Mademoiselle de Beaulieu, m'ont convaincue de prendre cette charge, persuadées que cela puisse me soulager de la douleur que je ressens de n'avoir pu réaliser pleinement ma vie en tant que mère.

J'accède à votre instance, et attend votre réponse.

Isabelle Constance Madeleine de Langlois, comtesse de Vauboyen

Voilà quelques minutes que le roi relit en boucle la lettre de Madame de Langlois. La marquise de Montespan s'était indignée de la franchise de cette dernière dans ses mots, affirmant qu'il s'agissait d'un manque de respect envers lui. Mais il n'en avait cure. Une personne honnête comme la comtesse vaut pour lui beaucoup plus que tous ces nobles qui tournent sans cesse autour de lui, tels des serpents guettant la moindre occasion de mordre leur proie.

Louis a été on ne peut plus ravi d'apprendre qu'Isabelle acceptait sa demande, non seulement pour ses chérubins, mais aussi pour lui-même. Il aurait enfin la possibilité de la connaître réellement, si du moins elle ne se montre pas hermétique à la conversation dans son état dépressif, chose qu'il soupçonne fortement. Il sait après tout ce qu'est la perte d'un enfant, il reste un père en ayant vu mourir plusieurs au berceau. Ô combien il avait été affligé quelques années plus tôt par la mort de sa fille Marie-Thérèse, elle qui n'avait que cinq ans. Cela a dû être encore pire pour Madame de Langlois dont le fils n'avait que deux ans. Un fils dont il ignore le nom, François de Hautecourt ne sachant pas cette information.

Cela rajoute du mystère à la comtesse dont il attend avec impatience l'arrivée demain dans l'après-midi. Louis lui avait répondu qu'un équipage viendra la chercher directement chez elle pour la conduire au château de Vaugirard où résident les enfants.

La Comtesse du LysOù les histoires vivent. Découvrez maintenant