Chapitre 12 ✨

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C'était certainement l'une des meilleures soirées à laquelle Solal avait assisté, et pour couronner le tout, cela avait été lui, l'homme de toutes les attentions. C'était lui que les autres avaient regardé, tous ses amis étaient présents, on l'avait acclamé, pris dans les bras et embrassé sur les joues. C'était aussi déroutant que grisant.

Étant né dans une famille nombreuse, Solal se sentait parfois un peu "noyé" par ses trois sœurs et son petit frère. Ses parents se trompaient toujours dans son prénom (ce qui était assez vexant, avouons-le) et n'avaient que peu de temps à lui accorder. Cela aurait été toutefois faux de dire qu'ils ne s'occupaient pas de leurs enfants. Les parents de Solal faisaient en sorte de donner de l'amour et de l'attention à chacun, mais cela s'avérait souvent compliqué. Ce n'était pas qu'ils ne voulaient pas mais c'était plutôt une incapacité liée au temps et à l'énergie qu'ils pouvaient consacrer et fournir.

La veille, il avait été réveillé dans son lit par ses deux plus jeunes sœurs, Noémie et Clarisse, qui s'étaient dit que rebondir sur leur frère ferait un très bon cadeau d'anniversaire. Elles s'étaient glissées dans son lit et l'avaient chatouillé jusqu'à ce qu'il les supplie d'arrêter.

Tous les membres de la famille de Solal se ressemblaient plus ou moins, de par leur caractère ou leur physique. Noémie était âgée de neuf ans et était l'aînée de Clarisse de deux ans. Pourtant, on aurait pu juré qu'elles étaient jumelles tant elles se ressemblaient. Elles possédaient toutes les deux de belles boucles brunes bien dessinées, de petits yeux marron malicieux et une peau de bronze. Avec son autre petite sœur, Anissa, âgée de seize ans, Solal était le seul de sa famille à avoir hérité des yeux verts de son père. Son frère, Baptiste, quant à lui, coupait toujours ses cheveux très court, si bien qu'on ne pouvait pas savoir si il avait hérité des boucles brunes familiales.

Après ce réveil qui n'était pas des plus doux, Solal s'était levé avec peine (ses petites sœurs lui avaient bousillé le dos) et était descendu dans le salon. Il avait constaté avec joie que l'attendait là-bas un gâteau que sa mère avait préparé pour son anniversaire. Il avait soufflé les bougies, ils avaient mangé le gâteau, Solal avait eu deux ou trois cadeaux (surtout de l'argent) et cela s'était terminé ainsi.

Il avait ensuite reçu dans l'après-midi un message de Mélodie qui lui disait de venir la retrouver chez elle vers 19 heures. Solal n'était pas stupide, il savait que cela vaut un rapport avec son anniversaire. Mais la réalité dépassait de loin tout ce qu'il avait imaginé.

À l'heure indiquée, il s'était rendu chez Mélodie. Deès qu'il eu ouvert la porte, il avait vu avec surprise tous ses amis du collège et du lycée présents, lui crier des "surprises" ou des "joyeux anniversaire". Solal avait été très ému par l'initiative de sa meilleure amie, personne n'avait jamais fait quelque chose comme ça pour lui. D'ailleurs, durant toute la soirée, il l'avait chaudement remerciée pour tout ce qu'elle avait fait pour lui.

Et le moins qu'il pouvait faire pour la remercier était de rester pour l'aider à tout ranger, le lendemain de la soirée. Enfin, en théorie, c'était ce qu'il avait prévu mais c'était sans compter tout l'alcool qu'il avait ingurgité la veille et la gueule de bois monstrueuse avec laquelle il s'était réveillé ce matin.

Lunette de soleil sur le nez, il balayait sans vraiment faire attention le sol du séjour alors que Mélodie, qui avait elle-même des lunettes de soleil sur le nez, rassemblait toutes les bouteilles de bières qui traînaient aux alentours. Comment avaient-ils pu boire autant en une soirée ? Solal avait beau se le demander, il savait parfaitement qu'il était de ceux qui avait le plus bu, au point même d'avoir oublié quelques moments de la soirée. Il parvenait à se souvenirs de quelques bribes d'événements, sans pour autant réussir à dire si ses souvenirs étaient vraiment réels ou si il les avait rêvé.

_ Tu devrais peut-être rassembler tes cadeaux, fit Mélodie au bout d'un moment, une fois qu'elle eut fini de mettre toutes les bouteilles vides (et entamées) sur le comptoir.

_ Tu as raison, acquiesça Solal. Je devrais peut-être rentrer chez moi à un moment ou à un autre...

_ Tu peux rester là encore ce soir, si tu veux.

_ Tes parents ne veulent pas l'adopter ? plaisanta Solal. Autant vivre tout de suite avec vous.

Mélodie laissa échapper un rire d'entre ses fines lèvres.

_ Je suis certaine qu'ils seraient d'accord ! Comment tu fais pour que tous les parents de tes amis t'adorent ? Tu es le diable !

Solal rit à son tour.

_ Le diable va malheureusement devoir rentrer chez lui. On se revoit de toutes façons demain, non ?

Mélodie hocha la tête.

*

Cela avait pris environ une quinzaine de minutes pour rassembler toutes ses affaires, grâce à Mélodie qui avait l'idée de rassembler tous les cadeaux de Solal la veille au soir, quand elle n'était pas trop éméchée. Arrivé chez lui, Solal avait entrepris de défaire toutes ses affaires et de ranger tous les cadeaux.

Il avait vraiment été gâté par ses amis, surtout les plus proches. Célestin et Mélodie s'étaient vraiment surpassés ! Les chaussures que lui avaient offert Célestin étaient magnifiques, Solal en rêvait depuis des mois !

Mais en les regardant, un souvenir bien particulier de la soirée lui revint en mémoire.

Un souvenir qui concernait Célestin. Et lui.

Un baiser.

Le baiser.

Solal sentit ses joues chauffer et la honte irradiait de son corps. Comment avait-il pu embrasser son meilleur ami ? Certes, il y avait toujours eu une ambiguïté dans leur amitié, du moins pour Solal, mais comment avait-il osé ? Célestin n'était certainement pas une personne qui méritait un premier baiser comme ça, alors que l'autre personne était soûle et qu'il l'avait forcé à le faire. Solal était mort de honte et de culpabilité.

Il fallait qu'il parle à Mélodie. Elle, elle saurait quoi faire.

Dérapage IncontrôléOù les histoires vivent. Découvrez maintenant