7 - Le cri

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- Nakahara, vous vous sentez bien ? Vous n'arrêtez pas de toussez.
La voix du professeur Mori n'était déjà pas très agréable à entendre d'habitude. Mais quand c'était pour faire une telle remarque, elle l'était encore moins.
- Je vais bien, merci.
- Vous êtes sur ? Quelqu'un devrais vous accompagnez chez l'infirmière.
Chuuya soupira. Peut être valait il mieux céder ? S'obstiner à refuser attirerait l'attention et ce n'était pas une bonne chose.
- J'irais après les cours.
- Allez-y maintenant, Dazai vous accompagnera.
Cette fois, ce fut au tour de Dazai de soupirer. Mais pas de fatigue ou d'énervement, il soupirait de soulagement. Quitter le cours du professeur Mori était une opportunité rare qu'il fallait saisir à tout prix !
- Avec plaisir ! s'écria t'il, puis plus bas, Viens Chuuya.

Le professeur sourit et reprit son cours. Higuchi adressa un regard inquiet à son camarade qui ne l'a remarqua pas, trop occupé à pester contre M. Mori.

- Normalement, les profs n'étaient pas sensés être au courant, fit remarquer Dazai.
- Qui te dit qu'ils le sont ?
- Fait pas l'idiot, il sait. Peut-être pas les autres mais Mori sait.
Chuuya s'arrêta et croisa les bras. Il ne fallait pas se voiler la face, Dazai avait raison (bien que l'admettre ne l'enchantait pas).
- Dans tous les cas, j'y peux rien. J'ai pas choisi d'être malade !
- Bien sûr. Mais si tu pouvais essayer de contrôler tes toux ca ne ferait de mal à personne, répliqua Dazai.
- J'ai failli mourir par manque d'air dans d'atroces souffrances il y a quelques minutes et tu oses me dire de contrôler ma maladie ?!
Le Serdaigle étouffa un rire.
- Tu n'abuses pas un peu ?
- Absolument pas.
Chuuya reprit le chemin vers l'infirmerie, plus vite que précédemment. Dazai pressa le pas derrière lui pour le rattraper, en vain. Plus il se dépêchait, plus Chuuya courait.  Il approcha à peine l'infirmerie que son ami était déjà en pleine discussion avec Mme Izumi, la mère de Kyoka qui travaillait également en tant qu'infirmière au château. Elle était rayonnante et joyeuse, bien à l'inverse de sa fille.

- Monsieur Dazai, bonjour !
- Bonjour Madame Izumi, répondit le jeune homme.
Il détourna le regard vers le lit d'hôpital où était assit Chuuya, essoufflé de la course qui s'était déroulée dans les couloirs quelques minutes plus tôt. Mme Izumi ne tarda pas à faire un rapide bilan de son état de santé.
- Monsieur Nakahara va bien, si vous vous posez la question. Sûrement une grippe ou ce genre de choses, pas s'inquiétude ! Il aura juste des médicaments à prendre durant les prochaines semaines.
Le Serpentard adressa un regard décontenancé à l'infirmière et se redressa dans son lit.
- Des médicaments ? Pour une grippe ?
- Ce sont des précautions. Vous devriez aussi évitez les activités physiques trop fortes, je vous ferais une dispense au Quidditch.
Dazai étouffa un ricanement tandis que Chuuya essayait de négocier avec Mme Izumi pour pouvoir continuer à jouer. Celle ci ne cessait de refuser, évidemment, et Dazai se décida à intervenir.
- Si c'est tout, on va retourner en cours.
La femme lui sourit et tendit à Chuuya un sachet en papier contenant quelques boîtes de médicaments et leur indiqua la sortie.

- J'allais la convaincre !
Dazai soupira.
- Bien sûr que non... En plus, elle a raison, c'est mieux pour ta santé. Enfin passons. On retourne en cours ou pas ?
Chuuya le dévisagea. Cette question était elle si évidente que ça ?
- Bien sur que non. Tu oublies tes bases ou quoi ?

- Mais fais un effort ! C'est affreux !
- Je fais ce que je peux !
Alors, comment dire ? L'heure qui leur restait avant le repas - normalement destinée au cours de M. Mori - avait été utilisée pour faire un bonhomme de neige. Très enfantin, effectivement, mais tout prétexte à se chamailler et à chercher la concurrence était bon à prendre pour Dazai et Chuuya. Ils s'étaient donc reculés dans la cours de Poudlard, loin du château, car il valait mieux éviter d'être attrapé en dehors du château à l'heure des cours !

Tandis que le bonhomme de Chuuya était plutôt beau, celui de Dazai était assez catastrophique. Entre les yeux, représentés par des cailloux noirs beaucoup trop gros qui ne tenaient pas en place, la bouche faite en bouts de bois sales et la forme générale, ce bonhomme n'avait pas la forme. A l'opposé celui de Chuuya était harmonieux et élégant, ce qui irritait profondément le brun. Il avait un tel esprit de compétition que la plupart des élèves se demandaient pourquoi il était à Serdaigle et non à Serpentard.

- C'est pas ma faute si tu n'as aucun talent en terme de construction de bonhomme de neige !
- Dois-je te rappeler que je suis meilleur que toi en tout excepté ça ?
- Pas besoin de me rappeler des choses fausses !

Une voix cristalline interrompu la dispute.
- Il y a quelqu'un ?

Les deux jeunes hommes échangèrent un regard inquiet avant de s'enfuir inconsciemment vers la forêt interdite. Dazai crut apercevoir Mme Mitchell en se retournant et il songea que la voix de l'inconnue ressemblait à celle de la professeure. Il courut plus vite, l'enseignante étant réputée pour être sévère. Il n'avait pas besoin d'une punition en ce moment. Chuuya manqua de trébucher sur une branche durant la course, ce qui les fit s'arrêter. En levant les yeux, on voyait les immenses arbres de la forêt interdite, sans feuilles puisqu'on était en décembre. Il étaient certes effrayants, mais sa curiosité le poussait à vouloir entrer dans la forêt.

- On fait quoi maintenant ? demanda Chuuya.
Bonne question, se dit-il.
- On va dans la forêt. On a le temps !
Il regarda Chuuya, qui semblait peu enthousiaste à cette idée.
- Enfin, si tu veux retourner au château tu peux. T'as le droit d'être un froussard, murmura Dazai, bien qu'il savait que Chuuya l'entendrait.
- Je vois pas pourquoi je retournais au château. Active toi, on y vas.
Le Serdaigle sourit et s'avança dans la forêt. Il ne fallait pas le cacher, il avait peur. Très peur même. Il cachait ses sursauts à chaque branches qui craquait, et se retenait de partir en courant à chaque bruit étrange. Chuuya, lui, était en apparence plus serein. Il ouvrait la marche et se baladait avec aisance dans la forêt.

- Attends.
Dazai se raidit. Il avança au même niveau que son camarade et avant qu'il ne puisse ouvrir la bouche, un hurlement se fit entendre. Il prit la main de Chuuya dans la sienne, par réflexe, et chuchota un juron. Chuuya écarquilla les yeux avant de se tourner vers Dazai. 
- On dégage !

Dazai ne cessa de courir seulement quand il vit le bout de la forêt et l'enceinte du château. La main de Chuuya, toujours dans la sienne, lui indiquait le pouls incroyablement rapide de ce dernier. Il aurait fait une remarque sur sa peur si lui aussi n'était pas terrifié. Le hurlement était à glacé le sang, et semblait si proche de la où ils se trouvaient. Chuuya lâcha la main de Dazai puis mit les siennes dans ses poches et soupira. Il détourna le regard et se pressa vers l'école. Dazai le suivit, bégaya une excuse et baissa la tête. Apparement, ne pas parler ni du cri ni du contact physique était une décision commune.

Arrivés au château, ils s'étaient simplement dirigés vers la salle commune, en retard pour le repas, comme si de rien était. Ranpo le regarda étrangement durant tout le repas, Dazai faisait semblait de ne pas le remarquer. Il mangea rapidement, sauta le dessert et courut vers la bibliothèque à la recherche de livres sur les créatures fantastiques. Il espérait trouver une créature qui poussait des cris effrois d'une voix féminine.

Malade ? - BSD/UA Poudlard Où les histoires vivent. Découvrez maintenant