Je m'arrête devant une maison typique de la région wallonne construite en pierres de Gobertange. Joachim vit dans l'un des plus jolis villages du coin et je ne peux que souligner la beauté de sa demeure.
Je rêverais de vivre dans une bâtisse comme celle-ci. Lorsque j'étais avec Marvin, ce vœu était exaucé, même si notre lieu de vie était moderne et absolument pas rustique. J'ai toujours trouvé qu'il lui manquait une âme, comme souvent dans les nouvelles constructions. Ici, je sens que l'endroit détient un passé riche.
Je descends de mon véhicule garé dans la cour pavée de la propriété et marche en direction de la porte d'entrée. Une lumière automatique m'éclaire tandis que je sonne.
Joachim m'ouvre quelques secondes plus tard, les yeux fatigués et une petite Ève dans les bras. Malgré son épuisement, un lumineux sourire m'accueille que je m'empresse de lui rendre.
— Comment va la petite ? demandé-je après lui avoir fait la bise.
— J'ai réussi à faire baisser la fièvre, mais elle est très grincheuse. En mode pot-de-colle, si tu vois ce que je veux dire.
Un coup d'œil à la gamine m'informe de son état fébrile. Des petites joues trop rouges et de jolis yeux marron trop brillants.
— Elle est claquée, mais dès que je la pose, elle se met à pleurer.
— C'est souvent comme ça quand les enfants ne vont pas bien.
— Jusqu'à présent, j'ai plutôt été épargné, mais, depuis le début de cet automne, j'ai l'impression qu'elle se chope tout ce qui traîne.
Tout en discutant, il m'invite à le suivre. Je découvre un intérieur chaleureux dont les quelques touches féminines me rappellent qu'il y a deux ans, le propriétaire était marié. Sans doute n'a-t-il pas modifié la décoration. Mon œil critique me fait remarquer que certaines choses traînent çà et là, mais, dans l'ensemble, l'endroit est plutôt propre et rangé.
— La cuisine est par ici, je viens juste de mettre les pâtes dans l'eau, m'indique-t-il.
Dans cette pièce, par contre, règne un joyeux bordel. Je devine, dans ce capharnaüm, un père débordé qui a bien du mal à gérer son gosse malade et l'intendance de la maison.
— Si tu veux, je me charge de la suite des opérations, proposé-je.
— Ça ne te dérange pas ? s'inquiète-t-il, soulagé de ma proposition.
— Mais non, voyons ! Les macaroni-jambon-fromage n'ont plus de secrets pour moi.
— Je te laisse faire. Tu as carte blanche. En attendant, ça ne t'embête pas si j'essaie de recoucher Ève ? Elle a vraiment besoin de sommeil.
In petto, je me dis que le papa en aurait tout autant besoin, mais je m'abstiens de lui faire cette réflexion. Je suis certaine qu'il a conscience de son état de fatigue et qu'il n'est pas utile que je remue le couteau dans la plaie.
— Vas-y, prends ton temps, le rassuré-je en m'emparant déjà d'une cuillère en bois.
Il me sourit une nouvelle fois et quitte la pièce en emportant une bouteille d'eau.
Je profite de son absence pour détailler les lieux. Je ne voudrais pas paraître impolie en sa présence, mais, seule, je peux à loisir assouvir ma curiosité.
Sur le frigo, sont épinglées des photographies sur lesquelles Joachim et une femme sourient avec bonheur. Je prends le temps d'analyser les traits de cette mère partie trop tôt. Elle était jolie, c'est indéniable. De longs cheveux noirs, un sourire à la Julia Roberts et un corps relativement mince. Trop mince, songé-je...
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Dans l'ombre de Narcisse (BMR Edition)
RomanceAprès des années enfermée dans une relation abusive, Livia a fait sa valise, claqué la porte et dit adieu à un homme qui la rabaissait pour toujours mieux la posséder. Elle a brisé ses chaînes. Enfin, pas tout à fait... Car Marvin, l'homme qu'elle a...