Chapitre 12

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Le retour en voiture s'est avéré être le moment le moins pénible de ma journée. Jenny ne cessait de se confondre en excuse pour m'avoir laissé seul dans le bureau de Horne. Je ne lui en tient aucunement rigueur. Si je n'étais pas aussi têtu, je serais moi aussi sorti de la pièce dans le but de fuir au plus vite le maître des lieux. Leur réaction était totalement justifiée, de plus, Horne nous avait mis dehors. Après avoir expliqué à Jenny que je ne le dirais pas à mon amie et qu'elle ne serait pas licenciée pour ça, je demandais au chauffeur de baisser la musique. J'avais un mal de crâne qui ne cessait de s'accentuer sous le flot de paroles de Jenny. Malgré mes paroles, elle n'arrivait pas à s'arrêter de s'excuser et souhaitait se faire pardonner en m'offrant divers services mais plus je refusais, plus elle persistait. Si elle fournissait autant d'énergie dans son travail qu'en excuse, elle serait excellente.

Lorsqu'on passa enfin devant Central Park, une forte envie de prendre l'air pour évacuer le trop plein d'émotions me prit.

- Excusez-moi ? Abaissant totalement la vitre qui nous séparait, le chauffeur me fixa dans son rétro intérieur.

- Oui mademoiselle ?

- Pourriez-vous vous arrêtez ? J'aimerais marcher un peu.

- Mademoiselle, je ne crois pas que...

- Ne vous inquiétez pas, je suis une grande fille. Face à sa mine inquiète, j'ai cru bon de le rassurer. C'est promis, je rentrerai avant que la nuit tombe.

- Je crois qu'il a raison mademoiselle. Mademoiselle Millenium a demandé à ce qu'on vous ramène à son hôtel. Je ne voudrais pas qu'il vous arrive quoi que ce soit.

- Arrêtez, vous agissez comme si de dangereux truands allaient me sauté dessus. Rigolant seul face à ma plaisanterie je cessais rapidement face à leur mine sérieuse. Écoutez, la journée a été très compliquée et je vous remercie de votre inquiétude mais j'ai vraiment besoin de marcher.

Ne trouvant plus rien à y redire, le chauffeur referma la vitre qui nous séparait puis se gara sur la droite. Je le remercie et demande à Jenny de ramener ma sacoche dans la chambre d'hôtel de mon amie.

Après avoir claqué ma porte, je regardais la voiture s'éloigner pour enfin me retourner face à ce magnifique Parc. À cette heure-ci, New York était totalement bondé, les employés et directeurs rentraient d'une longue journée de travail, les enfants quittaient l'école accompagnés de leurs amis, les ados sortaient entre eux profitant de leurs soirées pour décompresser et les couples se retrouvaient. Nous avons tous une similitude, celle de retrouver notre réalité et de faire enfin ce que nous voulons vraiment. En entrant dans Central Park, je ne m'attendais pas à croiser autant de monde. Même si ce n'est pas la tranquillité que j'espérais trouvé, le fait de marcher entouré de végétation me relaxe. Bon nombre de personnes se promenaient en calèches profitant de la fraîcheur du moment pour une petite sortie en amoureux. Des enfants jouaient à cache cache entre deux arbres faisant profiter les passants de leurs éclats de rire. L'un d'eux se mit à me tourner autour pour éviter un autre enfant qui tentait de le toucher. Mon rire se mélangeait aux leurs profitant de ce petit moment de joie que ces petits êtres m'apportaient. Leurs mères les appelèrent soudain mettant fin à cet instant de bonheur. Les deux enfants me font un petit coucou auxquels je réponds vivement.

Arrivé à une intersection, je me suis arrêté pour choisir le chemin le moins emprunté. Seul celui de droite était tranquille, mon choix de porta ainsi pour celui-ci. Au bout d'un moment, je me suis retrouvé seul ce qui est étrange puisque le Parc est régulièrement bondé. Un bruissement attira mon attention dans le buisson d'en face. N'y prêtant pas attention, c'est un second bruissement qui me dit de m'arrêter. Je m'accroupis légèrement pour voir ce qui s'y trouvait mais je n'y voyais que des feuilles. Soudain un écureuil sorti, surprise je perdis l'équilibre et tombais sur les fesses. Ce petit écureuil était magnifique , je sortis mon téléphone pour immortaliser cet instant en photo.

Reprenant la route, des bruits de pas se firent entendre en plus de miens. Finalement je n'étais pas si seul que ça. Mon téléphone sonna, Julie. Voulant encore profiter de ce petit moment, je ne décrochais pas et coupa le son de mon téléphone. Je le rangeais dans ma poche de manteau et sortais mes gants pour le réchauffer . Comme je l'avais promis, en voyant la nuit tombée je me retournais prête à revenir sur mes pas et à rentrer me reposer. Cependant j'eus un moment de recul lorsqu'en me retournant je croisait deux hommes baraqués. Tous deux s'étaient également arrêtés et se regardaient. L'air paniqué, le premier prit son téléphone pour le porter à son oreille mais l'autre le prit et le rangea dans sa poche. À cette distance je ne pouvais pas entendre ce qu'ils se disaient. Celui qui avait repris le téléphone se remet à marcher dans ma direction. Je ne bougeais pas attendant de voir ce qu'ils comptaient faire. Lorsqu'ils passèrent à mes côtés, je respirai à nouveau. Tétanisé je réfléchissais rapidement ne savant plus quoi faire. La seule chose qui me passait par la tête était de quitter cet endroit. Décidément, ce n'était vraiment pas ma journée. Je marchais rapidement, empruntant les sentiers par lesquels je suis arrivé. Lorsque je vois enfin des personnes se balader, je m'autorise enfin à ralentir le rythme non sans avoir vérifié que les deux gars qui était derrière moi n'y étaient plus.

J'hélais un taxi et monta dedans. En sortant mon téléphone je me rendis compte que Julie avait essayé de me joindre à plusieurs reprises. Elle m'a cependant laissé un message pour le prévenir qu'elle rentrera dans la soirée. Elle avait réussi à écourter son rendez-vous et me félicite car l'assistante de Horne les avait informés de la décision de ce dernier. Quant à moi je n'avais plus qu'une hâte, celle de prendre un bain chaud et d'aller me coucher pour le plus repenser à cette effrayante journée.

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