Chapitre I

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Le destin est un enchevêtrement de petites choses,

Un entremêlement d'événements se conjuguant à la perfection,

Créant la catastrophe et le bonheur d'autrui.

(Texte auteur)






Greenwich, Angleterre

Un mois après l'attentat du Brangton House....

Adam Cain attendait devant l'énorme porte en noyer du château familial. Son regard se perdit un instant sur les alentours. Il admira le jardin où l'herbe plane et bien tondue de la veille, démontrait l'activité n'ayant jamais cessé, même après le désastre subi par la famille.

Le monde ne s'était pas arrêté de tourner et les employés travaillaient d'arrache-pied pour rendre ce lieu agréable. Tout avait repris comme si de rien n'était. Le ciel même resta clément. Il ne neigeait pas, même s'il faisait aussi froid que durant les hivers les plus rudes.

Les pas de l'intérieur firent se redresser le prêtre. Un homme aux cheveux argenté vint lui ouvrir. Le nouvel arrivant lui adressa alors un sourire de complaisance.

— Bonjour monsieur Cain, dit le majordome en cédant le passage. Votre frère est en haut mais vous pouvez vous installez dans le séjour en l'attendant.

— Merci Bradford, répondit-il placidement en passant devant l'employé de maison.

Les deux hommes en noirs traversèrent le hall ombragé, serti d'un aplat de marbre au sol et d'un escalier de bois d'ébène, tourbillonnant vers les étages supérieurs. La décoration de l'entrée était sobre. Quelques plantes vivaces entretenaient l'impression de calme qui régnait à présent dans cette maison vide.

Ils pénétrèrent au salon par la double porte ouverte qui offrait plus de lumière mais l'atmosphère qui y régnait, était moins apaisante. Le prêtre se sentit tout de suite plus anxieux qu'à l'accoutumé. Le majordome fit alors un geste de la main et l'invita à s'asseoir.

— Merci Bradford, dit le prêtre en regardant le fauteuil, mais je vais rester debout.

Le vieil homme acquiesça, sans rien montrer de discourtoisie, de peine ou de joie sur son visage ridé. Il gardait cet air impassible que devait conserver tous les domestiques aguerris. Des traits impénétrables assortis aux yeux habitués à garder les secrets bien enfouis.

L'élégant homme disparut ensuite sans qu'il ne puisse le distinguer, laissant le soin au cadet de la famille de reprendre ses aises dans sa maison. Bradford Hope travaillait dans leur maison depuis si longtemps qu'il connaissait surement tous les recoins masqués de celle-ci.

Le soir de l'attentat, le vieil homme était absent. Il avait ainsi échappé à la tragédie. Il n'avait pas été touché par balle, comme tous les autres, mais ses yeux légèrement veinés de rouge firent soupçonner au prêtre que ce drame l'avait plus affecté qu'il ne le montrait.

L'homme à la robe noire s'avança plus en avant. Il s'introduisit dans le salon au haut plafond, paré d'un énorme lustre en cristal au centre. Il se reposa dans un confortable fauteuil blanc, juxtaposé à l'immense canapé d'angle installé au milieu de la pièce, pour se concentrer sur ce qu'il allait dire.

Pardonne-moi mes péchésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant