David prit sa mallette d'outils, regarda en arrière puis recula de quelques pas pour vérifier le travail qu'il venait d'effectuer. Il pencha la tête pour fixer les yeux sur la soudure près de la gouttière et s'approcha. Rien à signaler.
— C'est parfait ! se dit-il.
La fissure était comblée. Il n'aurait plus à y revenir. Cette besogne était l'une des nombreux autres qu'il accumulait depuis qu'il était ici. Il admira une seconde le nouvel aboutissement puis fila lorsque que le temps se crispa et que les gouttes de pluie commencèrent à lui piquer la peau.
Il était midi. Le soleil venait à peine d'apparaitre sur le pas de la porte. Le temps restait toutefois grisonnant et le froid rude. Il tournait en rond dans cette petite maisonnée. Il faut dire qu'il était loin de tout sur cette petite ile où les plus proches voisins se trouvaient à plusieurs centaines de miles.
Il sortait le matériel du cabanon et tronçonnait du soir au matin pour produire du feu : Ces régions peu hospitalières offraient aussi un climat inhospitalier. Le mois de décembre s'achevait à grands pas et avec lui débarqueraient les grands froids et les festivités. Il fallait s'y préparer.
Cette maison lui offrait pourtant le calme et la sérénité dont il avait besoin. Il sciait, clouait, ponçait, rabotait, réparait le bardage et les murs abimés par le sel marin ou recyclait les portes en meubles pratiques.
Restait les réparations plus complexes qui nécessitaient de se déplacer jusqu'au continent et de tout remorquer sur son bateau stationné près de la berge. Au bout de cinq semaines la grande partie du gros œuvre était faite et au bout de trois mois, la refonte était presque complète.
Pourtant lorsque son frère revint cet après midi là, il avait le regard fuyant et remarqua à peine la restauration qu'il avait entamée. David en fut surpris. Son frère entra sans bruit tandis qu'il s'affairait à resserrer les tuyaux de canalisations de la cuisine, allongé, dos au sol, la torche entre les dents.
En sortant la tête de sous l'évier, il entraperçut la silhouette de l'abbé, avachi, le bras soutenu par la table en bois vieillie, la tête penchée en arrière sur une vieille chaise: l'un des seuls vestiges de l'ancien mobilier qui leur restaient.
— Ton entrevue s'est mal déroulée ? l'interrogea le réparateur l'air inquiet.
David s'était redressé mais resta assis sur le sol, la tignasse poussiéreuse, posée sur la cuvette en céramique qui datait surement du siècle dernier vu l'état dans lequel elle était restée. Adam le fixait l'œil hagard comme s'il ne voyait rien de ce qu'il se passait autour de lui, puis souffla, exaspéré.
L'ainé l'examina, attendant que son humeur revienne au beau fixe et se releva pour lui tendre un verre d'eau en ôtant ses gants de travail sales et humides. Il tourna enfin un des sièges qui se trouvait tout près pour faire face à l'abbé.
— Que se passe-t-il ? demanda l'expert en fronçant le sourcil.
Le curé restait silencieux. Il le scruta un instant, prêt à lui révéler la vérité mais il se ravisa en simulant un sourire conciliant.
— Rien de particulier, répondit enfin le prêtre. L'entretien avec le pasteur Hillman fut très instructif.
David s'arrêta. Le regard d'Adam était toujours le même. Il feint de ne pas comprendre cette brillance qu'il voyait parfois luire dans ses yeux et qui s'éteignait lorsqu'il le regardait. En tant qu'ainé, il savait que son cadet ne lui disait pas tout.
Pourquoi ? Il l'ignorait encore mais l'ex entrepreneur était persévérant. Aucune course de fond ne l'avait laissé perdant. Le curé détourna la tête, accablé par ce silence bruyant, tandis que David le considérait, attendant qu'il se décide à avouer.
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Pardonne-moi mes péchés
Mystère / ThrillerDavid Cain est officiellement mort, alors que son amour, Mia Pierson, git, inconsciente à l'hôpital de Londres. Dereck Cain, le benjamin de la famille, reprend les rênes des affaires et se retrouve confronté à un nouveau dilemme. En absence de D...