Pardonne-moi mes péchés

Chapitre VI

Ses cauchemars s'étaient atténués pour laisser placer aux rêves. Adam comprit alors que sa mémoire lui faisait de moins en moins défaut et que Mia refaisait surface. Toutefois ce serait encore un choc pour lui d'apprendre qu'il avait permis à quelqu'un de s'en prendre à elle ou pire qu'il en était responsable. 

Il se sentait assez mal comme ça, il ne voulait pas l'accabler . D'autant qu'il aurait sûrement l'occasion de tout lui expliquer.David vivait sans se soucier de rien, batifolant de fleur en fleur sans trop se préoccuper du lendemain.

 Sa relation avec Harrison semblait même avoir repris de plus bel. Il restait avec elle toute la nuit et il la retrouvait dans la cuisine au lever du jour. Ainsi, il avait dû radier tous les évènements malheureux qu'ils avaient traversé par sa faute. Tout le mal qu'elle lui avait fait en se carapatant un jour sans dire un mot, abandonnant une petite fille qui avait tellement besoin d'elle.

Adam essayait de ne pas se sentir mal à l'aise en sa présence. Il ne l'aimait pas depuis et il ne comprenait pas comment David avait pu lui pardonner si vite un acte aussi vil. Même en étant homme de Dieu, il ne pouvait omettre la colère qu'il ressentait de les voir à nouveau se rabibocher sans aucune contrepartie, ni regret. 

Il tentait de ne plus la voir uniquement comme une pécheresse impardonnable. Harrison, après tout, avait été son instructice, celle qui lui avait tout appris. Les cicatrices de son frère avaient presque toutes disparues grâce à ses décoctions. 

Il était indéniable que leur cousine était une guérisseuse remarquable et il était à parier que dès que ses plaies disparaitraient les souvenirs de David rejailliraient. Ça commençait déjà. Petit à petit, les flashes du passé lui revenaient. Les fils de sa mémoire rattacheraient leur wagon.

Pourtant en partant ce matin-là, la tristesse l'envahit. Il n'était pas rassuré de faire le voyage jusqu'à Londres sans lui en avoir touché un mot. Sa conscience n'était pas tranquille, même s'il savait que la vérité devait à tout prix lui être caché.

— Est-ce que tout va bien ? l'interrogea David en le voyant prendre son sac.

Adam aurait voulu lui parler ouvertement, mais il préféra atténuer sa réponse.

— Je suis juste un peu fatigué, souleva le prêtre. Ce périple sera long. Glasgow n'est pas la porte d'à côté.

— Tu devrais prendre ton temps. N'oublies-pas que nous ne sommes pas tout près et que tu ne seras pas véhiculé. La journée sera harassante et tu risques d'être épuisé en arrivant.

— Je sais. J'ai l'habitude des trajets interminables et celui-ci ne m'impressionnera pas plus que les autres. Ça ira, ne t'en fais pas !

David s'en souciait quand même. Toutefois, ce n'était pas sa préoccupation majeure. Harrison venait souvent mais elle ne vivait pas avec eux. Elle regagnerait sa maison dès que les choses seraient tassées avec son compagnon. Il se retrouverait seul dans cette maison, où il n'y aurait surement rien à faire. De plus, on était éloigné de la grande ville et de ses attractions quotidiennes, que ferait-il ici sur cette ile loin de tout ?

Après avoir pris l'hydravion pour y déposer Adam sur les côtes, il devrait repartir, seul. Même s'il tenait à Harrison, elle ne comblait pas le vide qu'il sentait dans son cœur depuis le début. Cette chose inexplicable qui rendait le gout des aliments âpres et les heures sans saveur. 

 C'était ainsi depuis longtemps. Depuis son réveil, en fait. Il ne pouvait cependant le confesser à son frère pour ne pas l'attrister. C'est lui qui avait décidé de revenir et il ne voulait pas que l'abbé sache comme cette nouvelle chance était essentielle mais tragiquement ennuyeuse.