Chapitre VII

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Dereck se réveilla serein, même s'il était conscient de la situation plus qu'ambiguë dans laquelle il vivait. Il s'apprêta rapidement et descendit l'escalier en enfilant sa veste. Mia était endormie. Il pouvait donc réfléchir plus calmement à sa journée. 

 Un halo de lumière blanche et froide, reflétant l'opacité du ciel, s'attarda dans le salon par la verrière du haut plafond. L'homme suffoqua. Une goutte de sueur dégoulina de son front normalement sec en hiver. 

Lorsqu'il arriva à l'entrée, son cœur se serra.  Par l'œil de bœuf, une créature  revêtue d'une longue cape noire  attendait sur le seuil de la porte et même s'il était seul, l'autre savait ce que sa présence signifiait : David reviendrait.

Le pédiatre se rasséréna pourtant et partit à la rencontre de l'abbé. Il était si anxieux que ses mains en devinrent moites. Il secoua ses épaules pour se détendre et mit un sourire complaisant sur ses lèvres avant d'ouvrir...


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Adam entra et embrassa l'ainé qu'il n'avait plus vu depuis l'enterrement et leurs rendez-vous secrets au milieu de la forêt.

— Je ne m'attendais pas à te voir si tôt, remarqua l'homme agile.

— Je ne voulais pas m'en aller, mais les circonstances font que je devais absolument être près de toi et de...

— Oui, je comprends, coupa le docteur en l'invitant à l'intérieur.

Les deux frères traversèrent le vestibule et s'installèrent au milieu du salon d'une blancheur neutre, ouvert sur la cuisine et la salle à manger. L'extérieur que l'on distinguait par la baie vitrée, laissait voir une piscine fermée dans une serre de verre et une immense étendue tapissée de neige.

 L'ensemble semblait neuf, remanié avec soin, après une longue rénovation. Cet endroit ne regorgeait d'aucun souvenir d'enfance. On était loin du Brangton House. Même si ç'avait été difficile de quitter ce lieu où ils avaient grandi. 

En s'asseyant, Adam fut pris d'un mal être. Il avait laissé David, avec Harrison et les poules pour seules compagnies. Il ne pouvait rester longtemps sans inquiéter ce dernier. Et, même s'il l'avait appelé pour voir Mia, Dereck était nerveux.

— Elle est là-haut, prévint l'ainé. Je pense qu'elle dort, mais on ne sait jamais, soyons vigilants.

— Oh, je vois ! Vous vivez encore ensemble ? Je pensais que ça ne durerait que quelques semaines.

Dereck ne le regarda pas. Le prêtre sentit le gouffre s'installé entre eux. Quelque chose dans l'état du docteur le turlupinait. Le propriétaire des lieux n'était pas tranquille.

— Oui, avança le pédiatre, il faut dire que Mia n'est pas seule. Comme tu le sais surement, le petit Denis, nous prend tout notre temps.

Adam s'arrêta. Ce « nous » sonna étrangement et Dereck était plus embarrassé qu'il n'aurait dû l'être.

— Par « nous », tu sous-entends bien Mia Pierson, la fille qui était avec vous ce fameux soir, et toi, n'est-ce pas ?

Dereck hocha la tête pour soutenir son intuition, alors qu'Adam lui jetait son regard accusateur.

— Es-tu conscient de la réaction de David en apprenant que vous cohabiter tous les deux sous le même toit ? demanda le cadet suspicieux.

L'hospitalier se raidit comme bloqué par ce nom.

Pardonne-moi mes péchésOù les histoires vivent. Découvrez maintenant