Chapitre 3

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« Ton ami n’est pas celui qui t’aide quand tu as

des ennuis, c’est celui qui t’évite d’en avoir. »

  Jean-Claude Belfiore

Extrait du Paradis du crime

Céline devait fermer le magasin aujourd’hui.

La journée avait été assez mouvementée ; on était en plein mois de juillet, la période des soldes ! Elle servit les deux-trois dernières clientes, vida les caisses et s’apprêtait à fermer lorsqu’une jeune femme accourut.

- Attendez ! Ne fermez pas ! Cria-t-elle.

Céline l’attendu donc, se disant qu’elle pouvait bien servir une dernière cliente. La jeune femme arriva dans la boutique, essoufflée.

- Ouf, merci, souffla-t-elle.

Elle était grande, avec une silhouette élancée. De petites lunettes reposaient sur son nez, lui donnant un air sérieux tout en cachant ses yeux bruns. Des petites boucles brunes tombaient sur son font, s’accommodant parfaitement avec son teint bronzé.

Vraiment jolie.

Céline attendit que la femme reprenne son souffle avant de lui demander :

- En quoi puis-je vous aider ?

- Et bien, j’aimerais une chemise pour mon époux.

Céline la guida alors vers les chemises et retourna à la caisse en attendant que la demoiselle fasse son choix. Elle revint assez vite avec une chemise de taille XL blanche, simple mais classe.

Comme les aime Denis.

La cliente était enceinte, le rêve de Céline. Elle ne put s’empêcher de poser quelques questions à propos du futur nouveau-né.

- C’est pour quand le petit ? Dit-elle en pointant du menton son ventre.

- Juste deux ou trois mois. Et mon mariage est prévu pour dans six mois, car il doit quitter sa femme pour moi.

- Oh, il est marié ?!

La femme avait un petit sourire sournois qui ne présageait rien de bon. Céline prit la chemise qu’elle venait de poser sur le comptoir et l’encoda.

- Non, seulement fiancé, depuis maintenant cinq ans.

Comme Denis et moi.

- Mais, il ne l’aime pas. C’est moi qu’il aime. Il me l’a dit. D’ailleurs, il m’a rencontré juste peu de temps après sa fiancée, et il ne m’a plus quitté. Il ne voulait pas la laisser tomber pour ne pas lui faire de la peine, mais maintenant que je suis enceinte, il va m’épouser. Je suis si heureuse, continua-t-elle.

Pas Denis.

Céline mit la chemise dans un sac et s’apprêtait à le donner à la femme, ainsi que la souche, pour conclure sa dernière vente et inciter la femme à partir.

- Et, il s’appelle Denis, acheva-t-elle enfin.

Non. Pas ça.

La jeune femme releva la tête et elle aperçut les yeux de sa cliente. Ils étaient enflammés. Elle voulait lui faire mal, et elle savait parfaitement où viser.

Elle avait gagné.

Les larmes commençaient à couler sur ses joues, ce qui fit sourire de plus belle la femme. Elle déposa un billet sur le comptoir, prit son sac et partit en riant. Céline la regardait partir, en emportant ses rêves.

Sans réfléchir, elle prit le révolver qui se trouvait dans son sac, et tira une fois dans le dos de la femme. Elle se retourna et son corps s’écroula par terre.

Encore.

Céline retira, mettant toute sa haine dans son tir. Le corps de la cliente, allongé sur le parquet, ne bougeait plus. Céline le regarda, choquée de son acte.

Ne reste pas là, cache le corps !

Céline lâcha son revolver et chercha un endroit pour transporter le corps. Pour l’instant, il y avait encore pas mal de monde dans les rues, alors elle irait le cacher plus tard.

Ne laisse aucune preuve !

L’arme ! Elle appartenait à Denis, elle faisait partie de sa collection. Si on retrouvait les deux douilles, on retomberait sur ce revolver et elle serait arrêter ; car Denis n’hésiterait surement pas à dire que c’était elle qui avait son arme. Céline s’exécuta alors. La première douille était aux pieds de la femme. Mais où la mettre ?

Dans ta poche, tu les cacheras après, cherche l’autre maintenant !

Elle trouva la seconde douille, un peu plus loin. Heureusement qu’elles avaient traversé le corps de la femme. Elle la mit aussi dans la poche de sa veste. Elle avait besoin d’aide maintenant. Il fallait appeler Denis pour qu’il vienne.

Mais non, Denis la dénoncerait, car elle venait de tuer la femme qu’il aimait. Elle n’avait jamais eu personne à part lui, et à présent, elle ne l’avait même plus.

Elle n’avait plus personne.

Elle ne savait pas comment faire pour s’en sortir. Il fallait qu’elle puise dans ses dernières forces pour porter le corps et le mettre dans un sac poubelle. Que faire de la chemise qu’elle avait achetée ?

Remets-la dans les rayons, personne ne le remarquera.

Céline s’exécuta, se fiant à cette petite voix qui la dirigeait.

Elle regarda par les vitrines du magasin, personne n’avait vu la scène, mais il restait encore deux ou trois personnes en rue, il fallait encore un peu attendre.

Essuie le sol ! Il est tâché de sang !

Céline alla chercher une brosse ainsi que de l’eau, et frotta ! La tâche s’atténua petit à petit jusqu’à disparaitre parfaitement. La pauvre femme était épuisée ! Elle s’aperçut que la rue était déserte à présent. Elle alla chercher sa voiture parquée un peu plus loin et la gara devant la boutique. Elle s’assura une dernière fois qu’il n’y ait personne aux alentours avant de rentrer chercher le corps. Mais un détail la frappa ! Les caméras de surveillance ! Elle regarda vers le plafond puis se souvient que la patronne n’avait pas encore eu le temps de les placer ! Ouf !

Elle tira le corps jusqu’à sa voiture, mais, comment le mettre dans le coffre ? Elle n’aurait jamais assez de force.

Céline avait les larmes aux yeux, elle n’en pouvait plus. Elle était désemparée et seule. Elle aurait aimé avoir une amie assez proche pour pouvoir lui demander de l’aide. Mais elle n’en avait pas.

Elle puisa dans toute ses forces et, tant bien que de mal, arriva à mettre le corps sans vie de la femme dans son coffre. Elle vérifia bien que tout était propre, qu’elle avait les douilles dans sa poche, son revolver.

Parfait, il ne manquait rien.

Elle allait fermer la boutique lorsqu’elle vu le sac à main de la femme par terre, elle l’avait oublié ! Elle le prit et le mit aussi dans le coffre, puis elle ferma le magasin, s’installa dans sa voiture, et démarra. 

Le secretOù les histoires vivent. Découvrez maintenant