mortifiée | tokyo revengers

ꜰɪxᴇ ʟᴇs ᴀᴠᴇᴄ ᴍᴏɪ

"La liberté n'existe pas.

— Hein ?

— Jamais personne ne sera jamais libre.

— Jamais ?

— Jamais.

— Pourquoi tu dis ça ?

— Parce que je le pense."

Shinichiro laisse échapper un rire sarcastique.

"Et tu oses dire ça, après notre virée à moto ?

Himeno soupire en le regardant avec compassion.

— Cette sensation d'avoir pleinement le contrôle de son corps n'a duré qu'un instant. Et vouloir garder ce sentiment avec moi serait aussi inutile que d'essayer mettre en bouteille un air marin. Si pour rester libre, il faut que tu passes ta vie sur ta moto, alors ce n'est pas une vie, c'est une fuite.

— Fuir est parfois la seule solution.

— On fuit forcément quelque chose dont on a peur. Et je n'ai pas envie que ça nous rattrape.

— Alors, tu préfères rester prisonnière, ici ? Tu restes captive de quelque chose que tu hais.

— Au moins, je suis sûre que je verrai demain."

Le brun se tait et réfléchit, la main sur son menton.

"Si cette bouteille remplie d'air marin est si inutile, alors pourquoi on la garde toujours avec nous ?

Elle attend un instant, sur le point de boire une gorgée.

— Parce que l'air a beau ne plus sentir la mer, on ne retrouvera jamais le même, avoue-t-elle, Alors on la conserve comme un souvenir, dans l'espoir de regoûter à cet esprit iodé."

Elle fait ensuite tinter sa cuillère contre le bord de sa tasse, ne fixant que son contenu.

Lui, il observe la tendresse accablée de ses gestes, langoureux comme s'ils allaient ralentir pour s'arrêter un jour.

"Et si je te faisais voir les étoiles ?"

Elle relève doucement les yeux de surprise.

"C'est bien ambitieux comme projet.

— C'est plus simple que tu ne le penses.

— Ah oui ?

— Oui, oui. On grimpe sur ma moto, puis on file à deux. Il suffit de sortir de Tokyo, de partir loin, là où la pollution et les nuages sont chassés par les vents."

Elle laisse ses prunelles détailler les yeux de Shinichiro, d'un air pensif. Il reprend avec aplomb :

"On y sera libre, on courra près de la mer comme des fous, on se baignera, on dormira sur la plage, puis on repartira quelque part.

— Mais pour combien de temps ?

— Le temps qu'on voudra.

— Et si ça s'arrête, sans qu'on le veuille ?

— On réessayera.

— L'échec ne te fait pas peur ?

— Des fois, il faut sauter sans regarder en bas."

Elle lève la tête et ferme les yeux.

"Alors, on irait voir la mer et les étoiles ?

— C'est ça.

— Et qu'est-ce que tu ferais de ta famille ? De ton atelier ?

— Ils comprendront, ils seront toujours là.

— Ils doivent beaucoup t'aimer, alors."

Elle pose la main sur son poitrine pour sentir battre son coeur. L'excitant sourire sur son visage laisse place à une expression attristée.

"Non, on doit rester.

— Pourquoi ?

— Parce que la liberté n'existe pas."

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