ᴄᴇ ǫᴜɪ ᴇsᴛ ɪᴍᴘᴏʀᴛᴀɴᴛ

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"Il fait tout drôle, aujourd'hui. Les nuages s'embrassent, on ne voit même plus le Soleil."

— C'est une journée où on aime.

— Et quand on aime, on ne compte pas.

Himeno se penche à côté de la table pour appeler une serveuse.

Elle commande une longue liste de mets qui arrive dans les minutes qui suivent. Himeno les examine avec envie, en faisant mouvoir ses doigts un peu partout sur la table.

— Ça fait beaucoup de plats, je trouve.

— Parce qu'aujourd'hui est un jour spécial.

— Ah oui ? Qu'est-ce qui est spécial aujourd'hui ?

— On a dit que c'est une journée où on aime.

— Tu te rends compte qu'on en a pas fait autant pour mon anniversaire.

— Dis toi qu'on célèbre un peu chaque jour de plus que tu passes en vie, depuis que tu es venu au monde.

Le brun applaudit silencieusement la pirouette et pose son regard sur toutes les assiettes fumantes.

— Dis moi, Shinichiro...

Il lève les yeux vers elle, sans changer de position. Elle ouvre la bouche, une fois qu'il est totalement attentif :

— Qu'est-ce qui est important, pour toi ?

— Pour moi ?

— Oui, c'est évident.

— Bah euh..., souffle-t-il en posant son visage dans le creux de sa main, mes p'tits frères et soeurs, mes grands-parents, ma bécane, mon gang... Et puis, j'crois qu'avec eux, des fruits et de l'eau fraîche, je pourrais vivre heureux.

— Les humains ont besoin de protéines pour vivre.

— Je pourrais manger l'un des petits de ma fratrie, au besoin.

— Ne rêve pas ; ce seront eux qui te mangeront.

Elle reprend en déclarant :

— Pour moi, merci d'avoir demandé, ce qui est important c'est les petits détails de la vie.

— Les petits détails...

— J'adore quand ma mère me coupe des fruits.

Il ne dit rien, avec une expression consternée.

— Mais elle ne le fait plus parce que je suis trop grande.

— Trop grande pour quoi ? Pour manger des fruits ?

— Visiblement. Je ne pourrais pas vivre de fruits et d'eau fraîche, comme toi.

— Si ça peut te rassurer, je ne survivrais pas non plus.

La jeune fille rit en laissant tomber sa tête en arrière.

Elle rapporte le calme en arrêtant de toucher aux plats.

Puis elle déclare :

— Tu es tellement important que je pourrais me prendre une balle pour toi.

Il lève alors ses doigts et forme avec son index et majeur droit, un pistolet imaginaire. Il pointe alors la tête de la brune et mime d'appuyer sur la détente.

Elle sourit doucement.

Lui, ne sourit pas. Il baisse lentement ses doigts et place religieusement les mains sur ses genoux.

— Non, sérieusement. C'est un coup à ce que je tombe amoureux.

Remettant méticuleusement son verre à sa place initiale, elle place ses cheveux derrière son oreille.

— Je croyais que tu étais déjà tombé pour moi.

En remarquant le regard posé sur lui, il déglutit difficilement.

— La réaction est incroyable, souffle-t-elle.

— Laquelle ?

— Celle entre toi et moi.

La poitrine du jeune homme se soulève brusquement.

L'air ne parvient plus à sortir de ses poumons, l'espace d'un instant.

Elle commence lentement à articuler :

— Il faut avancer...

— ... droit devant.

— Est-ce que tu me suivras peu importe où je pars ? lui demande-t-elle.

— Je te suivrais où que tu ailles, pourvu que ton coeur et ton âme te suivent.

Les yeux de la brune brillent d'émotion.

Elle prend soudain son sac et sort de table avec précipitation.

Il sursaute puis part aussitôt. Il balance quelques pièces en courant vers la sortie.

Elle file face au vent presque en dansant.

Il la suit en essayant de rattraper son esprit libre.

Elle se retourne alors en souriant, tout en continuant de courir sur le chemin.

Il manque de se prendre les pieds dans un relief de sol qu'il ne regarde pas.

Elle rit à gorge déployée en se nourrissant du soleil couchant.

Il tente de récupérer ses éclats de rire, trop précieux pour les laisser tomber par terre.

Elle s'arrête soudain et se tourne face à lui.

Il retient son souffle.

Elle lui tend les mains.

— Attrape-les.

Et il s'exécute pour ne plus la laisser partir.

Shinichiro ouvre la bouche pour laisser les mots sortir naturellement :

— Je crois que je suis amoureux.

— De qui ?

— De ce que tu es et de ce que tu seras.

Elle rougit un peu plus.

Les mains du jeune homme glissent le long des bras nus de la princesse inquiète.

Elle déplie les doigts dans sa direction et les dirige vers son visage pour lui caresser les joues.

Qu'il est doux de s'entendre sans parler.

Qu'il est plaisant d'aimer sans compter.

L'essence de leurs coeurs respectifs s'effleure par l'intermédiaire de leurs lèvres.

Les enveloppent s'embrassent, juste après les âmes.

Et les étincelles intimes communiquent en filant entre leurs regards.

Il était temps, sourit-elle.

mortifiée | tokyo revengersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant