ᴜɴᴇ ᴇᴍʙʀᴏᴜɪʟʟᴇ ɴᴏʀᴍᴀʟᴇ

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"Tu fais une sacrée tête."

Le brun se laisse tomber sur sa chaise, et pose son coude sur la table. De son côté, le jeune fille glougloute sa boisson fumante, ses cahiers de cours éparpillés un peu partout.

"Allez, je te commande un café.

— Un coca, plutôt.

— C'est pas bon pour toi, trop de sucre.

— Et le café ça rend les dents jaunes."

Elle recrache des petits postillons de la boisson brune, de surprise. Froissée dans son égo, elle appelle la serveuse à laquelle elle fait un sourire.

"Deux cocas, s'il-vous-plaît.

— T'es plus influençable que je le pensais.

— Rien à voir. Tu savais que le café rendait les dents jaunes ?

— Mais-

— Je suis sûre que tu ne le savais pas."

Il rit face à la taquinerie tandis qu'on lui sert sa boisson glacée.

— Eh bien, ça fait plaisir de voir enfin un sourire apparaitre sur un visage aussi revêche.

Surpris, il passe une main dans ses cheveux, sous le regard furtif de la brune.

"Je me suis engueulé avec mon p'tit frère, y a quelques jours.

— Oh, une embrouille entre frères, il y a rien de plus normal.

— J'espère que t'as au moins un frère ou une soeur pour dire ça.

— Euh, non. Mais, je suppose que c'est quelque chose de normal. Une dispute ça n'a jamais tué personne.

— J'en suis pas si sûr.

— Si ton petit frère avait le corps à Vandam, j'aurais rien dit. Mais, vu que la musculature est génétique, je doute qu'il soit plus épais que toi", rit-elle d'un air narquois.

Vexé, il pose sa main sur sa poitrine d'indignation.

— "Tu doutes de ma puissance ?", questionne-t-il avec un regard sombre.

Il place alors un morceau de sucre devant lui, auquel il assène une pichenette de toutes ses forces. La cube glisse lentement jusqu'à elle, pour finalement atterrir contre son coude, comme une caresse.

 — C'était très doux ! Tu peux recommencer ?

Le jeune homme rougit presque instamment de honte. Elle s'amuse de son air défait, puis reprend sa lecture. Il laisse le silence couler un moment.

— Enfin bref, ce que j'voulais te dire c'est que... Hum, comment dire...

Les joues pourpres et le regard fuyant, il cherche ses mots dans un balbutiement ridicule.

"J'ai été, euh-

— Aussi infect que mon père avant son café du matin. 

— Euh, oui, on va dire. La comparaison me plaît pas trop mais, en tout cas, j'voulais juste m'excuser."

Sa voix se ratatine à la fin de sa phrase, faisant rire la brune. Elle pose la main sur sa tempe, en faisant tourner sa cuillère.

"Y a pas de quoi en faire tout un plat, tu sais. Ce jour-là, si ton visage n'avait pas été aussi crispé par la colère, je ne serais sûrement pas venue à ta table.

— Tu m'as toujours pas dit la raison.

— De quoi ?

— Ton inscrutage aux tables d'inconnus.

Oh... Ça viendra bien un jour.

— Ah oui, d'ailleurs, moi c'est Shinichiro.

— Très bien, brindille."

Le jeune homme reste de marbre avec un sourire irrité.

— En général, quand on dit son prénom à quelqu'un, on attend le sien en retour.

— Tu es un grand boudeur, rit-elle, Vas-y, essaie de deviner.

Il fronce les sourcils, comme dans une intense réflexion.

"Shizuka ?

— Pour quelle raison tu penses que je ressemble un personnage de Doraemon ?

— Les gros yeux. Mis à part ça, rien à voir.

— Eh, mais-"

Un sourire fier lui monte soudain au visage. Il se lève ensuite et attrape son sac, le laissant se balancer au rythme de ses mouvements.

— Bon, à plus, Himeno.

Hébétée, un sourire incrédule se dessine sur ses lèvres en le voyant partir.

"Eh, a-attends ! Comment t'as su ?

— Les révisions ça a jamais été mon truc, donc bonne chance.

En laissant son regard tomber sur sa pile de cahiers, elle remarque son nom écrit partout sur les couvertures. Fumante d'énervement de s'être faite avoir, elle rit tout de même d'avoir été aussi naïve.

— Moins idiot que ce que je pensais", marmonne-t-elle en survolant ses leçons.


mortifiée | tokyo revengersOù les histoires vivent. Découvrez maintenant